HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Timoléon

Chapitre 15

  Chapitre 15

[15] Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ λόγοι τινὲς αὐτοῦ μνημονεύονται, δι' ὧν ἐδόκει (2) συμφέρεσθαι τοῖς παροῦσιν οὐκ ἀγεννῶς. τοῦτο μὲν γὰρ εἰς Λευκάδα καταχθείς, πόλιν ἀπῳκισμένην ὑπὸ Κορινθίων ὥσπερ τὴν Συρακοσίων, (3) ταὐτὸν ἔφη πεπονθέναι τοῖς ἐν ἁμαρτήμασι γενομένοις τῶν νεανίσκων· ὡς γὰρ ἐκεῖνοι τοῖς μὲν ἀδελφοῖς ἱλαρῶς συνδιατρίβουσι, τοὺς δὲ πατέρας αἰσχυνόμενοι φεύγουσιν, οὕτως αὐτὸς αἰδούμενος τὴν μητρόπολιν ἡδέως (4) ἂν αὐτόθι μετ' ἐκείνων κατοικεῖν. τοῦτο δ' ἐν Κορίνθῳ ξένου τινὸς ἀγροικότερον εἰς τὰς μετὰ τῶν φιλοσόφων διατριβὰς αἷς τυραννῶν ἔχαιρε χλευάζοντος αὐτόν, καὶ τέλος ἐρωτῶντος τί δὴ τῆς Πλάτωνος ἀπολαύσειε σοφίας, "οὐδὲν" ἔφη "σοὶ δοκοῦμεν ὑπὸ Πλάτωνος ὠφελῆσθαι, τύχης μεταβολὴν (5) οὕτω φέροντες;" πρὸς δὲ τὸν μουσικὸν Ἀριστόξενον καί τινας ἄλλους πυνθανομένους, ὁπόθεν αὐτῷ καὶ τίς πρὸς Πλάτωνα γένοιτο μέμψις, πολλῶν ἔφη κακῶν τὴν τυραννίδα μεστὴν οὖσαν οὐδὲν ἔχειν τηλικοῦτον ἡλίκον τὸ μηδένα τῶν λεγομένων φίλων μετὰ παρρησίας διαλέγεσθαι· (6) καὶ γὰρ αὐτὸς ὑπ' ἐκείνων ἀποστερηθῆναι τῆς Πλάτωνος εὐνοίας. ἐπεὶ δὲ τῶν βουλομένων τις εὐφυῶν εἶναι σκώπτων τὸν Διονύσιον ἐξέσειε τὸ ἱμάτιον εἰσιὼν πρὸς αὐτὸν ὡς δὴ πρὸς τύραννον, ἀντισκώπτων ἐκεῖνος ἐκέλευε τοῦτο ποιεῖν ὅταν ἐξίῃ παρ' αὐτοῦ, μή τι τῶν ἔνδον ἔχων ἀπέλθῃ. (7) Φιλίππου δὲ τοῦ Μακεδόνος παρὰ πότον τινὰ λόγον μετ' εἰρωνείας ἐμβαλόντος περὶ τῶν μελῶν καὶ τῶν τραγῳδιῶν ἃς πρεσβύτερος Διονύσιος κατέλιπε, καὶ προσποιουμένου διαπορεῖν ἐν τίνι χρόνῳ ταῦτα ποιεῖν ἐκεῖνος ἐσχόλαζεν, οὐ φαύλως ἀπήντησεν Διονύσιος εἰπών· "ἐν σὺ κἀγὼ καὶ πάντες οἱ μακάριοι δοκοῦντες εἶναι περὶ κώθωνα διατρίβομεν." (8) Πλάτων μὲν οὖν οὐκ ἐπεῖδεν ἐν Κορίνθῳ Διονύσιον, ἀλλ' ἔτυχεν ἤδη τεθνηκώς, δὲ Σινωπεὺς Διογένης ἀναντήσας αὐτῷ πρῶτον, "ὡς ἀναξίως" (9) ἔφη "Διονύσιε ζῇς." ἐπιστάντος δ' ἐκείνου καὶ εἰπόντος· "εὖ ποιεῖς Διόγενες συναχθόμενος ἡμῖν ἠτυχηκόσι," "τί γάρ;" εἶπεν Διογένης "οἴει μέ σοι συναλγεῖν, οὐ διαγανακτεῖν, ὅτι τοιοῦτον ἀνδράποδον ὤν, καὶ τοῖς τυραννείοις ὥσπερ πατὴρ ἐπιτήδειος ἐγγηράσας ἀποθανεῖν, ἐνταῦθα (10) παίζων καὶ τρυφῶν διάγεις μεθ' ἡμῶν;" ὥστε μοι παραβάλλοντι τούτοις τὰς Φιλίστου φωνάς, ἃς ἀφίησι περὶ τῶν Λεπτίνου θυγατέρων ὀλοφυρόμενος, ὡς ἐκ μεγάλων ἀγαθῶν τῶν τῆς τυραννίδος εἰς ταπεινὴν ἀφιγμένων δίαιταν, φαίνεσθαι θρήνους γυναικὸς ἀλαβάστους (11) καὶ πορφύρας καὶ χρυσία ποθούσης. ταῦτα μὲν οὖν οὐκ ἀλλότρια τῆς τῶν βίων ἀναγραφῆς οὐδ' ἄχρηστα δόξειν οἰόμεθα μὴ σπεύδουσι μηδ' ἀσχολουμένοις ἀκροαταῖς. [15] XVI. On cite en effet de lui quelques mots qui prouvent qu'il soutenait avec courage sa fortune présente. Lorsqu'il eut abordé à Leucade, ville fondée, comme celle de Syracuse, par les Corinthiens, il dit qu'il ressemblait à ces jeunes