| [5] ῾Ο δὲ Σύλλας οἰόμενος αὑτῷ τὴν ἀπὸ τῶν πολεμικῶν 
δόξαν ἐπὶ τὰς πολιτικὰς πράξεις διαρκεῖν, καὶ δοὺς ἑαυτὸν ἀπὸ 
τῆς στρατείας εὐθὺς ἐπὶ τὴν τοῦ δήμου πρᾶξιν, ἐπὶ στρατηγίαν 
πολιτικὴν ἀπεγράψατο καὶ διεψεύσθη· τὴν δ’ αἰτίαν τοῖς ὄχλοις 
ἀνατίθησι. φησὶ γὰρ αὐτοὺς τὴν πρὸς Βόκχον εἰδότας φιλίαν, 
καὶ προσδεχομένους, εἰ πρὸ τῆς στρατηγίας ἀγορανομοίη, 
κυνηγέσια λαμπρὰ καὶ Λιβυκῶν θηρίων ἀγῶνας, ἑτέρους 
ἀποδεῖξαι στρατηγοὺς ὡς αὐτὸν ἀγορανομεῖν ἀναγκάσοντας. 
ἔοικε δὲ τὴν ἀληθῆ τῆς ἀποτεύξεως αἰτίαν οὐχ ὁμολογῶν ὁ 
Σύλλας ἐλέγχεσθαι τοῖς πράγμασιν. ἐνιαυτῷ γὰρ κατόπιν 
ἔτυχε τῆς στρατηγίας, τοῦ δήμου τὸ μέν τι θεραπείᾳ, τὸ δὲ καὶ 
χρήμασι προσαγαγόμενος. διὸ δὴ καὶ στρατηγοῦντος αὐτοῦ, 
καὶ πρὸς Καίσαρα μετ’ ὀργῆς εἰπόντος ὡς χρήσεται τῇ ἰδίᾳ πρὸς 
αὐτὸν ἐξουσίᾳ, γελάσας ὁ Καῖσαρ, “᾿Ορθῶς,” ἔφη, “τὴν ἀρχὴν 
ἰδίαν νομίζεις· ἔχεις γὰρ αὐτὴν πριάμενος.”
Μετὰ δὲ τὴν στρατηγίαν εἰς τὴν Καππαδοκίαν 
ἀποστέλλεται, τὸν μὲν ἐμφανῆ λόγον ἔχων πρὸς τὴν στρατείαν 
᾿Αριοβαρζάνην καταγαγεῖν, αἰτίαν δὲ ἀληθῆ Μιθριδάτην 
ἐπισχεῖν πολυπραγμονοῦντα καὶ περιβαλλόμενον ἀρχὴν καὶ 
δύναμιν οὐκ ἐλάττονα τῆς ὑπαρχούσης. ἰδίαν μὲν οὖν δύναμιν 
οὐ πολλὴν ἐπήγετο, χρησάμενος δὲ τοῖς συμμάχοις προθύμοις, 
καὶ πολλοὺς μὲν αὐτῶν Καππαδοκῶν, πλείονας δ’ αὖθις 
᾿Αρμενίων προσβοηθοῦντας ἀποκτείνας, Γόρδιον μὲν 
ἐξήλασεν, ᾿Αριοβαρζάνην δὲ ἀπέδειξε βασιλέα. Διατρίβοντι δὲ 
αὐτῷ παρὰ τὸν Εὐφράτην ἐντυγχάνει Πάρθος ᾿Ορόβαζος, 
᾿Αρσάκου βασιλέως πρεσβευτής, οὔπω πρότερον ἀλλήλοις 
ἐπιμεμιγμένων τῶν γενῶν· ἀλλὰ καὶ τοῦτο τῆς μεγάλης δοκεῖ 
Σύλλα τύχης γενέσθαι, τὸ πρώτῳ ῾Ρωμαίων ἐκείνῳ Πάρθους 
συμμαχίας καὶ φιλίας δεομένους διὰ λόγων ἐλθεῖν. ὅτε καὶ 
λέγεται τρεῖς δίφρους προθέμενος, τὸν μὲν ᾿Αριοβαρζάνῃ, τὸν 
δὲ ᾿Οροβάζῳ, τὸν δὲ αὑτῷ, μέσος ἀμφοῖν καθεζόμενος 
χρηματίζειν. ἐφ’ ᾧ τὸν μὲν ᾿Ορόβαζον ὕστερον ὁ τῶν Πάρθων 
βασιλεὺς ἀπέκτεινε, τὸν δὲ Σύλλαν οἱ μὲν ἐπῄνεσαν 
ἐντρυφήσαντα τοῖς βαρβάροις, οἱ δὲ ὡς φορτικὸν ᾐτιάσαντο καὶ 
ἀκαίρως φιλότιμον. ἱστορεῖται δέ τις ἀνὴρ τῶν μετὰ ᾿Οροβάζου 
καταβεβηκότων, Χαλδαῖος, εἰς τὸ τοῦ Σύλλα πρόσωπον ἀπιδὼν 
καὶ ταῖς κινήσεσι τῆς τε διανοίας καὶ τοῦ σώματος οὐ παρέργως 
ἐπιστήσας, ἀλλὰ πρὸς τὰς τῆς τέχνης ὑποθέσεις τὴν φύσιν 
ἐπισκεψάμενος, εἰπεῖν ὡς ἀναγκαῖον εἴη τοῦτον τὸν ἄνδρα 
μέγιστον γενέσθαι, θαυμάζειν δὲ καὶ νῦν πῶς ἀνέχεται μὴ 
πρῶτος ὢν ἁπάντων.
