| [18] ᾿Εν δὲ τούτῳ τῶν Χαιρωνέων ᾿Ερίκιον ἄρχοντα παρὰ τοῦ 
Σύλλα λαβόντων καὶ περιελθόντων ἀδήλως τὸ Θούριον, εἶτα 
ἐπιφανέντων, θόρυβος ἦν πολὺς καὶ φυγὴ τῶν βαρβάρων καὶ 
φόνος ὑπ’ ἀλλήλων ὁ πλεῖστος. οὐ γὰρ ὑπέμειναν, ἀλλὰ κατὰ 
πρανοῦς φερόμενοι τοῖς τε δόρασι περιέπιπτον αὐτοὶ τοῖς 
ἑαυτῶν καὶ κατεκρήμνιζον ὠθοῦντες ἀλλήλους, ἄνωθεν 
ἐπικειμένων τῶν πολεμίων καὶ τὰ γυμνὰ παιόντων, ὥστε 
τρισχιλίους πεσεῖν περὶ τὸ Θούριον. τῶν δὲ φευγόντων τοὺς μὲν 
εἰς τάξιν ἤδη καθεστὼς ὁ Μουρήνας ἀπετέμνετο καὶ διέφθειρεν 
ὑπαντιάζων, οἱ δὲ ὠσάμενοι πρὸς τὸ φίλιον στρατόπεδον καὶ τῇ 
φάλαγγι φύρδην ἐμπεσόντες ἀνέπλησαν δέους καὶ ταραχῆς τὸ 
πλεῖστον μέρος, καὶ διατριβὴν τοῖς στρατηγοῖς ἐνεποίησαν οὐχ 
ἥκιστα βλάψασαν αὐτούς. ὀξέως γὰρ ὁ Σύλλας ταρασσομένοις 
ἐπαγαγὼν καὶ τὸ μέσον διάστημα τῷ τάχει συνελὼν ἀφείλετο 
τὴν τῶν δρεπανηφόρων ἐνέργειαν. ἔρρωται γὰρ μάλιστα μήκει 
δρόμου σφοδρότητα καὶ ῥύμην τῇ διεξελάσει διδόντος, αἱ δὲ ἐκ 
βραχέος ἀφέσεις ἄπρακτοι καὶ ἀμβλεῖαι, καθάπερ βελῶν τάσιν 
οὐ λαβόντων. ὃ δὴ καὶ τότε τοῖς βαρβάροις ἀπήντα· καὶ τὰ 
πρῶτα τῶν ἁρμάτων ἀργῶς ἐξελαυνόμενα καὶ προσπίπτοντα 
νωθρῶς ἐκκρούσαντες οἱ ῾Ρωμαῖοι μετὰ κρότου καὶ γέλωτος 
ἄλλα ᾔτουν, ὥσπερ εἰώθασιν ἐν ταῖς θεατρικαῖς ἱπποδρομίαις. 
τοὐντεῦθεν αἱ πεζαὶ δυνάμεις συνερράγησαν, τῶν μὲν 
βαρβάρων προβαλλομένων τὰς σαρίσας μακρὰς καὶ 
πειρωμένων τῷ συνασπισμῷ τὴν φάλαγγα διατηρεῖν ἐν τάξει, 
τῶν δὲ ῾Ρωμαίων τοὺς μὲν ὑσσοὺς αὐτοῦ καταβαλόντων, 
σπασαμένων δὲ τὰς μαχαίρας καὶ παρακρουομένων τὰς 
σαρίσας, ὡς τάχιστα προσμίξειαν αὐτοῖς δι’ ὀργήν. 
προτεταγμένους γὰρ ἑώρων τῶν πολεμίων μυρίους καὶ 
πεντακισχιλίους θεράποντας, οὓς ἐκ τῶν πόλεων κηρύγμασιν 
ἐλευθεροῦντες οἱ βασιλέως στρατηγοὶ κατελόχιζον εἰς τοὺς 
ὁπλίτας. καί τις ἑκατοντάρχης λέγεται ῾Ρωμαῖος εἰπεῖν ὡς ἐν 
Κρονίοις μόνον εἰδείη τῆς παρρησίας δούλους μετέχοντας. 