gens qui, coupables de quelque faute, se rapprochent volontiers de leurs frères, et s'éloignent par honte de la vue de leurs pères. « Moi aussi, ajouta-t-il, je fuirais volontiers ma mère, et j'aimerais à vivre avec mes frères. » Un jour, à Corinthe, un étranger le raillait grossièrement sur le goût qu'il avait eu, pendant sa tyrannie, pour les entretiens des philosophes, et finit par lui demander quel fruit il avait retiré de la sagesse de Platon : « Eh! quoi, lui répondit Denys, doutez-vous que Platon ne m'ait été utile, quand vous voyez comment je supporte ma mauvaise fortune? » Le musicien Aristoxène, et quelques autres, lui demandèrent en quoi il avait eu à se plaindre de Platon. « De tous les maux dont la tyrannie est pleine, leur répondit-il, il n'en est pas de plus grand que la lâcheté de ceux qui se disent les amis du tyran, et dont un seul n'ose lui parler avec franchise; ce sont eux qui m'ont fait perdre l'amitié de Platon. » Un homme, qui se piquait d'être plaisant, étant un jour entré chez Denys, et voulant se moquer de lui, secoua son manteau, comme on fait quand on entre chez un tyran. Denys, pour lui rendre sa plaisanterie, lui dit de le secouer quand il sortirait, afin de faire voir qu'il n'emportait rien. Philippe de Macédoine, étant à table avec lui, fit malignement tomber la conversation sur les odes et les tragédies que Denys l'Ancien avait laissées: il feignait d'être surpris qu'il eût pu trouver le temps de les composer. "Il y employait, lui répondit Denys avec finesse, le temps que vous et moi, et tant d'autres personnes de notre rang, nous passons à boire." Platon ne le vit pas à Corinthe; il était mort quand Denys y arriva. Mais Diogène de Sinope, la première fois qu'il le rencontra dans la ville : "O Denys, lui dit-il, quelle vie indigne de toi tu mènes ici !" Denys s'étant arrêté ; « Diogène, lui répondit-il, que tu es bon de prendre part à mes malheurs ! — Eh quoi, reprit Diogène, tu prends cela pour de la compassion? tu ne vois pas, au contraire, que je suis indigné de ce que n'étant qu'un vil esclave, si digne de vieillir et de mourir comme ton père dans la tyrannie, tu vis tranquillement au milieu de nous, et tu partages nos amusements !" Quand je compare ces paroles de Diogène avec les plaintes que l'historien Philiste fait sur le sort des filles de Leptines, qui, de la splendeur de la tyrannie, étaient tombées dans un état bas et obscur, je crois entendre les lamentations d'une femmelette qui regrette ses essences, ses robes de pourpre et ses bijoux. Au reste, il m'a paru que ces mots de Denys ne seraient pas déplacés dans ces vies, et ne déplairaient pas à des lecteurs qui ne seraient ni pressés, ni occupés de plus grands soins.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007