ἀναχωρήσαντι δὲ αὐτῷ δίκην ἔλαχε δώρων Κηνσωρῖνος, ὡς 
πολλὰ χρήματα συνειλοχότι παρὰ τὸν νόμον ἐκ φίλης καὶ 
συμμάχου βασιλείας. οὐ μὴν ἀπήντησεν ἐπὶ τὴν κρίσιν, ἀλλ’ 
ἀπέστη τῆς κατηγορίας. 
 | [5] Sylla, ne doutant point que la gloire qu'il  avait acquise par les armes ne lui suffît 
pour prétendre aux dignités civiles, passa des emplois de  l'armée aux brigues populaires, 
et se mit sur les  rangs pour la préture de Rome, mais il fut refusé :  il en attribue 
lui-même la cause à la populace, et  dit que cette dernière classe de citoyens, qui savait 
ses liaisons avec Bocchus, et qui s'attendait qu'en  le nommant édile avant de le faire 
préteur, il donnerait des spectacles magnifiques de chasses et de  combats de bêtes 
d'Afrique, nomma d'autres préteurs, dans l'espérance qu'elle le forcerait à demander 
l'édilité. Mais il paraît avoir dissimulé la  véritable cause de ce refus, et les faits même 
le  prouvent; car l'année suivante, ayant gagné le  peuple, soit par son assiduité à lui 
faire la cour,  soit par ses largesses, il fut nommé préteur.  Aussi, pendant qu'il 
exerçait la préture, ayant dit  en colère à César : « J'userai contre vous du droit  de ma 
charge. — Vous avez raison, lui répondit  César en riant, de dire votre charge; elle est 
bien  à vous, puisque vous l'avez achetée. » Après sa  préture, il fut envoyé en 
Cappadoce : le prétexte  apparent de cette expédition était de ramener  Ariobarzane 
dans ses États, mais elle avait pour  véritable motif de réprimer les entreprises 
ambitieuses de Mithridade, qui se mêlait de tout, et  travaillait à se faire un empire 
du double plus  étendu que celui qu'il possédait déjà. Sylla  n'avait emmené que fort 
peu de troupes ; mais  ayant employé celles des alliés, qui le servirent avec  zèle, il 
tailla en pièces un grand nombre de Cappadociens, et un corps plus nombreux 
encore d'Arméniens venus à leur secours, chassa Gordius du  trône de Cappadoce, et 
y rétablit Ariobarzane. VI. Pendant qu'il était sur les bords de l'Euphrate, il reçut 
dans son camp le Parthe Orobase,  ambassadeur du roi Arsace. Les deux nations 
n'avaient encore eu aucun commerce ensemble, et  l'on regarda comme un grand 
effet de son bonheur qu'il fût le premier à qui les Parthes eussent  envoyé des 
ambassadeurs pour rechercher l'alliance et l'amitié des Romains. A la réception de  
cet ambassadeur, il fit, dit-on, dresser trois siéges,  l'un pour Ariobarzane, l'autre 
pour Orobase, et  un troisième au milieu, sur lequel il se plaça pour  lui donner 
audience; le roi des Parthes fit mourir  Orobase, pour avoir laissé avilir ainsi sa 
dignité.  Sylla fut loué par les uns d'avoir traité des Barbares avec cette fierté; d'autres 
le taxèrent d'une  arrogance insultante et d'une ambition déplacée.  On raconte qu'un 
Chalcidien de la suite d'Orobase ayant fixé Sylla, et considéré avec beaucoup 
d'attention tous les mouvements de son corps,  toutes les expressions de sa pensée, 
appliqua les  règles de son art à ce qu'il avait saisi de son caractère, et dit que cet 
homme parviendrait nécessairement au plus haut degré de grandeur, et qu'il  était 
même surpris comment il pouvait souffrir  dès à présent de n'être pas le premier de 
l'univers.  Quand il fut de retour à Rome, Censorinus l'accusa  de péculat, pour avoir, 
contre les lois, emporté de grandes sommes d'argent d'un royaume ami et allié ; mais 
il se désista de son accusation, et l'affàire ne fut pas portée en justice. 
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