| [9] Φθάσαντος δὲ τοῦ Σύλλα διαφυγεῖν εἰς τὸ στρατόπεδον, 
καὶ τῶν στρατιωτῶν, ὡς ἐπύθοντο ταῦτα, καταλευσάντων τοὺς 
χιλιάρχους, οἱ περὶ τὸν Μάριον αὖθις ἐν τῇ πόλει τοὺς Σύλλα 
φίλους ἀνῄρουν καὶ χρήματα διήρπαζον αὐτῶν. ἦσαν δὲ 
μεταστάσεις καὶ φυγαί, τῶν μὲν εἰς πόλιν ἀπὸ στρατοπέδου, 
τῶν δ’ ἐκεῖσε διαφοιτώντων ἐκ τῆς πόλεως. ἡ δὲ σύγκλητος ἦν 
μὲν οὐχ αὑτῆς, ἀλλὰ τοῖς Μαρίου καὶ Σουλπικίου διῳκεῖτο 
προστάγμασι, πυθομένη δὲ τὸν Σύλλαν ἐπὶ τὴν πόλιν ἐλαύνειν 
ἔπεμψε δύο τῶν στρατηγῶν, Βροῦτον καὶ Σερουΐλιον, 
ἀπαγορεύσοντας αὐτῷ βαδίζειν. τούτους θρασύτερον Σύλλᾳ 
διαλεχθέντας ὥρμησαν μὲν ἀνελεῖν οἱ στρατιῶται, τὰς δὲ 
ῥάβδους κατέκλασαν καὶ τὰς περιπορφύρους ἀφείλοντο καὶ 
πολλὰ περιυβρισμένους ἀπέπεμψαν, αὐτόθεν τε δεινὴν 
κατήφειαν, ὁρωμένους τῶν στρατηγικῶν παρασήμων ἐρήμους, 
καὶ τὴν στάσιν οὐκέτι καθεκτήν, ἀλλ’ ἀνήκεστον 
ἀπαγγέλλοντας. Οἱ μὲν οὖν περὶ τὸν Μάριον ἐν παρασκευαῖς 
ἦσαν· ὁ δὲ Σύλλας ἄγων ἓξ τάγματα τέλεια μετὰ τοῦ 
συνάρχοντος ἀπὸ Νώλης ἐκίνει, τὸν μὲν στρατὸν ὁρῶν 
πρόθυμον ὄντα χωρεῖν εὐθὺς ἐπὶ τὴν πόλιν, ἐνδοιάζων δὲ τῇ 
γνώμῃ παρ’ ἑαυτῷ καὶ δεδοικὼς τὸν κίνδυνον. ὁ δὲ μάντις 
Ποστούμιος θύσαντος αὐτοῦ καταμαθὼν τὰ σημεῖα, καὶ τὰς 
χεῖρας ἀμφοτέρας τῷ Σύλλᾳ προτείνας, ἠξίου δεθῆναι καὶ 
φυλάττεσθαι μέχρι τῆς μάχης, ὡς, εἰ μὴ πάντα ταχὺ καὶ καλῶς 
αὐτῷ συντελεσθείη, τὴν ἐσχάτην δίκην ὑποσχεῖν βουλόμενος. 
