[11] Οἱ δ' ἐν τῷ Ῥηγίῳ Καρχηδόνιοι, τοῦ Τιμολέοντος
ἀνηγμένου καὶ τῆς ἐκκλησίας διαλυθείσης, χαλεπῶς φέροντες
ἐπὶ τῷ κατεστρατηγῆσθαι, διατριβὴν τοῖς Ῥηγίνοις παρεῖχον, εἰ
Φοίνικες ὄντες οὐκ ἀρέσκοιντο (2) τοῖς δι' ἀπάτης
πραττομένοις. πέμπουσι δ' οὖν εἰς τὸ Ταυρομένιον πρεσβευτὴν
ἐπὶ τριήρους, ὃς πολλὰ διαλεχθεὶς πρὸς τὸν Ἀνδρόμαχον,
ἐπαχθῶς καὶ βαρβαρικῶς ἀνατεινάμενος, εἰ μὴ τὴν ταχίστην
ἐκβάλοι τοὺς Κορινθίους, τέλος ὑπτίαν τὴν χεῖρα δείξας, εἶτ'
αὖθις καταστρέψας, (3) ἠπείλησε τοιαύτην οὖσαν αὐτῷ τὴν
πόλιν τοιαύτην ποιήσειν. γελάσας δ' ὁ Ἀνδρόμαχος ἄλλο μὲν
οὐδὲν ἀπεκρίνατο, τὴν δὲ χεῖρα νῦν μὲν ὑπτίαν ὡς ἐκεῖνος, νῦν
δὲ πρηνῆ προτείνας, ἐκέλευσεν ἀποπλεῖν αὐτόν, εἰ μὴ βούλοιτο
τὴν ναῦν ἀντὶ τοιαύτης γενέσθαι τοιαύτην.
(4) Ὁ δ' Ἱκέτης πυθόμενος τὴν τοῦ Τιμολέοντος διάβασιν
καὶ φοβηθείς, (5) μετεπέμψατο πολλὰς τῶν Καρχηδονίων
τριήρεις. ὅτε καὶ παντάπασι συνέβη τοὺς Συρακοσίους
ἀπογνῶναι τὴν σωτηρίαν, ὁρῶντας τοῦ μὲν λιμένος αὐτῶν
Καρχηδονίους κρατοῦντας, τὴν δὲ πόλιν Ἱκέτην ἔχοντα, τῆς δ'
ἄκρας κυριεύοντα Διονύσιον, Τιμολέοντα δ' ὥσπερ ἐκ
κρασπέδου τινὸς λεπτοῦ τῆς Ταυρομενιτῶν πολίχνης τῇ
Σικελίᾳ προσηρτημένον ἐπ' ἐλπίδος ἀσθενοῦς καὶ βραχείας
δυνάμεως· χιλίων γὰρ αὐτῷ στρατιωτῶν (6) καὶ τροφῆς τούτοις
ἀναγκαίας πλέον οὐδὲν ὑπῆρχεν· οὐδ' ἐπίστευον αἱ πόλεις,
διάπλεαι κακῶν οὖσαι καὶ πρὸς ἅπαντας ἀπηγριωμέναι τοὺς
ἡγουμένους στρατοπέδων, μάλιστα διὰ τὴν Καλλίππου καὶ
Φάρακος ἀπιστίαν, ὧν ὁ μὲν Ἀθηναῖος ὤν, ὁ δὲ Λακεδαιμόνιος,
ἀμφότεροι δὲ φάσκοντες ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας ἥκειν καὶ <τοῦ>
καταλύειν τοὺς μονάρχους, χρυσὸν <ἀπέ>δειξαν τῇ Σικελίᾳ τὰς
ἐν τῇ τυραννίδι συμφοράς, καὶ μακαριωτέρους δοκεῖν ἐποίησαν
τοὺς καταστρέψαντας ἐν τῇ δουλείᾳ τῶν ἐπιδόντων τὴν
αὐτονομίαν.
| [11] XII. Quand l'assemblée fut finie à Rhège, et que les Carthaginois apprirent le
départ de Timoléon, ils furent outrés de colère de se voir ainsi dupés ; et leur dépit
donna lieu aux Rhégiens de les plaisanter, et de leur dire qu'étant Phéniciens, ils ne
devaient pas tant désapprouver les tromperies. Les Carthaginois envoient
aussitôt à Tauroménium, sur une de leurs galères, un ambassadeur, qui fit un très
long discours à Andromachus; et après l'avoir menacé avec l'audace et l'insolence
d'un Barbare, il finit par lui montrer le dedans de sa main tout ouverte; ensuite la
renversant, il lui dit que, s'il ne chassait au plus tôt les Corinthiens, il renverserait sa
ville aussi facilement qu'il venait de retourner sa main. Andromachus ne fit que rire
de ces menaces; et répétant le même geste que l'ambassadeur avait fait : "Retire-toi,
lui dit-il, si tu ne veux pas voir ta galère renversée comme j'ai moi-même renversé ma
main". Cependant Icétas ayant appris le passage de Timoléon, en fut très effrayé, et fit
venir à Syracuse plusieurs galères des Carthaginois. Les Syracusains désespérèrent
alors de leur salut; ils voyaient le port occupé par les Carthaginois, Icétas maître
de la ville, Denys de la citadelle, et Timoléon, qui, ne tenant encore à la Sicile que par
la petite ville de Tauroménium, comme par une faible lisière, n'avait que de
médiocres espérances, et encore moins de forces; car son armée ne se montait pas à
plus de mille hommes, et n'avait que les provisions les plus nécessaires. D'un autre
côté, les villes ne se fiaient pas à lui; elles étaient aigries contre tous les généraux par
les maux affreux qu'elles avaient soufferts, surtout de la part de Callippe et de
Pharax, l'un Athénien et l'autre Spartiate, qui tous deux, après avoir déclaré qu'ils
venaient délivrer la Sicile et en exterminer les tyrans, avaient rendu les Siciliens si
misérables, qu'ils regardaient comme l'âge d'or le temps de la tyrannie : et que ceux
de leurs concitoyens qui étaient morts dans la servitude leur paraissaient plus
heureux que ceux qui avaient vécu sous la liberté.
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