HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Sylla

Chapitre 31

  Chapitre 31

[31] Τοῦ δὲ Σύλλα πρὸς τὸ σφάττειν τραπομένου καὶ φόνων οὔτε ἀριθμὸν οὔτε ὅρον ἐχόντων ἐμπιπλάντος τὴν πόλιν, ἀναιρουμένων πολλῶν καὶ κατἰδίας ἔχθρας, οἷς οὐδὲν ἦν πρᾶγμα πρὸς Σύλλαν, ἐφιέντος αὐτοῦ καὶ χαριζομένου τοῖς περὶ αὐτόν, ἐτόλμησε τῶν νέων εἷς, Γάϊος Μέτελλος, ἐν τῇ συγκλήτῳ τοῦ Σύλλα πυθέσθαι τί πέρας ἔσται τῶν κακῶν, καὶ ποῖ προελθόντος αὐτοῦ δεῖ πεπαῦσθαι τὰ γινόμενα προσδοκᾶν. “Παραιτούμεθα γάρ,” εἶπεν, “οὐχ οὓς σὺ ἔγνωκας ἀναιρεῖν τῆς τιμωρίας, ἀλλὰ τῆς ἀμφιβολίας οὓς ἔγνωκας σώζειν.” ἀποκριναμένου δὲ τοῦ Σύλλα μηδέπω γινώσκειν οὓς ἀφίησιν, ὑπολαβὼν Μέτελλος, “Οὐκοῦν,” ἔφη, “δήλωσον οὓς μέλλεις κολάζειν.” καὶ Σύλλας ἔφη τοῦτο ποιήσειν. ἔνιοι δὲ οὐ τὸν Μέτελλον, ἀλλὰ Φουφίδιόν τινα τῶν πρὸς χάριν ὁμιλούντων τῷ Σύλλᾳ τὸ τελευταῖον εἰπεῖν λέγουσιν. δοὖν Σύλλας εὐθὺς ὀγδοήκοντα προέγραψεν, οὐδενὶ τῶν ἐν τέλει κοινωσάμενος. ἀγανακτούν των δὲ πάντων, μίαν ἡμέραν διαλιπὼν ἄλλους προέγραψεν εἴκοσι καὶ διακοσίους, εἶτα τρίτῃ πάλιν οὐκ ἐλάττους. ἐπὶ δὲ τούτοις δημηγορῶν εἶπεν ὅσους μεμνημένος τυγχάνοι προγράφειν, τοὺς δὲ νῦν διαλανθάνοντας αὖθις προγράψειν. προέγραψε δὲ τῷ μὲν ὑποδεξαμένῳ καὶ διασώσαντι τὸν προγεγραμμένον, ζημίαν τῆς φιλανθρωπίας ὁρίζων θάνατον, οὐκ ἀδελφόν, οὐχ υἱόν, οὐ γονεῖς ὑπεξελόμενος, τῷ δὲ ἀποκτείναντι γέρας δύο τάλαντα τῆς ἀνδροφονίας, κἂν δοῦλος δεσπότην κἂν πατέρα υἱὸς ἀνέλῃ. δὲ πάντων ἀδικώτατον ἔδοξε, τῶν γὰρ προγεγραμμένων ἠτίμωσε καὶ υἱοὺς καὶ υἱωνούς, καὶ τὰ χρήματα πάντων ἐδήμευσε. προεγράφοντο δὲ οὐκ ἐνΡώμῃ μόνον, ἀλλὰ καὶ ἐν πάσῃ πόλει τῆς ᾿Ιταλίας· καὶ φονευομένων οὔτε ναὸς ἦν καθαρὸς θεοῦ οὔτε ἑστία ξένιος οὔτε οἶκος πατρῷος, ἀλλὰ καὶ παρὰ γυναιξὶ γαμεταῖς ἄνδρες ἐσφάττοντο καὶ παρὰ μητράσι παῖδες. ἦσαν δὲ οἱ διὀργὴν ἀπολλύμενοι καὶ διἔχθραν οὐδὲν μέρος τῶν διὰ χρήματα σφαττομένων, ἀλλὰ καὶ λέγειν ἐπῄει τοῖς κολάζουσιν ὡς τόνδε μὲν ἀνῄρηκεν οἰκία μεγάλη, τόνδε δὲ κῆπος, ἄλλον ὕδατα θερμά. Κόϊντος δὲ Αὐρήλιος, ἀνὴρ ἀπράγμων καὶ τοσοῦτον αὐτῷ μετεῖναι τῶν κακῶν νομίζων ὅσον ἄλλοις συναλγεῖν ἀτυχοῦσιν, εἰς ἀγορὰν ἐλθὼν ἀνεγίνωσκε τοὺς προγεγραμμένους· εὑρὼν δὲ ἑαυτόν, “Οἴμοι τάλας,” εἶπε, “διώκει με τὸ ἐν ᾿Αλβανῷ χωρίον.” καὶ βραχὺ προελθὼν ὑπό τινος ἀπεσφάγη καταδιώξαντος. [31] XL. Dès que Sylla eut commencé à faire couler le sang, il ne mit plus de bornes à sa cruauté, et remplit la ville de meurtres dont on n'envisageait plus le terme. Une foule de citoyens furent les victimes de haines particulières; Sylla, qui n'avait pas personnellement à s'en plaindre, les sacrifiait au ressentiment de ses amis qu'il voulait obliger. Un jeune Romain, nommé Caïus Métellus, osa lui demander en plein sénat quel serait enfin le terme de tant de maux, et