[12] Σύλλας δὲ τὰς μὲν ἄλλας πόλεις εὐθὺς εἶχεν
ἐπιπρεσβευομένας καὶ καλούσας, ταῖς δὲ ᾿Αθήναις διὰ τὸν
τύραννον ᾿Αριστίωνα βασιλεύεσθαι ἠναγκασμέναις ἄθρους
ἐπέστη καὶ τὸν Πειραιᾶ περιλαβὼν ἐπολιόρκει, μηχανήν τε
πᾶσαν ἐφιστὰς καὶ μάχας παντοδαπὰς ποιούμενος. καίτοι
χρόνον οὐ πολὺν ἀνασχομένῳ παρῆν ἀκινδύνως ἑλεῖν τὴν ἄνω
πόλιν, ὑπὸ λιμοῦ συνηγμένην ἤδη τῇ χρείᾳ τῶν ἀναγκαίων εἰς
τὸν ἔσχατον καιρόν· ἀλλ’ ἐπειγόμενος εἰς ῾Ρώμην καὶ δεδιὼς
τὸν ἐκεῖ νεωτερισμόν, πολλοῖς μὲν κινδύνοις, πολλαῖς δὲ
μάχαις, μεγάλαις δὲ δαπάναις κατέσπευδε τὸν πόλεμον, ᾧ γε
δίχα τῆς ἄλλης παρασκευῆς ἡ περὶ τὰ μηχανήματα πραγματεία
ζεύγεσι μυρίοις ὀρικοῖς ἐχορηγεῖτο, καθ’ ἡμέραν ἐνεργοῖς οὖσι
πρὸς τὴν ὑπηρεσίαν. ἐπιλειπούσης δὲ τῆς ὕλης διὰ τὸ
κόπτεσθαι πολλὰ τῶν ἔργων περικλώμενα τοῖς αὑτῶν βρίθεσι
καὶ πυρπολεῖσθαι βαλλόμενα συνεχῶς ὑπὸ τῶν πολεμίων,
ἐπεχείρησε τοῖς ἱεροῖς ἄλσεσι, καὶ τήν τε ᾿Ακαδήμειαν ἔκειρε
δενδροφορωτάτην προαστείων οὖσαν καὶ τὸ Λύκειον.
ἐπεὶ δὲ καὶ χρημάτων ἔδει πολλῶν πρὸς τὸν πόλεμον,
ἐκίνει τὰ τῆς ῾Ελλάδος ἄσυλα, τοῦτο μὲν ἐξ ᾿Επιδαύρου, τοῦτο
δὲ ἐξ ᾿Ολυμπίας, τὰ κάλλιστα καὶ πολυτελέστατα τῶν
ἀναθημάτων μεταπεμπόμενος. ἔγραψε δὲ καὶ τοῖς
᾿Αμφικτύοσιν εἰς Δελφοὺς ὅτι τὰ χρήματα τοῦ θεοῦ βέλτιον εἴη
κομισθῆναι πρὸς αὐτόν· ἢ γὰρ φυλάξειν ἀσφαλέστερον ἢ καὶ
ἀποχρησάμενος ἀποδώσειν οὐκ ἐλάττω· καὶ τῶν φίλων
ἀπέστειλε Κάφιν τὸν Φωκέα κελεύσας σταθμῷ παραλαβεῖν
ἕκαστον. ὁ δὲ Κάφις ἧκε μὲν εἰς Δελφούς, ὤκνει δὲ τῶν ἱερῶν
θιγεῖν, καὶ πολλὰ τῶν ᾿Αμφικτυόνων παρόντων ἀπεδάκρυσε
τὴν ἀνάγκην. ἐνίων δὲ φασκόντων ἀκοῦσαι φθεγγομένης τῆς
ἐν τοῖς ἀνακτόροις κιθάρας, εἴτε πιστεύσας εἴτε τὸν Σύλλαν
βουλόμενος ἐμβαλεῖν εἰς δεισιδαιμονίαν, ἐπέστειλε πρὸς
αὐτόν. ὁ δὲ σκώπτων ἀντέγραψε θαυμάζειν τὸν Κάφιν, εἰ μὴ
