[19] ᾿Αρχελάου δὲ τὸ δεξιὸν κέρας εἰς κύκλωσιν ἀνάγοντος,
῾Ορτήσιος ἐφῆκε τὰς σπείρας δρόμῳ προσφερομένας ὡς
ἐμβαλῶν πλαγίοις. ἐπιστρέψαντος δὲ ταχέως ἐκείνου τοὺς περὶ
αὑτὸν ἱππεῖς δισχιλίους, ἐκθλιβόμενος ὑπὸ πλήθους
προσεστέλλετο τοῖς ὀρεινοῖς, κατὰ μικρὸν ἀπορρηγνύμενος τῆς
φάλαγγος καὶ περιλαμβανόμενος ὑπὸ τῶν πολεμίων.
πυθόμενος δὲ ὁ Σύλλας ἀπὸ τοῦ δεξιοῦ μήπω συμπεπτωκότος
εἰς μάχην ἐδίωκε βοηθῶν. ᾿Αρχέλαος δὲ τῷ κονιορτῷ τῆς
ἐλάσεως ὅπερ ἦν τεκμηράμενος, ῾Ορτήσιον μὲν εἴα χαίρειν,
αὐτὸς δὲ ἐπιστρέψας ὥρμησεν ὅθεν ὁ Σύλλας πρὸς τὸ δεξιόν,
ὡς ἔρημον ἄρχοντος αἱρήσων. ἅμα δὲ καὶ Μουρήνᾳ Ταξίλης
ἐπῆγε τοὺς χαλκάσπιδας, ὥστε τῆς κραυγῆς διχόθεν φερομένης
καὶ τῶν ὀρῶν ἀνταποδιδόντων τὴν περιήχησιν, ἐπιστήσαντα
τὸν Σύλλαν διαπορεῖν ὁποτέρωσε χρὴ προσγενέσθαι. δόξαν δὲ
τὴν ἑαυτοῦ τάξιν ἀναλαμβάνειν, Μουρήνᾳ μὲν ἀρωγὸν
ἔπεμψεν ῾Ορτήσιον ἔχοντα τέσσαρας σπείρας, αὐτὸς δὲ τὴν
πέμπτην ἕπεσθαι κελεύσας ἐπὶ τὸ δεξιὸν ἠπείγετο καὶ καθ’
ἑαυτὸ μὲν ἀξιομάχως ἤδη τῷ ᾿Αρχελάῳ συνεστηκός, ἐκείνου δὲ
ἐπιφανέντος παντάπασιν ἐξεβιάσαντο, καὶ κρατήσαντες
ἐδίωκον πρός τε τὸν ποταμὸν καὶ τὸ ᾿Ακόντιον ὄρος
προτροπάδην φεύγοντας. οὐ μὴν ὅ γε Σύλλας ἠμέλησε
Μουρήνα κινδυνεύοντος, ἀλλὰ ὥρμησε τοῖς ἐκεῖ βοηθεῖν· ἰδὼν
δὲ νικῶντας, τότε τῆς διώξεως μετεῖχε. πολλοὶ μὲν οὖν ἐν τῷ
πεδίῳ τῶν βαρβάρων ἀνῃροῦντο, πλεῖστοι δὲ τῷ χάρακι
προσφερόμενοι κατεκόπησαν, ὥστε μυρίους διαπεσεῖν εἰς
Χαλκίδα μόνους ἀπὸ τοσούτων μυριάδων. ὁ δὲ Σύλλας λέγει
τέσσαρας καὶ δέκα ἐπιζητῆσαι τῶν αὐτοῦ στρατιωτῶν, εἶτα καὶ
τούτων δύο πρὸς τὴν ἑσπέραν παραγενέσθαι. διὸ καὶ τοῖς
τροπαίοις ἐπέγραψεν ῎Αρη καὶ Νίκην καὶ ᾿Αφροδίτην, ὡς οὐχ
ἧττον εὐτυχίᾳ κατορθώσας ἢ δεινότητι καὶ δυνάμει τὸν
πόλεμον. ἀλλὰ τοῦτο μὲν τὸ τρόπαιον ἕστηκε τῆς πεδιάδος
μάχης ᾗ πρῶτον ἐνέκλιναν οἱ περὶ ᾿Αρχέλαον παρὰ τὸ Μόλου
ῥεῖθρον, ἕτερον δέ ἐστι τοῦ Θουρίου κατὰ κορυφὴν βεβηκὸς ἐπὶ
τῇ κυκλώσει τῶν βαρβάρων, γράμμασιν ῾Ελληνικοῖς
ἐπισημαῖνον ῾Ομολόϊχον καὶ ᾿Αναξίδαμον ἀριστεῖς. ταύτης τὰ
ἐπινίκια τῆς μάχης ἦγεν ἐν Θήβαις, περὶ τὴν Οἰδιπόδειον
κρήνην κατασκευάσας θυμέλην. οἱ δὲ κρίνοντες ἦσαν ῞Ελληνες
ἐκ τῶν ἄλλων ἀνακεκλημένοι πόλεων, ἐπεὶ πρός γε Θηβαίους
ἀδιαλλάκτως εἶχε, καὶ τῆς χώρας αὐτῶν ἀποτεμόμενος τὴν
ἡμίσειαν τῷ Πυθίῳ καὶ τῷ ᾿Ολυμπίῳ καθιέρωσεν, ἐκ τῶν
προσόδων κελεύσας ἀποδίδοσθαι τὰ χρήματα τοῖς θεοῖς ἅπερ
αὐτὸς εἰλήφει.
