| [4] ᾿Ηνία μὲν οὖν ταῦτα τὸν Μάριον· ἔτι δὲ ἡγούμενος 
ἐλάττονα τοῦ φθονεῖσθαι τὸν Σύλλαν, ἐχρῆτο πρὸς τὰς 
στρατείας, τὸ μὲν δεύτερον ὑπατεύων πρεσβευτῇ, τὸ δὲ τρίτον 
χιλιάρχῳ, καὶ πολλὰ δι’ ἐκείνου τῶν χρησίμων κατωρθοῦτο. 
πρεσβεύων τε γὰρ ἡγεμόνα Τεκτοσάγων Κόπιλλον εἷλε, καὶ 
χιλιαρχῶν μέγα καὶ πολυάνθρωπον ἔθνος Μαρσοὺς ἔπεισε 
φίλους γενέσθαι καὶ συμμάχους ῾Ρωμαίων.
ἐκ δὲ τούτων τὸν Μάριον αἰσθόμενος ἀχθόμενον αὐτῷ καὶ 
μηκέτι προϊέμενον ἡδέως πράξεων ἀφορμάς, ἀλλὰ 
ἐνιστάμενον τῇ αὐξήσει, Κάτλῳ, τῷ συνάρχοντι τοῦ Μαρίου, 
προσένειμεν ἑαυτόν, ἀνδρὶ χρηστῷ μέν, ἀμβλυτέρῳ δὲ πρὸς 
τοὺς ἀγῶνας. ὑφ’ οὗ τὰ πρῶτα καὶ μέγιστα πιστευόμενος εἰς 
δύναμιν ἅμα δόξῃ προῄει. καὶ πολέμῳ μὲν αἱρεῖ πολὺ μέρος 
τῶν ἐν ταῖς ῎Αλπεσι βαρβάρων, ἐπιλιπούσης δὲ τῆς ἀγορᾶς 
ἀναδεξάμενος τὴν ἐπιμέλειαν τοσαύτην ἐποίησε περιουσίαν, 
ὥστε τῶν Κάτλου στρατιωτῶν ἐν ἀφθόνοις διαγόντων καὶ τοῖς 
Μαρίου προσπαρασχεῖν. ἐφ’ ᾧ φησιν αὐτὸς ἰσχυρῶς ἀνιᾶσαι 
τὸν Μάριον. ἡ μὲν οὖν ἔχθρα βραχεῖαν οὕτω καὶ μειρακιώδη 
λαβοῦσα τὴν πρώτην ὑπόθεσιν καὶ ἀρχήν, εἶτα χωροῦσα δι’ 
αἵματος ἐμφυλίου καὶ στάσεων ἀνηκέστων ἐπὶ τυραννίδα καὶ 
σύγχυσιν ἁπάντων πραγμάτων, ἀπέδειξε τὸν Εὐριπίδην σοφὸν 
ἄνδρα καὶ πολιτικῶν ἐπιστήμονα νοσημάτων, 
διακελευσάμενον φυλάττεσθαι τὴν φιλοτιμίαν ὡς 
ὀλεθριωτάτην καὶ κακίστην δαίμονα τοῖς χρωμένοις.
 | [4] Quelque déplaisir qu'en eût Marius, il fit réflexion que Sylla n'était pas encore 
un personnage  assez important pour exciter sa jalousie, et 
il  continua de l'employer à l'armée. Dans son second  consulat, il le fit son lieutenant; 
et dans le troisième, il lui donna la charge de tribun des soldats.  Dans ces divers 
emplois il lui dut de grands succès.  Pendant sa lieutenance, Sylla fit prisonnier 
Copillus, général des Gaulois Tectosages ; et dans  son tribunat, il attira les Marses, 
nation nombreuse et guerrière, dans l'alliance des Romains.  Mais s'étant aperçu que 
Marius était toujours son  ennemi secret, qu'il ne lui donnait qu'à regret des  
occasions de se signaler, et qu'il nuisait même à  son avancement, il s'attacha à 
Catulus, collègue  de Marius dans le consulat, homme honnête, mais  un peu lent 
pour les opérations militaires. Bientôt  Sylla, à qui Catulus confia les entreprises les 
plus  importantes, acquit autant de puissance que de réputation. Il soumit la plupart 
des Barbares qui  habitaient les Alpes; et l'armée romaine ayant  manqué de vivres, 
Sylla, chargé par Catulus du soin  d'en procurer, en fit venir une si grande 
abondance,  que les soldats de Catulus en eurent au delà de  leurs besoins et en 
fournirent à l'autre armée; ce  qui, au rapport de Sylla lui-même, dans ses Mémoires, 
mortifia beaucoup Marius. Ainsi leur  haine, qui avait pris sa source dans des causes 
si  faibles et si puériles, nourrie ensuite par les séditions, et cimentée du sang des 
guerres civiles,  aboutit enfin à la tyrannie et au renversement  total de la république. 
Cet exemple fait connaître  la sagesse d'Euripide, et la profonde connaissance qu'il 
avait des maux politiques, lorsqu'il recommandait surtout d'éviter l'ambition, comme  
la peste la plus pernicieuse et la plus funeste à  ceux qui s'y livrent. 
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