| [33] ῎Εξω δὲ τῶν φονικῶν καὶ τὰ λοιπὰ τοὺς ἀνθρώπους 
ἐλύπει. δικτάτορα μὲν γὰρ ἑαυτὸν ἀνηγόρευσε, δι’ ἐτῶν ἑκατὸν 
εἴκοσι τοῦτο τὸ γένος τῆς ἀρχῆς ἀναλαβών. ἐψηφίσθη δὲ αὐτῷ 
πάντων ἄδεια τῶν γεγονότων, πρὸς δὲ τὸ μέλλον ἐξουσία 
θανάτου, δημεύσεως, κληρουχιῶν, κτίσεως, πορθήσεως, 
ἀφελέσθαι βασιλείαν, καὶ ᾧ βούλοιτο χαρίσασθαι. τὰς δὲ 
διαπράσεις τῶν δεδημευμένων οἴκων οὕτως ὑπερηφάνως 
ἐποιεῖτο καὶ δεσποτικῶς ἐπὶ βήματος καθεζόμενος, ὥστε τῶν 
ἀφαιρέσεων ἐπαχθεστέρας αὐτοῦ τὰς δωρεὰς εἶναι, καὶ 
γυναιξὶν εὐμόρφοις καὶ λυρῳδοῖς καὶ μίμοις καὶ καθάρμασιν 
ἐξελευθερικοῖς ἐθνῶν χώρας καὶ πόλεων χαριζομένου 
προσόδους, ἐνίοις δὲ γάμους ἀκουσίως ζευγνυμένων γυναικῶν. 
Πομπήϊόν γέ τοι βουλόμενος οἰκειώσασθαι τὸν Μάγνον, ἣν μὲν 
εἶχε γαμετὴν ἀφεῖναι προσέταξεν, Αἰμιλίαν δέ, Σκαύρου 
θυγατέρα καὶ Μετέλλης τῆς ἑαυτοῦ γυναικός, ἀποσπάσας 
Μανίου Γλαβρίωνος ἐγκύμονα, συνῴκισεν αὐτῷ· ἀπέθανε δὲ ἡ 
κόρη παρὰ τῷ Πομπηΐῳ τίκτουσα.
Λουκρητίου δὲ ᾿Οφέλλα τοῦ Μάριον ἐκπολιορκήσαντος 
αἰτουμένου καὶ μετιόντος ὑπατείαν πρῶτον μὲν ἐκώλυεν· ὡς δὲ 
ἐκεῖνος ὑπὸ πολλῶν σπουδαζόμενος εἰς τὴν ἀγορὰν ἐνέβαλε, 
πέμψας τινὰ τῶν περὶ αὐτὸν ἑκατονταρχῶν ἀπέσφαξε τὸν 
ἄνδρα, καθεζόμενος αὐτὸς ἐπὶ βήματος ἐν τῷ Διοσκουρείῳ καὶ 
τὸν φόνον ἐφορῶν ἄνωθεν. τῶν δὲ ἀνθρώπων τὸν 
ἑκατοντάρχην συλλαβόντων καὶ προσαγαγόντων τῷ βήματι, 
σιωπῆσαι κελεύσας τοὺς θορυβοῦντας αὐτὸς ἔφη κελεῦσαι 
τοῦτο, καὶ τὸν ἑκατοντάρχην ἀφεῖναι προσέταξεν.
 | [33] XLII. Après tant de meurtres, rien ne révolta  davantage que de voir Sylla se nommer 
lui-même  dictateur, et rétablir pour lui une dignité qui était  suspendue à Rome 
depuis cent vingt ans. Il  se fit donner une abolition générale du passé, et  pour 
l'avenir le droit de vie et de mort, le pouvoir de confisquer les biens, de partager les 
terres  de bâtir des villes, d'en détruire d'autres, d'ôter  et de donner les royaumes à 
son gré. Il vendait a  l'encan les biens qu'il avait confisqués; du haut  de son tribunal, 
il présidait lui-même à ces ventes,  mais avec tant d'insolence et de despotisme, que  
les adjudications qu'il en faisait étaient encore plus  odieuses que la confiscation 
même. Des courtisanes, des musiciens, des farceurs, des affranchis,  qui étaient les 
plus scélérats des hommes, recevaient des pays entiers, ou tous les revenus d'une  
ville. Il alla jusqu'à enlever des femmes à leurs  maris, pour les faire épouser à 
d'autres malgré  elles. Comme il ambitionnait l'alliance du grand  Pompée, il l'obligea 
de répudier sa femme, pour  lui faire épouser Émilia, fille de Scaurus et de  Métella, 
femme de Sylla, qu'il arracha à Marius  Glabrio, quoiqu'elle fût enceinte; mais elle 
mourut en couche dans la maison de Pompée. Lucrétius Ofella, celui qui avait pris 
Marius dans Préneste, s'était mis sur les rangs pour le consulat;  Sylla lui fit dire 
d'abord de se désister de sa poursuite; Lucrétius, qui se voyait soutenu par le peuple, 
se rendit sur la place, et continua sa brigue;  Sylla envoya un des centurions qui 
étaient toujours  autour de lui, et le fit tuer, pendant qu'assis sur son tribunal, dans le 
temple de Castor et de Pollux, il regardait d'en haut le meurtre. Le peuple,  en 
tumulte, se saisit du centurion, et le mena devant le tribunal; Sylla fit faire silence, 
déclara que  c'était par son ordre que ce meurtre avait été commis, et qu'on eût à 
laisser le centurion tranquille. 
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