| [26] ᾿Αναχθεὶς δὲ πάσαις ταῖς ναυσὶν ἐξ ᾿Εφέσου τριταῖος ἐν 
Πειραιεῖ καθωρμίσθη· καὶ μυηθεὶς ἐξεῖλεν ἑαυτῷ τὴν 
᾿Απελλικῶνος τοῦ Τηΐου βιβλιοθήκην, ἐν ᾗ τὰ πλεῖστα τῶν 
᾿Αριστοτέλους καὶ Θεοφράστου βιβλίων ἦν, οὔπω τότε σαφῶς 
γνωριζόμενα τοῖς πολλοῖς. λέγεται δὲ κομισθείσης αὐτῆς εἰς 
῾Ρώμην Τυραννίωνα τὸν γραμματικὸν ἐνσκευάσασθαι τὰ 
πολλά, καὶ παρ’ αὐτοῦ τὸν ῾Ρόδιον ᾿Ανδρόνικον εὐπορήσαντα 
τῶν ἀντιγράφων εἰς μέσον θεῖναι καὶ ἀναγράψαι τοὺς νῦν 
φερομένους πίνακας. οἱ δὲ πρεσβύτεροι Περιπατητικοὶ 
φαίνονται μὲν καθ’ ἑαυτοὺς γενόμενοι χαρίεντες καὶ 
φιλολόγοι, τῶν δὲ ᾿Αριστοτέλους καὶ Θεοφράστου γραμμάτων 
οὔτε πολλοῖς οὔτε ἀκριβῶς ἐντετυχηκότες διὰ τὸ τὸν Νηλέως 
τοῦ Σκηψίου κλῆρον, ᾧ τὰ βιβλία κατέλιπε Θεόφραστος, εἰς 
ἀφιλοτίμους καὶ ἰδιώτας ἀνθρώπους περιγενέσθαι.
Σύλλᾳ δὲ διατρίβοντι περὶ τὰς ᾿Αθήνας ἄλγημα ναρκῶδες 
μετὰ βάρους εἰς τοὺς πόδας ἐνέπεσεν, ὅ φησιν ὁ Στράβων 
ποδάγρας ψελλισμὸν εἶναι. διαπλεύσας οὖν εἰς Αἴδηψον ἐχρῆτο 
τοῖς θερμοῖς ὕδασι, ῥᾳθυμῶν ἅμα καὶ συνδιημερεύων τοῖς περὶ 
τὸν Διόνυσον τεχνίταις. περιπατοῦντος δὲ πρὸς τὴν θάλατταν 
ἁλιεῖς τινες ἰχθῦς αὐτῷ παγκάλους προσήνεγκαν. ἡσθεὶς δὲ 
τοῖς δώροις, καὶ πυθόμενος ὡς ἐξ ῾Αλῶν εἶεν, “῎Ετι γὰρ ζῇ τις 
῾Αλαίων;” ἔφη· ἐτύγχανε γάρ, ὅτε τὴν πρὸς ᾿Ορχομενῷ μάχην 
νενικηκὼς ἐδίωκε τοὺς πολεμίους, ἅμα τρεῖς πόλεις τῆς 
Βοιωτίας, ᾿Ανθηδόνα, Λάρυμναν, ῾Αλὰς ἀνῃρηκώς. τῶν δ’ 
ἀνθρώπων ὑπὸ δέους ἀφώνων γενομένων, διαμειδιάσας 
ἐκέλευσεν ἀπιέναι χαίροντας, ὡς οὐ μετὰ φαύλων οὐδὲ ἀξίων 
ὀλιγωρίας ἥκοντας παραιτητῶν. ῾Αλαῖοι μὲν ἐκ τούτου λέγουσι 
θαρρήσαντες αὖθις εἰς τὴν πόλιν συνελθεῖν.
 | [26] Il partit ensuite d'Éphèse avec toute sa  flotte, et entra le troisième jour dans le port 
du  Pirée. Là, après s'être fait initier aux mystères,  il prit pour lui la bibliothèque 
d'Apellicon de Téos,  dans laquelle se trouvaient la plupart des ouvrages  d'Aristote et de 
Théophraste, qui n'étaient pas encore fort répandus. On dit que cette 
bibliothèque ayant été portée à Rome, le grammairien  Tyrannion mit en ordre et 
éclaircit plusieurs  ouvrages de ces deux philosophes; qu'Andronicus  de Rhodes, à 
qui il donna communication de ces  manuscrits, les rendit publics, et y ajouta les 
tables qu'on y voit maintenant. Car les anciens disciples du Lycée, gens d'esprit et de 
savoir, connaissaient d'ailleurs très peu de traités d'Aristote  et de Théophraste; et les 
copies qu'ils en avaient  n'étaient pas correctes, parce que la succession de  Nélée le 
Scepsien, à qui Théophraste avait laissé  par testament tous ses ouvrages, passa à des 
ignorants qui n'en firent aucun cas. XXXIII. Sylla, pendant son séjour à Athènes, fut  
pris d'une douleur aux pieds, accompagnée d'engourdissement et de pesanteur, que 
Strabon appelle le bégayement de la goutte. Il se fit porter  par mer à Édesse, 
pour prendre les bains  chauds; là il passait les journées entières dans la  société des 
acteurs et des musiciens. Un jour qu'il  se promenait sur le bord de la mer, des 
pêcheurs  lui offrirent de très beaux poissons. Charmé de ce présent, il leur demanda 
d'où ils étaient. « De  la ville d'Alées, lui répondirent-ils. — Eh quoi!  reprit Sylla, 
reste-t-il encore quelqu'un d'Alées ? » 
C'est qu'après la victoire d'Orchomène,  en poursuivant les ennemis, il 
avait ruiné trois  villes de la Béotie, Anthédon, Larymne et Alées.  Les pêcheurs 
effrayés restèrent muets; mais Sylla  leur dit, en souriant, de ne rien craindre, et de  
s'en aller joyeusement : "Vous êtes venus, ajoutat-il, avec des intercesseurs puissants 
qui ne méritent pas d'être refusés." Ces paroles rendirent  la confiance aux Aléens, 
et ils retournèrent habiter leur ville. 
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