[24] Συνῆλθον οὖν τῆς Τρῳάδος ἐν Δαρδάνῳ, Μιθριδάτης
μὲν ἔχων ναῦς αὐτόθι διακοσίας ἐνήρεις καὶ τῆς πεζῆς
δυνάμεως ὁπλίτας μὲν δισμυρίους, ἱππεῖς δὲ ἑξακισχιλίους καὶ
συχνὰ τῶν δρεπανηφόρων, Σύλλας δὲ τέσσαρας σπείρας καὶ
διακοσίους ἱππεῖς. ἀπαντήσαντος δὲ τοῦ Μιθριδάτου καὶ τὴν
δεξιὰν προτείναντος, ἠρώτησεν αὐτὸν εἰ καταλύσεται τὸν
πόλεμον ἐφ’ οἷς ὡμολόγησεν ᾿Αρχέλαος· σιωπῶντος δὲ τοῦ
βασιλέως, ὁ Σύλλας “᾿Αλλὰ μήν,” ἔφη, “τῶν δεομένων ἐστὶ τὸ
προτέρους λέγειν, τοῖς δὲ νικῶσιν ἐξαρκεῖ τὸ σιωπᾶν.” ἐπεὶ δὲ
ἀρξάμενος τῆς ἀπολογίας ὁ Μιθριδάτης ἐπειρᾶτο τοῦ πολέμου
τὰ μὲν εἰς δαίμονας τρέπειν, τὰ δὲ αὐτοὺς αἰτιᾶσθαι τοὺς
῾Ρωμαίους, ὑπολαβὼν ὁ Σύλλας ἔφη πάλαι μὲν ἑτέρων
ἀκούειν, νῦν δ’ αὐτὸς ἐγνωκέναι τὸν Μιθριδάτην δεινότατον
ὄντα ῥητορεύειν, ὃς ἐπὶ πράξεσιν οὕτω πονηραῖς καὶ
παρανόμοις λόγων ἐχόντων εὐπρέπειαν οὐκ ἠπόρηκεν.
ἐξελέγξας δὲ τὰ πεπραγμένα πικρῶς ὑπ’ αὐτοῦ καὶ
κατηγορήσας, πάλιν ἠρώτησεν εἰ ποιεῖ τὰ συγκείμενα δι’
᾿Αρχελάου. φήσαντος δὲ ποιεῖν, οὕτως ἠσπάσατο καὶ
περιλαβὼν ἐφίλησεν αὐτόν, ᾿Αριοβαρζάνην δὲ αὖθις καὶ
Νικομήδην τοὺς βασιλεῖς προσαγαγὼν διήλλαξεν. ὁ μὲν οὖν
Μιθριδάτης ἑβδομήκοντα ναῦς παραδοὺς καὶ τοξότας
πεντακοσίους εἰς Πόντον ἀπέπλευσεν. ῾Ο δὲ Σύλλας,
αἰσθόμενος ἀχθομένους τοὺς στρατιώτας τῇ διαλύσει (τὸν γὰρ
ἔχθιστον τῶν βασιλέων καὶ δεκαπέντε μυριάδας ἡμέρᾳ μιᾷ τῶν
ἐν ᾿Ασίᾳ ῾Ρωμαίων κατασφαγῆναι παρασκευάσαντα δεινὸν
ἡγοῦντο μετὰ πλούτου καὶ λαφύρων ὁρᾶν ἐκπλέοντα τῆς
᾿Ασίας, ἣν ἔτη τέσσαρα λεηλατῶν καὶ φορολογῶν διετέλεσεν),
ἀπελογεῖτο πρὸς αὐτοὺς ὡς οὐκ ἂν ἅμα Φιμβρίᾳ καὶ Μιθριδάτῃ
πολεμεῖν, εἰ συνέστησαν ἀμφότεροι κατ’ αὐτοῦ, δυνηθείς.
| [24] Ils s'abouchèrent à Dardane, ville de la Troade :
Mithridate avait avec lui deux cents vaisseaux, vingt mille hommes de pied, six
mille chevaux, et un grand nombre de chars armés de faux ; Sylla n'avait amené que
quatre cohortes et deux cents chevaux. Mithridate vint audevant de Sylla, et lui
tendit la main; mais Sylla lui demanda avant tout, s'il consentait à terminer la guerre
aux conditions réglées par Archélaüs. Le roi gardant le silence : « Mithridate, reprit
Sylla, ignorez-vous que ceux qui ont des demandes à faire doivent parler les
premiers, et que les vainqueurs n'ont qu'à les écouter en silence? » Mithridate entra
dans une longue apologie, et voulut rejeter les causes de cette guerre en partie sur
les dieux, en partie sur les Romains; mais Sylla l'interrompant : « J'avais, lui dit-il,
entendu dire depuis longtemps que Mithridate était un prince très éloquent, et je le
reconnais aujourd'hui moi-même en voyant avec quelle facilité il déguise, sous des
paroles spécieuses, les actions les plus cruelles et les plus injustes. » Alors lui
reprochant avec amertume toutes ses perfidies, et l'ayant forcé d'en convenir, il lui
demande une seconde fois s'il s'en tient aux articles arrêtés avec Archélaüs.
Mithridate ayant répondu qu'il les ratifiait, Sylla lui rendit le salut, et l'embrassa
avec des témoignages d'affection; ensuite ayant fait approcher les rois Nicomède et
Ariobarzane, il les réconcilia avec lui. Mithridate lui ayant remis les soixante-dix
galères avec cinq cents hommes de trait, fit voile vers le Pont. Sylla sentait que ses
soldats étaient mécontents de cette paix, et qu'ils ne voyaient pas sans indignation
qu'un roi, le plus mortel ennemi de Rome, qui en un seul jour avait fait égorger cent
cinquante mille Romains répandus dans l'Asie, s'en retournât paisiblement dans ses
États, chargé des richesses et des dépouilles de cette Asie qu'il avait pillée et accablée
de contributions pendant quatre ans entiers. Mais il se justifiait auprès d'eux en leur
disant que si Fimbria et Mithridate s'étaient réunis contre lui, il n'aurait pu leur
résister.
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