[16] Γενόμενοι δὲ κοινῇ καταλαμβάνονται βουνὸν ἐκ μέσων
ἑστῶτα τῶν ᾿Ελατικῶν πεδίων, εὔγεων καὶ ἀμφιλαφῆ καὶ παρὰ
τὴν ῥίζαν ὕδωρ ἔχοντα· Φιλοβοιωτὸς καλεῖται, καὶ τὴν φύσιν
αὐτοῦ καὶ τὴν θέσιν ἐπαινεῖ θαυμασίως ὁ Σύλλας.
στρατοπεδεύσαντες δὲ παντάπασιν ὀλίγοι τοῖς πολεμίοις
κατεφάνησαν· ἱππεῖς μὲν γὰρ οὐ πλείους πεντακοσίων καὶ
χιλίων ἐγένοντο, πεζοὶ δὲ πεντακισχιλίων καὶ μυρίων ἐλάττους.
ὅθεν ἐκβιασάμενοι τὸν ᾿Αρχέλαον οἱ λοιποὶ στρατηγοὶ καὶ
παρατάξαντες τὴν δύναμιν, ἐνέπλησαν ἵππων, ἁρμάτων,
ἀσπίδων, θυρεῶν τὸ πεδίον. Τὴν δὲ κραυγὴν καὶ ἀλαλαγμὸν
οὐκ ἔστεγεν ὁ ἀὴρ ἐθνῶν τοσούτων ἅμα καθισταμένων εἰς
τάξιν. ἦν δὲ ἅμα καὶ τὸ κομπῶδες καὶ σοβαρὸν αὐτῶν τῆς
πολυτελείας οὐκ ἀργὸν οὐδὲ ἄχρηστον εἰς ἔκπληξιν, ἀλλ’ αἵ τε
μαρμαρυγαὶ τῶν ὅπλων ἠσκημένων χρυσῷ τε καὶ ἀργύρῳ
διαπρεπῶς, αἵ τε βαφαὶ τῶν Μηδικῶν καὶ Σκυθικῶν χιτώνων
ἀναμεμιγμέναι χαλκῷ καὶ σιδήρῳ λάμποντι πυροειδῆ καὶ
φοβερὰν ἐν τῷ σαλεύεσθαι καὶ διαφέρεσθαι προσέβαλον ὄψιν,
ὥστε τοὺς ῾Ρωμαίους ὑπὸ τὸν χάρακα συστέλλειν ἑαυτούς, καὶ
τὸν Σύλλαν μηδενὶ λόγῳ τὸ θάμβος αὐτῶν ἀφελεῖν δυνάμενον,
βιάζεσθαί τε ἀποδιδράσκοντας οὐ βουλόμενον, ἡσυχίαν ἄγειν
καὶ φέρειν βαρέως ἐφυβρίζοντας ὁρῶντα κομπασμῷ καὶ γέλωτι
τοὺς βαρβάρους. ὤνησε μέντοι τοῦτο μάλιστα πάντων αὐτόν. οἱ
γὰρ ἐναντίοι καταφρονήσαντες ἐτράποντο πρὸς ἀταξίαν
πολλήν, οὐδὲ ἄλλως ὑπήκοοι τῶν στρατηγῶν διὰ πολυαρχίαν
ὄντες· ὥστε ὀλίγοι μὲν ἐν τῷ χάρακι διεκαρτέρουν, ὁ δὲ
πλεῖστος ὄχλος ἁρπαγαῖς καὶ πορθήμασι δελεαζόμενος ὁδὸν
ἡμερῶν πολλῶν ἀπὸ τοῦ στρατοπέδου διεσπείρετο. καὶ τήν τε
τῶν Πανοπέων πόλιν ἐκκόψαι λέγονται καὶ τὴν Λεβαδέων
διαρπάσαι καὶ συλῆσαι τὸ μαντεῖον, οὐδενὸς στρατηγοῦ
πρόσταγμα δόντος. ῾Ο δὲ Σύλλας, ἐν ὄμμασιν αὐτοῦ πόλεων
ἀπολλυμένων, δυσανασχετῶν καὶ λυπούμενος, οὐκ εἴα τοὺς
στρατιώτας σχολάζειν, ἀλλὰ προσάγων αὐτοὺς ἠνάγκαζε τόν
τε Κηφισὸν ἐκ τοῦ ῥείθρου παρατρέπειν καὶ τάφρους ὀρύσσειν,
ἀνάπαυλαν οὐδενὶ διδοὺς καὶ τῶν ἐνδιδόντων ἀπαραίτητος
ἐφεστὼς κολαστής, ὅπως ἀπαγορεύσαντες πρὸς τὰ ἔργα διὰ
τὸν πόνον ἀσπάσωνται τὸν κίνδυνον. ὃ καὶ συνέβη. τρίτην γὰρ
ἡμέραν ἐργαζόμενοι τοῦ Σύλλα παρεξιόντος ἐδέοντο μετὰ
κραυγῆς ἄγειν ἐπὶ τοὺς πολεμίους. ὁ δὲ οὐ μάχεσθαι
βουλομένων, ἀλλὰ μὴ βουλομένων πονεῖν ἔφησεν εἶναι τὸν
λόγον· εἰ δὲ ὄντως ἔχουσιν ἀγωνιστικῶς, ἐκέλευσεν ἤδη μετὰ
τῶν ὅπλων ἐλθεῖν ἐκεῖσε, δείξας αὐτοῖς τὴν πρότερον μὲν
γενομένην ἀκρόπολιν τῶν Παραποταμίων, τότε δὲ ἀνῃρημένης
τῆς πόλεως λόφος ἐλείπετο πετρώδης καὶ περίκρημνος, τοῦ
῾Ηδυλίου διωρισμένος ὄρους ὅσον ὁ ῎Ασσος ἐπέχει ῥέων, εἶτα
συμπίπτων ὑπὸ τὴν ῥίζαν αὐτὴν τῷ Κηφισῷ καὶ
συνεκτραχυνόμενος ὀχυρὰν ἐνστρατοπεδεῦσαι τὴν ἄκραν
ποιεῖ. διὸ καὶ τοὺς χαλκάσπιδας ὁρῶν τῶν πολεμίων
ὠθουμένους ἐπ’ αὐτὴν ὁ Σύλλας ἐβούλετο φθῆναι καταλαβὼν
τὸν τόπον· καὶ κατέλαβε χρησάμενος τοῖς στρατιώταις
προθύμοις. ἐπεὶ δὲ ἀποκρουσθεὶς ἐκεῖθεν ὁ ᾿Αρχέλαος ὥρμησεν
ἐπὶ τὴν Χαιρώνειαν, οἱ δὲ συστρατευσάμενοι τῶν Χαιρωνέων
