HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Timoléon

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Τοῦ δὲ Διονυσίου καταπλεύσαντος εἰς Κόρινθον, οὐδεὶς ἦν Ἑλλήνων ὃς οὐχὶ θεάσασθαι καὶ προσειπεῖν ἐπόθησεν αὐτόν, ἀλλ' οἵ τε χαίροντες ἐπὶ ταῖς συμφοραῖς διὰ μῖσος ἄσμενοι συνῆλθον, οἷον ἐρριμμένον ὑπὸ τῆς τύχης πατήσοντες, οἵ τε πρὸς τὴν μεταβολὴν τρεπόμενοι καὶ συμπαθοῦντες ἐθεῶντο πολλὴν ἐν ἀσθενέσι τοῖς ἀνθρωπίνοις καὶ προδήλοις (3) τὴν τῶν ἀδήλων αἰτιῶν καὶ θείων δύναμιν. οὐδὲν γὰρ οὔτε φύσεως τότε καιρὸς οὔτε τέχνης ὅσον ἐκεῖνο τύχης ἔργον ἐπεδείξατο, τὸν Σικελίας ὀλίγον ἔμπροσθεν τύραννον ἐν Κορίνθῳ διατρίβοντα περὶ τὸ ὀψοπώλιον, καθήμενον ἐν μυροπωλίῳ, πίνοντα κεκραμένον ἀπὸ τῶν καπηλείων, καὶ διαπληκτιζόμενον ἐν μέσῳ τοῖς ἀφ' ὥρας ἐργαζομένοις γυναίοις, τὰς δὲ μουσουργοὺς ἐν Δαῖς διδάσκοντα, < Λο>κρικῶν ᾀσμάτων (4) Σπουδάζοντα πρὸς ἐκείνας περὶ μέλους <καὶ> ἁρμονίας. ταῦτα δ' οἱ μὲν ἄλλως ἀλύοντα καὶ φύσει ῥᾴθυμον ὄντα καὶ φιλακόλαστον ᾤοντο ποιεῖν τὸν Διονύσιον, οἱ δ' ὑπὲρ τοῦ καταφρονεῖσθαι καὶ μὴ φοβερὸν εἶναι τοῖς Κορινθίοις μηδ' ὕποπτον, ὡς βαρυνόμενον τὴν μεταβολὴν τοῦ βίου καὶ πραγμάτων ἐφιέμενον, ἐπιτηδεύειν καὶ ὑποκρίνεσθαι παρὰ φύσιν, πολλὴν ἀβελτερίαν ἐπιδεικνύμενον ἐν τῷ σχολάζειν. [14] Lorsque Denys fut arrivé à Corinthe, il n'y eut pas dans toute la Grèce un seul homme qui ne désirât de le voir et de lui parler. Ceux qui le haïssaient, charmés de sa disgrâce, y allaient avec joie, comme pour insulter à un homme que la fortune avait abattu; les autres, changés par un tel revers et sensibles à ses malheurs, contemplaient avec étonnement dans sa personne un exemple frappant de ce pouvoir terrible et caché que les puissances divines exercent sur les faibles mortels. On ne vit dans ce siècle aucun effet de la nature ou de l'art aussi extraordinaire que ce jeu de la fortune envers un homme qui, peu de jours auparavant, maître de toute la Sicile, passait maintenant des journées entières ou à s'entretenir avec une vivandière, ou assis dans la boutique d'un parfumeur, ou à boire du mauvais vin dans un cabaret, à se quereller sur les places avec des courtisanes, à donner des leçons de chant aux actrices, à disputer sérieusement avec elles sur les pièces de musique qu'on chantait dans les théâtres, et sur les lois de l'harmonie. Les uns prétendent qu'il menait ce genre de vie par une suite de son caractère; que, naturellement lâche et dissolu, il recherchait par goût les plus basses voluptés. D'autres ont cru qu'il le faisait à dessein, pour se faire mépriser des Corinthiens; il ne voulait pas qu'on le crût dangereux, qu'on le soupçonnât de supporter impatiemment ce revers de fortune, et de penser à recouvrer son premier état : dans cette vue, il affectait la plus grande bassesse dans ses amusements et dans ses goûts.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007