τούτους μὲν οὖν διὰ βάθος καὶ πυκνότητα βραδέως 
ἐξωθουμένους ὑπὸ τῶν ὁπλιτῶν καὶ παρὰ φύσιν μένειν 
τολμῶντας αἵ τε βελοσφενδόναι καὶ οἱ γρόσφοι, χρωμένων 
ἀφειδῶς τῶν κατόπιν ῾Ρωμαίων, ἀπέστρεφον καὶ 
συνετάραττον.
 | [18] Comme ils exécutaient ce mouvement, les deux Chéronéens, 
à qui  Sylla avait donné Éricius pour commandant, ayant  gagné la 
cime du Thurium sans être aperçus de  l'ennemi, et s'étant montrés tout à coup sur 
les  hauteurs, jetèrent l'effroi parmi les Barbares, qui  ne pensèrent plus qu'à fuir, et se 
tuèrent la plupart  les uns les autres. N'osant s'arrêter pour faire face  à l'ennemi, et 
s'abandonnant à la pente de la montagne, ils tombaient sur leurs propres piques, et  
se poussaient mutuellement le long de cette pente  rapide, pour fuir les ennemis qui 
se précipitaient  sur eux du haut de la montagne, et les perçaient  aisément, ainsi 
découverts, de leurs armes. Il en périt trois mille sur le haut du Thurium; de ceux qui  
échappèrent à ce premier massacre, les uns allèrent donner dans le corps de troupes 
de Muréna  qui les avait déjà rangées en bataille, et où ils furent taillés en pièces; les 
autres, en courant vers  leur camp, se jetèrent avec tant de confusion sur  le corps de 
leur infanterie, qu'ils la remplirent de  trouble et d'effroi, et firent perdre à leurs 
généraux  un temps considérable, ce qui fut une des principales causes de leur perte; 
car Sylla marchant aussitôt à eux dans le désordre où ils étaient, et franchissant avec 
rapidité l'intervalle qui séparait les  deux armées, ôta aux chars armés de faux tout 
leur  effet : ils ne tirent leur force que de la longueur de  leur course, qui donne à leur 
mouvement de l'impétuosité et de la roideur; s'ils n'ont qu'un court  espace pour 
s'élancer, ils sont sans force et sans  action, comme les traits faiblement lancés n'ont  
point de coup. C'est ce qui arriva en cette occasion  aux Barbares; leurs premiers 
chars partirent si lâchement, et donnèrent avec tant de mollesse, que  les Romains 
n'eurent aucune peine à les repousser,  et qu'ils demandèrent avec de grands éclats 
de rire,  comme à Rome dans les jeux du cirque, qu'on en  fit venir d'autres. XXVI. 
Alors les deux corps d'infanterie commencent l'attaque; les Barbares, baissant leurs 
longues  piques, serrent leurs rangs et leurs boucliers pour conserver leur ordre de 
bataille; mais les Romains,  jetant leurs javelots et prenant leurs épées, écartent leurs 
piques afin de les joindre plutôt corps  à corps. Cette audace leur fut inspirée par la 
colère qui les transporta, quand ils virent aux premiers rangs quinze mille esclaves 
que les généraux  de Mithridate avaient affranchis par un décret public dans les villes 
de la Grèce, et qu'ils avaient  distribués dans l'infanterie pesamment armée; ce  qui fit 
dire à un centurion romain qu'il n'avait  vu qu'aux Saturnales les esclaves jouir des 
droits  de la liberté. Cependant leurs bataillons étaient  si profonds et si serrés, qu'ils 
soutinrent avec audace le choc de l'infanterie romaine, et qu'ils résistèrent beaucoup 
plus longtemps qu'on ne l'aurait attendu de gens de ce caractère. Il fallut faire  venir 
la seconde ligne, qui les accabla d'une grêle  si furieuse de pierres et de traits, qu'ils 
tournèrent le dos et prirent la fuite. 
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