| [22] Κίννα δὲ καὶ Κάρβωνος ἐν ῾Ρώμῃ τοῖς ἐπιφανεστάτοις 
ἀνδράσι χρωμένων παρανόμως καὶ βιαίως, πολλοὶ τὴν 
τυραννίδα φεύγοντες ὥσπερ εἰς λιμένα τοῦ Σύλλα τὸ 
στρατόπεδον κατεφέροντο, καὶ περὶ αὐτὸν ὀλίγου χρόνου 
σχῆμα βουλῆς ἐγεγόνει. καὶ Μετέλλα μόλις διακλέψασα 
ἑαυτὴν καὶ τοὺς παῖδας, ἧκεν ἀγγέλλουσα τὴν οἰκίαν αὐτοῦ καὶ 
τὰς ἐπαύλεις ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐμπεπρῆσθαι καὶ δεομένη τοῖς 
οἴκοι βοηθεῖν. ἀπορουμένῳ δ’ αὐτῷ, καὶ μήτε τῆς πατρίδος 
ἀμελεῖν ὑπομένοντι κακουμένης μήτε ὅπως ἄπεισιν ἀτελὲς 
λιπὼν τοσοῦτον ἔργον, τὸν Μιθριδατικὸν πόλεμον, ἐπινοοῦντι, 
παραγίνεται Δηλιακὸς ἔμπορος ᾿Αρχέλαος, ἐλπίδας τινὰς καὶ 
λόγους κρύφα παρὰ τοῦ βασιλικοῦ κομίζων ᾿Αρχελάου. καὶ τὸ 
πρᾶγμα Σύλλας οὕτως ἠγάπησεν ὥστε αὐτὸς εἰς λόγους 
σπεῦσαι τῷ ᾿Αρχελάῳ συνελθεῖν· καὶ συνῆλθον ἐπὶ θαλάττῃ 
περὶ Δήλιον, οὗ τὸ ἱερὸν τοῦ ᾿Απόλλωνός ἐστιν. ἀρξαμένου δὲ 
τοῦ ᾿Αρχελάου διαλέγεσθαι, καὶ τὸν Σύλλαν ἀξιοῦντος ἀφέντα 
τὴν ᾿Ασίαν καὶ τὸν Πόντον ἐπὶ τὸν ἐν ῾Ρώμῃ πόλεμον πλεῖν, 
χρήματα λαβόντα καὶ τριήρεις καὶ δύναμιν ὅσην βούλοιτο 
παρὰ τοῦ βασιλέως, ὑπολαβὼν ὁ Σύλλας Μιθριδάτου μὲν 
ἀμελεῖν ἐκέλευεν, αὐτὸν δὲ βασιλεύειν ἀντ’ ἐκείνου σύμμαχον 
῾Ρωμαίων γενόμενον καὶ παραδόντα τὰς ναῦς. ἀφοσιουμένου 
δὲ τοῦ ᾿Αρχελάου τὴν προδοσίαν, “Εἶτα,” ἔφη “σὺ μέν, ὦ 
᾿Αρχέλαε, Καππαδόκης ὢν καὶ βαρβάρου βασιλέως δοῦλος, εἰ 
δὲ βούλει, φίλος, οὐχ ὑπομένεις ἐπὶ τηλικούτοις ἀγαθοῖς τὸ 
αἰσχρόν, ἐμοὶ δὲ ἡγεμόνι ῾Ρωμαίων ὄντι καὶ Σύλλᾳ τολμᾷς 
διαλέγεσθαι περὶ προδοσίας, ὥσπερ οὐκ ἐκεῖνος ὢν ᾿Αρχέλαος, 
ὁ φυγὼν μὲν ἐκ Χαιρωνείας ὀλιγοστὸς ἀπὸ μυριάδων 
δυοκαίδεκα, κρυφθεὶς δὲ δύο ἡμέρας ἐν τοῖς ᾿Ορχομενίων 
ἕλεσιν, ἄβατον δὲ τὴν Βοιωτίαν ὑπὸ νεκρῶν πλήθους 
ἀπολελοιπώς;” ἐκ τούτου μεταβαλὼν ὁ ᾿Αρχέλαος καὶ 
προσκυνήσας ἐδεῖτο παύσασθαι τοῦ πολέμου καὶ διαλλαγῆναι 
πρὸς τὸν Μιθριδάτην. δεξαμένου δὲ τοῦ Σύλλα τὴν πρόκλησιν 
ἐγένοντο συνθῆκαι, Μιθριδάτην μὲν ᾿Ασίαν ἀφεῖναι καὶ 
Παφλαγονίαν, ἐκστῆναι δὲ Βιθυνίας Νικομήδει καὶ 
Καππαδοκίας ᾿Αριοβαρζάνῃ, καταβαλεῖν δὲ ῾Ρωμαίοις δισχίλια 
τάλαντα καὶ δοῦναι ναῦς ἑβδομήκοντα χαλκήρεις μετὰ τῆς 
οἰκείας παρασκευῆς, Σύλλαν δὲ ἐκείνῳ τήν τε ἄλλην ἀρχὴν 
βεβαιοῦν καὶ σύμμαχον ῾Ρωμαίων ψηφίζεσθαι.