λέγεται δὲ καὶ κατὰ τοὺς ὕπνους αὐτῷ Σύλλᾳ φανῆναι θεὸν ἣν 
τιμῶσι ῾Ρωμαῖοι παρὰ Καππαδοκῶν μαθόντες, εἴτε δὴ Σελήνην 
οὖσαν εἴτε ᾿Αθηνᾶν εἴτε ᾿Ενυώ. ταύτην ὁ Σύλλας ἔδοξεν 
ἐπιστᾶσαν ἐγχειρίσαι κεραυνὸν αὑτῷ, καὶ τῶν ἐχθρῶν ἕκαστον 
ὀνομάζουσαν τῶν ἐκείνου βάλλειν κελεῦσαι, τοὺς δὲ πίπτειν 
βαλλομένους καὶ ἀφανίζεσθαι. θαρσήσας δὲ τῇ ὄψει καὶ 
φράσας τῷ συνάρχοντι μεθ’ ἡμέραν ἐπὶ τὴν ῾Ρώμην ἡγεῖτο. Καὶ 
περὶ Πικτὰς αὐτῷ πρεσβείας ἐντυχούσης καὶ δεομένης μὴ 
βαδίζειν εὐθὺς ἐξ ἐφόδου, πάντα γὰρ ἔσεσθαι τὰ δίκαια τῆς 
βουλῆς ψηφισαμένης, ὡμολόγησε μὲν αὐτοῦ 
καταστρατοπεδεύσειν καὶ διαμετρεῖν ἐκέλευε χώρας, ὥσπερ 
εἰώθει, τῷ στρατοπέδῳ τοὺς ἡγεμόνας, ὥστε τοὺς πρέσβεις 
ἀπελθεῖν πιστεύσαντας· ἐκείνων δὲ ἀπελθόντων εὐθὺς 
ἐκπέμψας Λεύκιον Βάσιλλον καὶ Γάϊον Μόμμιον καταλαμβάνει 
τὴν πύλην δι’ αὐτῶν καὶ τὰ τείχη τὰ περὶ τὸν λόφον τὸν 
Αἰσκυλῖνον· εἶτ’ αὐτὸς ἁπάσῃ σπουδῇ συνῆπτε. τῶν δὲ περὶ τὸν 
Βάσιλλον εἰς τὴν πόλιν ἐμπεσόντων καὶ κρατούντων, ὁ πολὺς 
καὶ ἄνοπλος δῆμος ἀπὸ τῶν τεγῶν κεράμῳ καὶ λίθῳ βάλλοντες 
ἐπέσχον αὐτοὺς τοῦ πρόσω χωρεῖν καὶ συνέστειλαν εἰς τὸ 
τεῖχος. ἐν τούτῳ δὲ ὁ Σύλλας παρῆν ἤδη, καὶ συνιδὼν τὸ 
γινόμενον ἐβόα τὰς οἰκίας ὑφάπτειν, καὶ λαβὼν δᾷδα 
καιομένην ἐχώρει πρῶτος αὐτός, καὶ τοὺς τοξότας ἐκέλευε 
χρῆσθαι τοῖς πυροβόλοις ἄνω τῶν στεγασμάτων ἐφιεμένους, 
κατ’ οὐδένα λογισμόν, ἀλλ’ ἐμπαθὴς ὢν καὶ τῷ θυμῷ 
παραδεδωκὼς τὴν τῶν πρασσομένων ἡγεμονίαν, ὅς γε τοὺς 
ἐχθροὺς μόνον ἑώρα, φίλους δὲ καὶ συγγενεῖς καὶ οἰκείους εἰς 
οὐδένα λόγον θέμενος οὐδ’ οἶκτον κατῄει διὰ πυρός, ᾧ τῶν 
αἰτίων καὶ μὴ διάγνωσις οὐκ ἦν. τούτων δὲ γινομένων Μάριος 
ἐξωσθεὶς πρὸς τὸ τῆς Γῆς ἱερὸν ἐκάλει διὰ κηρύγματος ἐπ’ 
ἐλευθερίᾳ τὸ οἰκετικόν· ἐπελθόντων δὲ τῶν πολεμίων 
κρατηθεὶς ἐξέπεσε τῆς πόλεως.
 | [9] Mais Sylla l'avait prévenu, et il s'était sauvé dans son camp,  
où les soldats, instruits de ce qui s'était passé,  lapidèrent les tribuns. 
Marius, de son côté, fit  mourir à Rome les amis de Sylla, et livra leurs  
maisons au pillage : on ne voyait plus que des  gens qui changeaient de séjour; les 
uns fuyaient  du camp à la ville, et les autres de la ville au  camp. XII. Le sénat, 
n'ayant plus aucun pouvoir, exécutait sans opposition les ordres de Marius et de  
Sulpicius. Lorsqu'on apprit que Sylla marchait  vers Rome, les sénateurs lui 
envoyèrent deux préteurs, Brutus et Servilius, pour lui défendre de  passer outre. 