συνίησιν ὅτι χαίροντος, οὐ χαλεπαίνοντος, εἴη τὸ ᾄδειν· ὥστε
θαρροῦντα λαμβάνειν ἐκέλευσεν, ὡς ἡδομένου τοῦ θεοῦ καὶ
διδόντος. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα διέλαθε τούς γε πολλοὺς ῞Ελληνας
ἐκπεμπόμενα, τὸν δὲ ἀργυροῦν πίθον, ὃς ἦν ὑπόλοιπος ἔτι τῶν
βασιλικῶν, διὰ βάρος καὶ μέγεθος οὐ δυναμένων ἀναλαβεῖν
τῶν ὑποζυγίων, ἀναγκαζόμενοι κατακόπτειν οἱ ᾿Αμφικτύονες
εἰς μνήμην ἐβάλοντο τοῦτο μὲν Τίτον Φλαμινῖνον καὶ Μάνιον
᾿Ακύλιον, τοῦτο δὲ Αἰμίλιον Παῦλον, ὧν ὁ μὲν ᾿Αντίοχον
ἐξελάσας τῆς ῾Ελλάδος, οἱ δὲ τοὺς Μακεδόνων βασιλεῖς
καταπολεμήσαντες οὐ μόνον ἀπέσχοντο τῶν ἱερῶν τῶν
῾Ελληνικῶν, ἀλλὰ καὶ δῶρα καὶ τιμὴν αὐτοῖς καὶ σεμνότητα
πολλὴν προσέθεσαν. ἀλλ’ ἐκεῖνοι μὲν ἀνδρῶν τε σωφρόνων
καὶ μεμαθηκότων σιωπῇ τοῖς ἄρχουσι παρέχειν τὰς χεῖρας
ἡγούμενοι κατὰ νόμον, αὐτοί τε ταῖς ψυχαῖς βασιλικοὶ καὶ ταῖς
δαπάναις εὐτελεῖς ὄντες, μετρίοις ἐχρῶντο καὶ τεταγμένοις
ἀναλώμασι, τὸ κολακεύειν τοὺς στρατιώτας αἴσχιον ἡγούμενοι
τοῦ δεδιέναι τοὺς πολεμίους· οἱ δὲ τότε στρατηγοὶ βίᾳ τὸ
πρωτεῖον, οὐκ ἀρετῇ, κτώμενοι, καὶ μᾶλλον ἐπ’ ἀλλήλους
δεόμενοι τῶν ὅπλων ἢ τοὺς πολεμίους, ἠναγκάζοντο
δημαγωγεῖν ἐν τῷ στρατηγεῖν, εἶθ’ ὧν εἰς τὰς ἡδυπαθείας τοῖς
στρατευομένοις ἀνήλισκον ὠνούμενοι τοὺς πόνους αὐτῶν,
ἔλαθον ὤνιον ὅλην τὴν πατρίδα ποιήσαντες ἑαυτούς τε
δούλους τῶν κακίστων ἐπὶ τῷ τῶν βελτιόνων ἄρχειν. ταῦτα
ἐξήλαυνε Μάριον, εἶτ’ αὖθις ἐπὶ Σύλλαν κατῆγε, ταῦτα
᾿Οκταουΐου τοὺς περὶ Κίνναν, ταῦτα Φλάκκου τοὺς περὶ
Φιμβρίαν αὐτόχειρας ἐποίησεν. ὧν οὐχ ἥκιστα Σύλλας
ἐνέδωκεν ἀρχάς, ἐπὶ τῷ διαφθείρειν καὶ μετακαλεῖν τοὺς ὑπ’
ἄλλοις ταττομένους καταχορηγῶν εἰς τοὺς ὑφ’ αὑτῷ καὶ
δαπανώμενος, ὥστε ἅμα τοὺς ἄλλους μὲν εἰς προδοσίαν, τοὺς
δὲ ὑφ’ αὑτῷ εἰς ἀσωτίαν διαφθείρων χρημάτων δεῖσθαι
πολλῶν, καὶ μάλιστα πρὸς τὴν πολιορκίαν ἐκείνην.
