[29] Τὸν μέντοι τελευταῖον ἀγῶνα καθάπερ ἔφεδρος ἀθλητῇ
καταπόνῳ προσενεχθεὶς ὁ Σαυνίτης Τελεσῖνος ἐγγὺς ἦλθε τοῦ
σφῆλαι καὶ καταβαλεῖν ἐπὶ θύραις τῆς ῾Ρώμης. ἔσπευδε μὲν
γὰρ ἅμα Λαμπωνίῳ τῷ Λευκανῷ χεῖρα πολλὴν ἀθροίσας ἐπὶ
Πραινεστὸν ὡς ἐξαρπασόμενος τῆς πολιορκίας τὸν Μάριον·
ἐπεὶ δὲ ᾔσθετο Σύλλαν μὲν κατὰ στόμα, Πομπήϊον δὲ κατ’
οὐρὰν βοηδρομοῦντας ἐπ’ αὐτόν, εἰργόμενος τοῦ πρόσω καὶ
ὀπίσω πολεμιστὴς ἀνὴρ καὶ μεγάλων ἀγώνων ἔμπειρος ἄρας
νυκτὸς ἐπ’ αὐτὴν ἐχώρει παντὶ τῷ στρατοπίδῳ τὴν ῾Ρώμην. καὶ
μικροῦ μὲν ἐδέησεν ἐμπεσεῖν εἰς ἀφύλακτον· ἀποσχὼν δὲ τῆς
Κολλίνης πύλης δέκα σταδίους ἐπηυλίσατο τῇ πόλει,
μεγαλοφρονῶν καὶ ταῖς ἐλπίσιν ἐπηρμένος ὡς τοσούτους
ἡγεμόνας καὶ τηλικούτους κατεστρατηγηκώς. ἅμα δ’ ἡμέρᾳ
τῶν λαμπροτάτων νέων ἐξιππασαμένων ἐπ’ αὐτὸν ἄλλους τε
πολλοὺς καὶ Κλαύδιον ῎Αππιον, εὐγενῆ καὶ ἀγαθὸν ἄνδρα,
κατέβαλε. θορύβου δ’, οἷον εἰκός, ὄντος ἐν τῇ πόλει καὶ βοῆς
γυναικείας καὶ διαδρομῶν ὡς ἁλισκομένων κατὰ κράτος,
πρῶτος ὤφθη Βάλβος ἀπὸ Σύλλα προσελαύνων ἀνὰ κράτος
ἱππεῦσιν ἑπτακοσίοις. διαλιπὼν δὲ ὅσον ἀναψῦξαι τὸν ἱδρῶτα
τῶν ἵππων, εἴτ’ αὖθις ἐγχαλινώσας διὰταχέων ἐξήπτετο τῶν
πολεμίων. ᾿Εν τούτῳ δὲ καὶ Σύλλας ἐφαίνετο· καὶ τοὺς πρώτους
εὐθὺς ἀριστᾶν κελεύων εἰς τάξιν καθίστη. πολλὰ δὲ
Δολοβέλλα καὶ Τουρκουάτου δεομένων ἐπισχεῖν καὶ μὴ
κατακόπους ἔχοντα τοὺς ἄνδρας ἀποκινδυνεῦσαι περὶ τῶν
ἐσχάτων (οὐ γὰρ Κάρβωνα καὶ Μάριον, ἀλλὰ Σαυνίτας καὶ
Λευκανούς, τὰ ἔχθιστα τῇ ῾Ρώμῃ καὶ τὰ πολεμικώτατα φῦλα,
συμφέρεσθαι), παρωσάμενος αὐτοὺς ἐκέλευσε σημαίνειν τὰς