Comme ils parlèrent à Sylla avec  beaucoup de hauteur, les soldats voulurent les  
tuer; mais ils se contentèrent de briser leurs faisceaux, de déchirer leurs robes de 
pourpre, et de les renvoyer après leur avoir fait mille outrages.  Quand on les vit 
revenir avec une tristesse morne,  dépouillés des marques de leur dignité, leur vue  
seule annonça que la sédition allait éclater avec  violence, et qu'elle était sans remède. 
Marius, de  son côté, se prépara pour la défense; et Sylla  partit de Nole avec son 
collègue Pompéius, à la  tête de six légions complètes, qui brûlaient d'impatience 
d'aller à Rome. Il s'arrêta cependant, et  fut quelque temps en balance; il ne savait 
quel  parti prendre, et n'était pas sans crainte sur le péril auquel il s'exposait. Il fit 
d'abord un sacrifice; et  le devin Posthumius, après avoir examiné les présages, 
présenta ses deux mains à Sylla, le pria de  les lui lier, et de le tenir prisonnier 
jusqu'après  la bataille, s'offrant à endurer le dernier supplice  si son entreprise n'était 
pas suivie d'un prompt  succès. La nuit suivante, il crut, dit-on, voir en  songe une 
déesse que les Romains adorent, et dont  les Cappadociens leur ont enseigné le culte, 
soit  la lune, soit Minerve, ou Bellone, qui, placée audessus de sa tête, lui mettait la 
foudre en main, et  lui ordonnait de la lancer sur ses ennemis, qu'elle  lui nommait les 
uns après les autres. Tous  ceux qui en étaient frappés tombaient et 
disparaissaient à l'instant. Encouragé par cette vision  qu'il raconta le lendemain à 
son collègue, il marcha vers Rome. XIII. Il était près de Picines, lorsqu'il reçut 
une nouvelle députation du sénat, pour le  prier de ne pas tomber ainsi brusquement 
sur la  ville, et l'assurer que le sénat était résolu de lui  accorder tout ce qu'il 
demanderait de raisonnable.  Il y consentit; et, ayant promis de camper dans ce  
lieu-là même, il ordonna aux capitaines de marquer, selon l'usage, les quartiers du camp. 
Les  députés s'en retournèrent pleins de confiance;  mais ils ne furent pas plutôt 
partis, qu'il envoya  Lucius Basillus et Caïus Mummius se saisir de la  porte et des 
murailles qui étaient près du mont  Esquilin; il les suivit lui-même en toute diligence.  
Basillus s'empare de la porte, et entre dans la ville.  Les habitants, qui étaient sans 
armes, montent sur  les toits des maisons, et font pleuvoir sur lui une  grêle de tuiles 
et de pierres qui l'empêchent d'avancer, et le repoussent même jusqu'au pied des  
murailles. Sylla survient en ce moment, et, voyant  ce qui se passe, il crie à ses soldats 
de mettre le  feu aux maisons; et lui-même prenant une torche  allumée, il marche le 
premier, et ordonne à ses  archers de lancer sur les toits leurs traits enflammés. C'est 
ainsi que, sourd à la raison, n'écoutant que sa passion et se laissant maîtriser par la  
colère, il ne voyait dans la ville que ses ennemis;  et, sans aucun égard pour ses amis, 
ses alliés et  ses proches, sans aucune distinction de l'innocent et du coupable, il 
s'ouvrait un chemin dans Rome  par le fer et par la flamme. XIV. Cependant Marius, 
qui avait été repoussé  jusqu'au temple de la Terre, fit une proclamation  pour 
appeler à la liberté tous les esclaves qui se  joindraient à lui; mais ses ennemis étant 
survenus le pressèrent si vivement, qu'il fut obligé de  s'enfuir avec précipitation. 
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