[10] Σύλλας δὲ τὴν βουλὴν συναγαγὼν καταψηφίζεται
θάνατον αὐτοῦ τε Μαρίου καὶ ὀλίγων ἄλλων, ἐν οἷς Σουλπίκιος
ἦν ὁ δήμαρχος. ἀλλὰ Σουλπίκιος μὲν ἀπεσφάγη προδοθεὶς ὑπὸ
θεράποντος, ὃν ὁ Σύλλας ἠλευθέρωσεν, εἶτα κατεκρήμνισε,
Μαρίῳ δ’ ἐπεκήρυξεν ἀργύριον, οὐκ εὐγνωμόνως οὐδὲ
πολιτικῶς, ᾧ γε μικρὸν ἔμπροσθεν ὑποχείριον εἰς τὴν οἰκίαν
δοὺς ἑαυτὸν ἀσφαλῶς ἀφείθη. καίτοι Μαρίῳ τότε μὴ διέντι
Σύλλαν, ἀλλ’ ἀποθανεῖν ὑπὸ Σουλπικίου προεμένῳ, πάντων
κρατεῖν ὑπῆρχεν, ἀλλ’ ὅμως ἐφείσατο· καὶ μεθ’ ἡμέρας ὀλίγας
τὴν αὐτὴν λαβὴν παρασχὼν οὐκ ἔτυχε τῶν ὁμοίων. ἐφ’ οἷς ὁ
Σύλλας τὴν μὲν σύγκλητον ἀδήλως ἠνίασεν· ἡ δὲ παρὰ τοῦ
δήμου δυσμένεια καὶ νέμεσις αὐτῷ φανερὰ δι’ ἔργων ἀπήντα.
Νώνιον μέν γε τὸν ἀδελφιδοῦν αὐτοῦ καὶ Σερουήϊον ἀρχὰς
μετιόντας ἀποψηφισάμενοι καὶ καθυβρίσαντες ἑτέρους
κατέστησαν ἄρχοντας, οὓς μάλιστα τιμῶντες ᾤοντο λυπεῖν
ἐκεῖνον. ὁ δὲ τούτοις τε προσεποιεῖτο χαίρειν, ὡς τοῦ δήμου τῷ
ποιεῖν ἃ βούλοιτο δι’ αὐτὸν ἀπολαύοντος τῆς ἐλευθερίας, καὶ
θεραπεύων τὸ τῶν πολλῶν μῖσος ὕπατον κατέστησεν ἀπὸ τῆς
ἐναντίας στάσεως Λεύκιον Κίνναν, ἀραῖς καὶ ὅρκοις
καταλαβὼν εὐνοήσειν τοῖς ἑαυτοῦ πράγμασιν. ὁ δὲ ἀναβὰς εἰς
τὸ Καπιτώλιον ἔχων ἐν τῇ χειρὶ λίθον ὤμνυεν, εἶτα
ἐπαρασάμενος ἑαυτῷ μὴ φυλάττοντι τὴν πρὸς ἐκεῖνον εὔνοιαν
ἐκπεσεῖν τῆς πόλεως, ὥσπερ ὁ λίθος διὰ τῆς χειρός, κατέβαλε
χαμᾶζε τὸν λίθον οὐκ ὀλίγων παρόντων. παραλαβὼν δὲ τὴν
ἀρχὴν εὐθὺς ἐπεχείρει τὰ καθεστῶτα κινεῖν, καὶ δίκην ἐπὶ τὸν
Σύλλαν παρεσκεύασε καὶ κατηγορεῖν ἐπέστησεν Οὐεργίνιον,
ἕνα τῶν δημάρχων, ὃν ἐκεῖνος ἅμα τῷ δικαστηρίῳ χαίρειν
ἐάσας ἐπὶ Μιθριδάτην ἀπῆρε.
| [10] Sylla assemble le sénat, et fait porter un décret de mort contre Marius et quelques
autres, au nombre desquels était le tribun Sulpicius, qui, trahi par un de ses esclaves,
fut tout de suite égorgé. Sylla donna la liberté à cet esclave, et le fit précipiter ensuite
de la roche Tarpéienne. Il mit à prix la tête de Marius; acte d'ingratitude aussi
contraire à l'humanité qu'à la politique, car peu de jours auparavant, forcé de se
livrer à lui en cherchant un asile dans sa maison, Marius l'avait laissé aller. Si, au lieu
de le relâcher, il l'eût abandonné à Sulpicius, qui voulait le massacrer, Marius se
rendait maître de Rome : il l'avait cependant renvoyé; et Sylla, peu de jours après,
ayant le même avantage sur Marius, n'use pas envers lui de la même générosité.
Cette conduite blessa vivement le sénat, qui dissimula ses sentiments; mais le peuple
lui donna des marques sensibles de son mécontentement et de son indignation. Il
rejeta, avec des marques de mépris, Nonius, neveu de Sylla, et Servilius, un de ses
amis, qui, s'appuyant sur sa protection, s'étaient présentés pour les premières
charges; et il nomma ceux dont il put croire que l'élection mortifierait le plus Sylla. Il
fit semblant de l'approuver, et dit même qu'il était bien aise que le peuple lui dût la
liberté de faire tout ce qu'il voulait. Pour adoucir la haine du peuple, il prit un consul
dans la faction contraire: ce fut Lucius Cinna, dont il s'était assuré d'avance, en lui
faisant jurer, avec les plus fortes imprécations, qu'il soutiendrait ses intérêts. Cinna
étant monté au Capitole en tenant une pierre dans sa main, fit, en présence de tout
le monde, son serment, qu'il accompagna de cette imprécation : "Que s'il ne gardait
pas a Sylla l'affection qu'il lui promettait, il priait les dieux de le chasser de la ville
comme il allait jeter cette pierre loin de sa main". En disant ces mots, il laissa tomber
la pierre. Mais il eut à peine pris possession de son consulat, qu'il entreprit de casser
tout ce qui avait été fait. Il voulut même intenter procès à Sylla, et le fit accuser par
le tribun du peuple Virginius. Sylla, laissant là et l'accusateur et les juges, partit
pour aller faire la guerre à Mithridate.
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