jusqu'où il se proposait de les pousser, afin qu'on sût au moins quand on n'aurait plus a en craindre de nouveaux. « Nous ne vous demandons pas, ajouta-t-il, de sauver ceux que vous avez destinés à la mort, mais de tirer de l'incertitude ceux que vous avez résolu de sauver. » Sylla lui ayant répondu qu'il ne savait pas encore ceux qu'il laisserait vivre : « Eh bien! reprit Métellus, déclarez-nous donc quels sont ceux que vous voulez sacrifier? — C'est aussi ce que je ferai, repartit Sylla. » Quelques historiens disent que la dernière réplique ne fut pas de Métellus, mais d'un certain Aufidius, un des flatteurs de Sylla. Il commença donc par proscrire quatre-vingts citoyens sans en avoir parlé à aucun des magistrats. Comme il vit que l'indignation était générale, il laissa passer un jour, et publia une seconde proscription de deux cent vingt personnes, et une troisième de pareil nombre. Ayant ensuite harangué le peuple, il dit qu'il avait proscrit tous ceux dont il s'était souvenu ; et que ceux qu'il avait oubliés, il les proscrirait à mesure qu'ils se présenteraient à sa mémoire. Il comprit dans ces listes fatales ceux qui avaient reçu et sauvé un proscrit, punissant de mort cet acte d'humanité, sans en excepter un frère, un fils ou un père. Il alla même jusqu'à payer un homicide deux talents, fût-ce un esclave qui eût tué son maître, ou un fils qui eût été l'assassin de son père. Mais ce qui parut le comble de l'injustice, c'est qu'il nota d'infamie les fils et les petitsfils des proscrits, et qu'il confisqua leurs biens. Les proscriptions ne furent pas bornées à Rome; elles s'étendirent dans toutes les villes d'Italie. Il n'y eut ni temple des dieux, ni autel domestique et hospitalier, ni maison paternelle, qui ne fût souillée de meurtres. Les maris étaient égorgés entre les bras de leurs femmes, les enfants dans le sein de leurs mères; et le nombre des victimes sacrifiées à la colère ou à la haine n'égalait pas, à beaucoup près, le nombre de ceux que leurs richesses faisaient égorger. Aussi les assassins pouvaient-ils dire : « Celui-ci, c'est sa belle maison qui l'a fait périr; celui-là, ses magnifiques jardins; cet autre, ses bains superbes. » Un Romain, nommé Quintus Aurélius, qui ne se mêlait de rien, et qui ne craignait pas d'avoir d'autre part aux malheurs publics que la compassion qu'il portait à ceux qui en étaient les victimes, étant allé sur la place, se mit à lire les noms des proscrits, et y trouva le sien. « Malheureux que je suis, s'écria-t-il, c'est ma maison d'Albe qui me poursuit! » Il eut à peine fait quelques pas, qu'un homme qui le suivait le massacra.


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Dernière mise à jour : 30/08/2007