σάλπιγγας ἀρχὴν ἐφόδου, σχεδὸν εἰς ὥραν δεκάτην ἤδη τῆς
ἡμέρας καταστρεφούσης. γενομένου δὲ ἀγῶνος, οἷος οὐχ
ἕτερος, τὸ μὲν δεξιόν, ἐν ᾧ Κράσσος ἐτέτακτο, λαμπρῶς ἐνίκα,
τῷ δὲ εὐωνύμῳ πονοῦντι καὶ κακῶς ἔχοντι Σύλλας παρεβοήθει,
λευκὸν ἵππον ἔχων θυμοειδῆ καὶ ποδωκέστατον· ἀφ’ οὗ
γνωρίσαντες αὐτὸν δύο τῶν πολεμίων διετείνοντο τὰς λόγχας
ὡς ἀφήσοντες. αὐτὸς μὲν οὖν οὐ προενόησε, τοῦ δ’ ἱπποκόμου
μαστίξαντος τὸν ἵππον ἔφθη παρενεχθεὶς τοσοῦτον ὅσον περὶ
τὴν οὐρὰν τοῦ ἵππου τὰς αἰχμὰς συμπεσούσας εἰς τὴν γῆν
παγῆναι. λέγεται δὲ ἔχων τι χρυσοῦν ᾿Απόλλωνος ἀγαλμάτιον
ἐκ Δελφῶν ἀεὶ μὲν αὐτὸ κατὰ τὰς μάχας περιφέρειν ἐν τῷ
κόλπῳ, ἀλλὰ καὶ τότε τοῦτο καταφιλεῖν οὕτω δὴ λέγων· “῏Ω
Πύθιε ῎Απολλον, τὸν εὐτυχῆ Σύλλαν Κορνήλιον ἐν τοσούτοις
ἀγῶσιν ἄρας λαμπρὸν καὶ μέγαν ἐνταῦθα ῥίψεις ἐπὶ θύραις τῆς
πατρίδος ἀγαγών, αἴσχιστα τοῖς ἑαυτοῦ συναπολούμενον
πολίταις;” τοιαῦτά φασι τὸν Σύλλαν θεοκλυτοῦντα τοὺς μὲν
ἀντιβολεῖν, τοῖς δὲ ἀπειλεῖν, τῶν δὲ ἐπιλαμβάνεσθαι· τέλος δὲ
τοῦ εὐωνύμου συντριβέντος ἀναμιχθέντα τοῖς φεύγουσιν εἰς τὸ
στρατόπεδον καταφυγεῖν, πολλοὺς ἀποβαλόντα τῶν ἑταίρων
καὶ γνωρίμων. οὐκ ὀλίγοι δὲ καὶ τῶν ἐκ τῆς πόλεως ἐπὶ θέαν
προελθόντες ἀπώλοντο καὶ κατεπατήθησαν, ὥστε τὴν μὲν
πόλιν οἴεσθαι διαπεπρᾶχθαι, παρ’ ὀλίγον δὲ καὶ τὴν Μαρίου
πολιορκίαν λυθῆναι, πολλῶν ἐκ τῆς τροπῆς ὠσαμένων ἐκεῖ καὶ
τὸν ἐπὶ τῇ πολιορκίᾳ τεταγμένον ᾿Οφέλλαν Λουκρήτιον
ἀναζευγνύναι κατὰ τάχος κελευόντων, ὡς ἀπολωλότος τοῦ
Σύλλα καὶ τῆς ῾Ρώμης ἐχομένης ὑπὸ τῶν πολεμίων.
