[21] ᾿Επεὶ δὲ ἐγγὺς κατεστρατοπέδευσαν, ὁ μὲν ᾿Αρχέλαος
ἡσύχαζεν, ὁ δὲ Σύλλας ὤρυττε τάφρους ἑκατέρωθεν, ὅπως, εἰ
δύναιτο, τῶν στερεῶν καὶ ἱππασίμων ἀποτεμόμενος τοὺς
πολεμίους ὤσειεν εἰς τὰ ἕλη. τῶν δὲ οὐκ ἀνασχομένων, ἀλλ’ ὡς
ἀφείθησαν ὑπὸ τῶν στρατηγῶν, ἐντόνως καὶ ῥύδην
ἐλαυνόντων, οὐ μόνον οἱ περὶ τὰ ἔργα τοῦ Σύλλα
διεσκεδάσθησαν, ἀλλὰ καὶ τοῦ παρατεταγμένου συνεχύθη τὸ
πλεῖστον φυγόντος. ἔνθα δὴ Σύλλας αὐτὸς ἀποπηδήσας τοῦ
ἵππου καὶ σημεῖον ἀναρπάσας ὠθεῖτο διὰ τῶν φευγόντων εἰς
τοὺς πολεμίους, βοῶν “᾿Εμοὶ μὲν ἐνταῦθά που καλόν, ὦ
῾Ρωμαῖοι, τελευτᾶν, ὑμεῖς δὲ τοῖς πυνθανομένοις ποῦ
προδεδώκατε τὸν αὐτοκράτορα, μεμνημένοι φράζειν ὡς ἐν
᾿Ορχομενῷ.” τούτους τε δὴ τὸ ῥηθὲν ἐπέστρεψε, καὶ τῶν ἐπὶ τοῦ
δεξιοῦ κέρως σπειρῶν δύο προσεβοήθησαν, ἃς ἐπαγαγὼν
τρέπεται τοὺς πολεμίους. ἀναγαγὼν δὲ μικρὸν ὀπίσω, καὶ δοὺς
ἄριστον αὐτοῖς, αὖθις ἀπετάφρευε τὸν χάρακα τῶν πολεμίων.
οἱ δὲ αὖθις ἐν τάξει μᾶλλον ἢ πρότερον προσεφέροντο. καὶ
Διογένης μὲν ὁ τῆς ᾿Αρχελάου γυναικὸς υἱὸς ἀριστεύων ἐπὶ τοῦ
δεξιοῦ περιόπτως ἔπεσεν, οἱ δὲ τοξόται, τῶν ῾Ρωμαίων
ἐκβιαζομένων, οὐκ ἔχοντες ἀναστροφὴν ἀθρόοις τοῖς ὀϊστοῖς ἐκ
χειρὸς ὥσπερ ξίφεσι παίοντες ἀνέκοπτον αὐτούς, τέλος δὲ
κατακλεισθέντες εἰς τὸν χάρακα μοχθηρῶς ὑπὸ τραυμάτων καὶ
φόνου διενυκτέρευσαν. ἡμέρας δὲ πάλιν τῷ χάρακι τοὺς
στρατιώτας προσαγαγὼν ὁ Σύλλας ἀπετάφρευεν. ἐξελθόντας
δὲ τοὺς πολλοὺς ὡς ἐπὶ μάχην συμβαλὼν τρέπεται, καὶ πρὸς
τὸν ἐκείνων φόβον οὐδενὸς μένοντος αἱρεῖ κατὰ κράτος τὸ
στρατόπεδον. καὶ κατέπλησαν ἀποθνήσκοντες αἵματος τὰ ἕλη
καὶ νεκρῶν τὴν λίμνην, ὥστε μέχρι νῦν πολλὰ βαρβαρικὰ τόξα
καὶ κράνη καὶ θωράκων σπάσματα σιδηρῶν καὶ μαχαίρας
ἐμβεβαπτισμένας τοῖς τέλμασιν εὑρίσκεσθαι, σχεδὸν ἐτῶν
διακοσίων ἀπὸ τῆς μάχης ἐκείνης διαγεγονότων. τὰ μὲν οὖν
περὶ Χαιρώνειαν καὶ πρὸς ᾿Ορχομενῷ τοιαῦτα λέγεται
γενέσθαι.
| [21] Quand les deux armées furent campées assez près l'une de l'autre,
Archélaüs se tint tranquille dans ses retranchements;
et Sylla fit tirer des tranchées en divers endroits de la plaine, afin
d'ôter aux ennemis l'avantage que leur aurait donné cette campagne spacieuse, dont
le terrain ferme était si propre aux mouvements de la cavalerie, et de les repousser
du côté des marais. Les Barbares, indignés de ces travaux, n'eurent pas plutôt obtenu
de leurs généraux la permission de tomber sur les travailleurs, que, courant à eux
avec impétuosité, ils les dissipèrent, et mirent en fuite les troupes qui les soutenaient.
Sylla, sautant à bas de son cheval et saisissant une enseigne, pousse aux ennemis à
travers les fuyards. « Romains, leur dit-il, il me sera glorieux de mourir ici; pour
vous, quand on vous demandera où vous avez abandonné votre général,
souvenez-vous de répondre que c'est à Orchomène. « Cette parole leur fit tourner
tête sur-le-champ; et deux cohortes de l'aile droite étant venues à leur secours, il les
mena contre l'ennemi qu'il obligea de prendre la fuite. Après avoir fait reculer un
peu ses soldats pour prendre de la nourriture, il les employa de nouveau à faire des
tranchées pour environner le camp des ennemis, qui revinrent en meilleur ordre
qu'auparavant. Ce fut à cette attaque que Diogène, fils de la femme d'Archélaüs,
périt, en combattant à l'aile droite avec beaucoup de valeur. Leurs gens de trait,
vivement pressés par les Romains, et n'ayant pas assez d'espace pour faire usage de
leurs arcs, prenaient leurs flèches à pleines mains en guise d'épées, et en frappaient
les Romains. Repoussés enfin jusque dans leurs retranchements, ils y passèrent une
nuit cruelle, à cause du grand nombre de leurs morts et de leurs blessés. Le
lendemain, Sylla ramena ses troupes vers le camp des ennemis, pour continuer les
tranchées : les Barbares étant allés en plus grand nombre charger les travailleurs, il
tomba sur eux si rudement qu'il les mit en fuite; leur frayeur s'étant communiquée à
ceux du camp, personne n'osa y rester pour le défendre, et Sylla l'emporta d'emblée.
Il y fit un si grand carnage, que les marais furent teints de sang, et le lac rempli de
morts; encore aujourd'hui, près de deux cents ans après cette bataille, on trouve
souvent des arcs de ces Barbares, des casques, des pièces de cuirasse, des épées et
d'autres armes enfoncées dans la bourbe. Tel est le récit que les historiens font des
événements qui eurent lieu près de Chéronée et d'Orchomène.
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