 | [22] XXIX. Cependant, à Rome, Carbon et Cinna  traitaient avec tant d'injustice 
et de cruauté les personnes les plus considérables, 
qu'un grand nombre  d'elles, pour échapper à leur tyrannie, 
cherchèrent  un asile dans le camp de Sylla, comme dans un  port assuré, et qu'en 
peu de temps il eut autour  de lui une espèce de sénat. Métella, sa femme, s'étant 
dérobée avec peine à leur fureur, elle et ses  enfants, vint lui apprendre que sa 
maison et ses  terres avaient été incendiées par ses ennemis, et le  conjura d'aller 
secourir ceux qui étaient restés à  Rome. Ces nouvelles jetèrent Sylla dans une grande  
perplexité. Il ne pouvait se résoudre à laisser sa patrie en proie à tant de maux. Mais 
comment partir  avant d'avoir achevé une entreprise aussi importante que la guerre 
de Mithridate? Comme il flottait dans cette irrésolution, un marchand de Délium, 
nommé Archélaüs, vint secrètement de  la part d'Archélaüs, général de 
Mithridate, lui  porter quelque espérance de paix. Cette ouverture  lui fit tant de 
plaisir, qu'il se hâta d'aller en personne s'aboucher avec lui. Leur entrevue se fit sur  
le bord de la mer, près de Délium, où l'on voit  un temple d'Apollon. Archélaüs parla 
le premier,  et proposa au général romain d'abandonner l'Asie  et le Pont, et de s'en 
aller à Rome terminer la  guerre civile; lui offrant pour cela, de la part de  son prince, 
autant d'argent, de vaisseaux et de  troupes qu'il en aurait besoin. Sylla, prenant la 
parole, lui conseilla de quitter Mithridate, de se faire  roi à sa place, en devenant 
l'allié des Romains, et  de lui livrer toute sa flotte. Archélaüs ayant rejeté  avec 
horreur cette trahison : « Eh quoi!  Archélaüs,  reprit Sylla, vous qui êtes 
Cappadocien, et l'esclave, ou, si vous l'aimez mieux, l'ami d'un roi barbare, vous ne 
pouvez supporter une proposition honteuse au prix de tant de biens que je vous 
offre! Et à moi, qui suis général des Romains, à moi Sylla, vous osez me proposer une 
trahison! comme si vous n'étiez pas cet Archélaüs qui vous êtes enfui de Chéronée 
avec une poignée de soldats, reste de cent vingt mille combattants  que vous y aviez 
amenés; qui vous êtes caché  pendant deux jours dans les marais d'Orchomène, 
laissant la Béotie jonchée de tant de morts  qu'elle est presque inaccessible! » XXX. A 
cette réplique, Archélaüs changea de  langage; et s'humiliant devant Sylla, il le 
supplia  de mettre fin à cette guerre, et d'accorder la paix  à Mithridate. Sylla, content 
de sa soumission, la fit  aux conditions suivantes : Mithridate devait renoncer à l'Asie 
et à la Paphlagonie; restituer la Bithynie  à Nicomède, et la Cappadoce à Ariobarzane; 
payer  aux Romains deux mille talents, et leur livrer  soixante-dix galères 
parfaitement équipées. De son  côté, Sylla garantissait à Mithridate la possession  de 
ses autres États, et lui assurait le titre d'allié du  peuple romain. 
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