[11] Λέγεται δὲ ὑπὸ τὰς ἡμέρας ἐκείνας ἐν αἷς ὁ Σύλλας ἀπὸ
τῆς ᾿Ιταλίας ἐκίνει τὸν στόλον, ἄλλα τε πολλὰ Μιθριδάτῃ
διατρίβοντι περὶ τὸ Πέργαμον ἐπισκῆψαι δαιμόνια, καὶ Νίκην
στεφανηφόρον καθιεμένην ὑπὸ τῶν Περγαμηνῶν ἐπ’ αὐτὸν ἔκ
τινων ὀργάνων ἄνωθεν ὅσον οὔπω τῆς κεφαλῆς ψαύουσαν
συντριβῆναι, καὶ τὸν στέφανον ἐκπεσόντα κατὰ τοῦ θεάτρου
φέρεσθαι χαμᾶζε διαθρυπτόμενον, ὥστε φρίκην μὲν τῷ δήμῳ,
ἀθυμίαν δὲ πολλὴν Μιθριδάτῃ παρασχεῖν, καίπερ αὐτῷ τότε
τῶν πραγμάτων ἐλπίδος πέρα προχωρούντων. αὐτὸς μὲν γὰρ
᾿Ασίαν τε ῾Ρωμαίων καὶ Βιθυνίαν καὶ Καππαδοκίαν τῶν
βασιλέων ἀφῃρημένος ἐν Περγάμῳ καθῆστο, πλούτους καὶ
δυναστείας καὶ τυραννίδας διανέμων τοῖς φίλοις, τῶν δὲ
παίδων ὁ μὲν ἐν Πόντῳ καὶ Βοσπόρῳ τὴν παλαιὰν ἄχρι τῶν
ὑπὲρ τὴν Μαιῶτιν ἀοικήτων ἀρχὴν κατεῖχεν οὐδενὸς
παρενοχλοῦντος, ᾿Αριαράθης δὲ Θρᾴκην καὶ Μακεδονίαν ἐπῄει
στρατῷ μεγάλῳ προσαγόμενος, ἄλλους δὲ οἱ στρατηγοὶ τόπους
ἐχειροῦντο δυνάμεις ἔχοντες, ὧν ὁ μέγιστος ᾿Αρχέλαος ταῖς
μὲν ναυσὶν ὁμοῦ τι συμπάσης ἐπικρατῶν τῆς θαλάττης τάς τε
Κυκλάδας νήσους ἐδουλοῦτο καὶ τῶν ἄλλων ὅσαι Μαλέας
ἐντὸς ἵδρυνται, καὶ τὴν Εὔβοιαν αὐτὴν εἶχεν, ἐκ δὲ ᾿Αθηνῶν
ὁρμώμενος τὰ μέχρι Θετταλίας ἔθνη τῆς ῾Ελλάδος ἀφίστη,
μικρὰ προσκρούσας περὶ Χαιρώνειαν. ἐνταῦθα γὰρ αὐτῷ
Βρέττιος Σούρρας ἀπήντησε, πρεσβευτὴς μὲν ὢν Σεντίου, τοῦ
στρατηγοῦ τῆς Μακεδονίας, ἀνὴρ δὲ τόλμῃ καὶ φρονήσει
διαφέρων. οὗτος ᾿Αρχελάῳ δίκην ῥεύματος φερομένῳ διὰ τῆς
Βοιωτίας ἐπὶ πλεῖστον ἀντιστάς, καὶ τρισὶ μάχαις
διαγωνισάμενος περὶ Χαιρώνειαν, ἐξέωσε καὶ συνέστειλε πάλιν
ἐπὶ τὴν θάλατταν. Λευκίου δὲ Λευκόλλου κελεύσαντος αὐτὸν
ὑποχωρεῖν ἐπιόντι Σύλλᾳ καὶ τὸν ἐψηφισμένον ἐκείνῳ ἐᾶν
πόλεμον, εὐθὺς ἐκλιπὼν τὴν Βοιωτίαν ὀπίσω πρὸς Σέντιον
ἀπήλαυνε, καίπερ αὐτῷ τῶν πραγμάτων ἐλπίδος πέρα
προχωρούντων καὶ τῆς ῾Ελλάδος οἰκείως ἐχούσης πρὸς
μεταβολὴν διὰ τὴν ἐκείνου καλοκἀγαθίαν. ἀλλὰ γὰρ Βρεττίῳ
μὲν ταῦτα λαμπρότατα τῶν πεπραγμένων.
| [11] XV. On raconte que, vers le temps où il fit voile d'Italie pour cette expédition,
Mithridate, qui était alors à Pergame, eut, de la part des dieux,
plusieurs avertissements, et entre autres celui-ci : Les Pergaméniens
avaient fait une statue de la Victoire qui portait dans sa main une couronne, et qui,
par le moyen d'une machine, devait descendre sur la tête de Mithridate. Au moment
où elle allait le couronner dans le théâtre, la couronne tomba sur la scène, et se
rompit en mille pièces. Cet accident jeta la frayeur parmi le peuple; et Mithridate
lui-même en fut découragé, quoique ses affaires lui eussent déjà réussi au delà de ses
espérances. Il avait conquis l'Asie sur les Romains, chassé de leurs États les rois de
Bithynie et de Cappadoce, et il vivait paisiblement à Pergame, où il distribuait à ses
amis des richesses, des gouvernements et des royaumes. De ses deux fils, l'un
régnait sur les vastes contrées qui s'étendent depuis le Pont et le Bosphore jusqu'aux
déserts des Palus-Méotides, et qui faisaient l'ancien domaine de ses ancêtres; le
second, nommé Ariarathes, ayant sous ses ordres une nombreuse armée, soumettait
la Thrace et la Macédoine. Ses généraux, avec des troupes considérables, lui faisaient
de nouvelles conquêtes. Archélaüs, le plus distingué d'entre eux, commandait une
flotte puissante qui le rendait maître de la mer, et qui lui avait assujetti les Cyclades,
toutes les îles situées le long du promontoire de Malée, et l'Eubée elle-même. Il
s'était emparé d'Athènes, et de là il faisait révolter contre les Romains tous les
peuples de la Grèce jusqu'à la Thessalie. Il reçut cependant quelques échecs auprès
de Chéronée. Un lieutenant de Sentius qui commandait dans la Macédoine, nommé
Brutius Sura, homme d'une grande hardiesse et d'une prudence consommée, vint
au-devant d'Archélaüs, qui, comme un torrent impétueux, s'était débordé dans la
Béotie, le défit en trois rencontres près de Chéronée, le chassa de la Grèce, et le força
de se borner à tenir la mer avec sa flotte. Mais Lucullus étant venu lui ordonner de
céder la place à Sylla, et de lui laisser le commandement de cette guerre, dont un
décret du peuple l'avait chargé, Brutius quitta sur-le-champ la Béotie, et se retira
auprès de Sentius, quoiqu'il eût réussi dans cette expédition au delà de toute
espérance, et que la Grèce, par l'estime qu'elle faisait de sa valeur, fût très disposée
à se tourner du côté des Romains. Ce sont là, d'ailleurs, les plus grands exploits que
Brutius ait faits.
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