| [29] XXXVII. Le dernier ennemi que Sylla eut à combattre fut le Samnite
Télésinus, qui, comme un athlète tout frais, tombant sur un adversaire fatigué de
plusieurs combats, pensa le renverser, et triompher de lui aux portes mêmes de
Rome. Ce Télésinus s'étant joint avec un Lucanien nommé Lamponius, avait
rassemblé un corps de troupes assez nombreux, et marchait en diligence vers
Préneste, pour délivrer Marius qui y était assiégé. Mais, informé que Sylla et Pompée
venaient à grandes journées, le premier pour l'attaquer par devant, et l'autre pour le
prendre par derrière, et se voyant prêt à être enfermé entre deux armées, alors, en
grand capitaine à qui des situations difficiles avaient donné une grande expérience,
il décampe la nuit avec toute son armée, et marche droit à Rome, qui était sans
défense, et qu'il aurait pu emporter d'emblée. Mais, à dix stades de la porte
Colline, il s'arrêta, et passa la nuit devant les murailles, se glorifiant de sa hardiesse,
et concevant de grandes espérances de ce qu'il avait donné le change à tant et à de si
grands capitaines. XXXVIII. Le lendemain, à la pointe du jour, un grand nombre de
jeunes gens des premières maisons de Rome étant sortis à cheval pour escarmoucher
contre lui, il en tua plusieurs, et entre autres Appius Claudius, jeune homme aussi
distingué par son courage que par sa naissance. Ces événements avaient jeté le
trouble et l'effroi dans Rome; les femmes couraient dans les rues en jetant de grands
cris, et se croyaient déjà prises d'assaut. Enfin, on vit arriver Balbus, à qui Sylla avait
fait prendre les devants avec sept cents cavaliers. Il ne s'était arrêté que le temps
nécessaire pour faire souffler les chevaux; et ayant rebridé sur-le-champ, il accourait
pour arrêter l'ennemi, lorsque Sylla parut, qui, après avoir fait prendre aux premiers
arrivés un peu de nourriture, les mit tout de suite en bataille. Torquatus et Dolabella
le conjurèrent de ne pas s'exposer à tout perdre, en menant à l'ennemi des troupes
excédées de fatigue ; ils lui représentaient qu'il n'avait pas affaire à un Carbon, à un
Marius, mais aux Samnites et aux Lucaniens, les deux peuples les plus belliqueux et
les plus ardents ennemis des Romains. Sylla, sans écouter leurs représentations,
ordonne aux trompettes de donner le signal, quoique le jour baissât et qu'on fût déjà
à la dixième heure. Dans ce combat, un des plus rudes qu'on eût encore donnés
durant cette guerre, l'aile droite, commandée par Crassus, remporta la victoire la
plus complète. Sylla, voyant la gauche fort maltraitée et prête à plier, vole à son
secours, monté sur un cheval blanc plein d'ardeur et d'une vitesse extrême. Deux
des ennemis le reconnurent, et tendirent leurs javelines pour les lancer contre lui. Il
ne s'en apercevait pas; mais son écuyer, qui les avait vus, donna au cheval un grand
coup de fouet, qui hâta si à propos sa course, que les deux javelines rasèrent sa
queue, et allèrent se ficher en terre. On dit que Sylla avait une petite figure d'or
d'Apollon, qui venait de Delphes, et qu'il portait dans son sein à toutes ses batailles;
qu'en cette occasion, il la baisa affectueusement, en lui adressant ces paroles :
« Apollon Pythien, après avoir comblé d'honneurs et de gloire l'heureux Cornélius
Sylla dans tant de combats dont vous l'avez fait sortir victorieux, voudriez-vous le
renverser aux portes mêmes de sa patrie, et l'y faire périr avec ses concitoyens"? Il
avait à peine adressé au dieu cette prière, que, se jetant au milieu de ses soldats, il
emploie tour à tour les prières et les menaces, et en saisit même quelques-uns pour
les ramener au combat; mais il ne put empêcher la défaite entière de cette aile
gauche; et il fut lui-même entraîné dans son camp par les fuyards, après avoir perdu
plusieurs de ses officiers et de ses amis. Un grand nombre de Romains, sortis de la
ville pour voir le combat, furent écrasés sous le pieds des hommes et des chevaux;
déjà l'on croyait Rome perdue, et peu s'en fallut que ceux qui tenaient Marius
enfermé dans Préneste ne levassent le siége; des soldats emportés jusque-là dans
leur fuite pressaient Lucrétius Ofella, qui commandait ce siége, de se retirer
promptement, parce que Sylla, disaient-ils, venait d'être tué, et que Rome était au
pouvoir de l'ennemi.
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