| [19] Archélaüs étendait son aile droite, afin d'envelopper les Romains,
lorsque Hortensius ordonne à ses cohortes de fondre sur lui
et de le prendre en flanc. Archélaüs, qui aperçoit ce mouvement, fait tourner tête
à deux mille de ses cavaliers; Hortensius, se voyant près d'être vivement poussé par
cette cavalerie nombreuse, recule lentement vers les montagnes; mais s'étant trop
éloigné de son corps de bataille, il allait être enveloppé par les ennemis, lorsque
Sylla, informé du danger qu'il courait, quitte son aile droite qui n'avait pas encore
combattu, et vole à son secours. A la poussière qu'il éleva dans sa marche,
Archélaüs conjectura ce qui en était, et laissant là Hortensius, il se porte à l'endroit
du champ de bataille que Sylla venait de quitter, espérant surprendre cette aile
droite privée de son chef. Dans le même moment, Taxile fait marcher contre Muréna
ses chalcaspides; et les deux partis ayant jeté en même temps de grands cris qui
furent répétés par toutes les montagnes des environs, Sylla s'arrête, incertain de quel
côté il doit plutôt se porter. Il prend enfin le parti de retourner à son poste, envoie
Hortensius avec quatre de ses cohortes au secours de Muréna, prend la cinquième,
et court à son aile droite, qui combattait déjà contre Archélaüs avec un avantage égal.
Dès qu'il paraît, ses soldats font de nouveaux efforts, et renversant les troupes
ennemies, ils les obligent de prendre la fuite, et les poursuivent jusqu'au fleuve et au
mont Acontium. Sylla cependant n'oublia pas dans quel danger il avait laissé
Muréna, et courut à son secours; mais trouvant qu'il avait aussi vaincu les ennemis,
il se mit avec lui à la poursuite des fuyards. Il se fit dans la plaine un grand carnage
des Barbares; un plus grand nombre furent taillés en pièces en voulant regagner
leur camp; et de tant de milliers d'ennemis, il n'en échappa que dix mille qui
s'enfuirent à Chalcis. Sylla dit que dans son armée il ne manqua que quatorze
hommes, dont deux même revinrent le soir au camp. XXVII. Aussi, sur les trophées
qu'il dressa pour cette victoire, il fit graver : "A Mars, à la Victoire et à Vénus",
pour montrer que ses succès n'étaient pas moins l'ouvrage de la Fortune que de son
courage et de sa capacité. Le premier qu'il érigea, pour le combat qu'il avait gagné
dans la plaine, était placé à l'endroit même d'où Archélaüs avait commencé de fuir,
jusqu'au ruisseau de Molus. Il éleva le second sur le sommet du Thurium, où les
Barbares avaient été surpris par derrière; et l'inscription, qui était en lettres grecques,
en attribuait le succès à la valeur d'Homoloïchus et d'Anaxidamus. Pour célébrer ces
victoires, il donna des jeux de musique dans la ville de Thèbes, près de la fontaine
d'OEdipe, où l'on dressa un théâtre pour les musiciens. Il fit venir de quelques
autres villes grecques des juges pour distribuer les prix, parce qu'il avait juré aux
Thébains une haine implacable. Il la porta jusqu'à leur ôter la moitié de leur
territoire, qu'il consacra à Apollon Pythien et à Jupiter Olympien; il ordonna que du
produit de ces terres on restituerait à ces dieux l'argent qu'il avait enlevé des temples.
|