| [12] XVI. A l'arrivée de Sylla en Grèce, toutes les villes lui envoyèrent
des ambassadeurs pour l'appeler dans leurs murs : Athènes seule, dominée par le
tyran Aristion, ayant été forcée de lui résister, Sylla marcha contre elle avec toutes ses
troupes, assiégea le Pirée, mit en usage tout ce qu'il avait de machines de guerre, et
la battit sans relâche. S'il eût attendu quelque temps, il se serait rendu maître sans
danger de la ville haute, que le défaut de vivres avait réduite à la dernière extrémité;
mais pressé de s'en retourner à Rome où il craignait quelque nouveauté, il
n'épargnait ni dangers, ni combats, ni dépenses, pour terminer plus promptement la
guerre. Sans compter son équipage ordinaire, il avait, pour le service des batteries,
dix mille attelages de mulets qui travaillaient chaque jour sans interruption : et
comme le bois vint à manquer, parce que plusieurs de ses machines étaient ou
brisées par les fardeaux énormes qu'elles portaient, ou brûlées par les feux
continuels que les ennemis y lançaient, il ne respecta pas les bois sacrés et fit couper
les parcs du Lycée et de l'Académie, qui, par la beauté de leurs allées, faisaient
l'ornement des faubourgs d'Athènes. Enfin, pour fournir à toutes les dépenses de
cette guerre, il n'épargna pas même les trésors des temples jusqu'alors inviolables, et
fit venir d'Épidaure et d'Olympie les plus belles et les plus riches offrandes. Il écrivit
aux amphictyons, à Delphes, qu'ils feraient mieux de lui envoyer les trésors du dieu,
qui seraient plus sûrement entre ses mains; ou que, s'il était forcé de s'en servir, il
leur en rendrait la valeur après la guerre. Il leur envoya un Phocéen de ses amis,
nommé Caphys, avec ordre de peser tout ce qu'il prendrait. Caphys, arrivé à
Delphes, n'osait toucher à ces dépôts sacrés; et pressé par les amphictyons de les
respecter, il déplora, fondant en larmes, la nécessité qui lui était imposée.
Quelquesuns de ceux qui étaient présents lui ayant dit qu'ils entendaient, du fond
du sanctuaire, la lyre d'Apollon, Caphys, soit qu'il le crût réellement, soit qu'il
voulût imprimer dans l'âme de Sylla une crainte religieuse, lui écrivit pour l'en
avertir. Sylla se moqua de lui dans sa réponse, et lui témoigna son étonnement de ce
qu'il n'avait pas compris que le chant était un signe de joie et non pas de colère :
« C'est une preuve, ajoutait-il, que le dieu voit avec plaisir enlever ces richesses, et
qu'il en fait lui-même présent; ainsi vous pouvez tout prendre sans crainte. » On eut
soin de cacher au peuple l'envoi de ces trésors : seulement un tonneau d'argent
massif, reste des offrandes des rois, n'ayant pu être transporté sur aucune voiture, à
cause de sa grosseur et de son poids, les amphictyons furent obligés de le mettre en
pièces; ce qu'ils ne purent tenir caché. XVII. Ce sacrilége fit ressouvenir les Grecs de
Titus Flaminius, de Manius Acilius et de Paul Émile, dont le premier, après avoir
chassé Antiochus de la Grèce, et les deux autres, après avoir vaincu les rois de
Macédoine, non contents de respecter les temples, les avaient même enrichis de leurs
dons, et avaient montré pour ces lieux saints la plus grande vénération. Mais ces
grands hommes, appelés à la tête des armées par un choix légi time, pour
commander des troupes sages et disciplinées qui obéissaient en silence aux ordres de
leurs chefs, simples particuliers par la modestie de leur train, et véritablement rois
par l'élévation de leurs sentiments, ne faisaient que la dépense nécessaire, persuadés
qu'il eût été plus honteux pour un général de flatter ses soldats que de craindre les
ennemis. Au contraire, les généraux de ces derniers temps, montés à la première
place par la force et non par la vertu, voulant plutôt se faire la guerre les uns aux
autres que combattre les ennemis de l'État, étaient obligés de complaire à leurs
soldats, et d'acheter leurs services par des largesses qui pussent fournir à leurs
débauches. Ils ne sentaient pas que c'était mettre leur patrie même à l'encan, et que
l'ambition de commander à des gens qui valaient mieux qu'eux les rendait les vils
esclaves des plus scélérats des hommes. Voilà ce qui chassa Marius de Rome, et l'y
ramena ensuite contre Sylla; voilà ce qui fit périr Octavius par les mains de Cinna, et
Flaccus par celles de Fimbria. Sylla contribua plus qu'aucun autre à ces désordres :
afin de corrompre et d'attirer à lui les soldats d'un parti contraire, il faisait aux siens
des largesses et des profusions sans bornes. Ainsi, pour acheter la trahison des uns et
fournir à l'intempérance des autres, il lui fallut des sommes immenses; il en eut
surtout besoin pour achever le siége d'Athènes.
|