ἐδέοντο τοῦ Σύλλα μὴ προέσθαι τὴν πόλιν, ἐκπέμπει τῶν
χιλιάρχων ἕνα Γαβίνιον μετὰ τάγματος ἑνὸς καὶ τοὺς
Χαιρωνεῖς ἀφίησι, βουληθέντας μέν, οὐ μὴν δυνηθέντας
φθῆναι τὸν Γαβίνιον. οὕτως ἦν ἀγαθὸς καὶ προθυμότερος εἰς τὸ
σῶσαι τῶν σωθῆναι δεομένων. ὁ δὲ ᾿Ιόβας οὐ Γαβίνιόν φησι
πεμφθῆναι, ἀλλὰ ᾿Ερίκιον. ἡ μὲν οὖν πόλις ἡμῶν παρὰ
τοσοῦτον ἐξέφυγε τὸν κίνδυνον.
| [16] XXII. Quand ils eurent réuni leurs troupes, ils campèrent au milieu de la
plaine d'Élatée, sur une colline fertile, couverte d'arbres, et baignée par un ruisseau;
elle s'appelle Philobéote ; Sylla vante beaucoup l'agrément de sa situation et la
bonté de son terrain. Lorsqu'ils eurent dressé leur camp, il fut aisé aux ennemis de
reconnaître leur petit nombre, car ils n'avaient que quinze cents chevaux, et un peu
moins de quinze mille hommes de pied : aussi les officiers de l'armée ennemie,
faisant une sorte de violence à Archélaüs, mirent leurs troupes en bataille, et
remplirent la plaine de chevaux, de chars, d'écus et de boucliers. L'air ne suffisait
pas au bruit et aux cris confus de tant de nations diverses, qui prenaient chacune son
poste. D'ailleurs la magnificence et le luxe de leur équipage servaient encore à
augmenter la frayeur des Romains. L'éclat étincelant de leurs armes enrichies d'or et
d'argent, les couleurs brillantes de leurs cottes d'armes médoises et scythiques,
mêlées au luisant de l'airain et de l'acier, faisaient, à tous leurs mouvements et à
tous leurs pas, étinceler un feu semblable à celui des éclairs, et présentaient un
spectacle effrayant. Les Romains, saisis de terreur, n'osaient quitter leurs
retranchements : Sylla, dont les discours ne pouvaient dissiper leur effroi, et qui ne
voulait pas les forcer de combattre dans cet état de découragement, était obligé de
rester dans l'inaction, et de souffrir, non sans une vive impatience, les bravades et les
risées insultantes des Barbares. Ce fut cependant ce qui lui servit le plus : les
ennemis, pleins de mépris pour les Romains, n'ohservèrent plus aucun ordre ni
aucune discipline. La multitude de leurs chefs devint pour eux une cause
d'insubordination; il ne restait qu'un petit nombre de soldats dans les
retranchements ; les autres. amorcés par l'appât du pillage et du butin, s'écartaient
du camp jusqu'à la distance de plusieurs journées. On dit que dans ces courses ils
détruisirent Panope; et que, sans en avoir reçu l'ordre d'aucun de leurs généraux, ils
saccagèrent Lébadie, dont ils pillèrent le temple et profanèrent l'oracle. XXIII. Sylla,
qui frémissait d'indignation de voir ruiner ces villes sous ses yeux, ne voulut pas du
moins laisser ses troupes en repos; et pour les occuper, il les obligea de détourner le
cours du Céphise, et d'ouvrir de grandes tranchées. Il n'exemptait personne de ce
travail, et les surveillant lui-même, il châtiait avec la dernière sévérité ceux qui se
relâchaient, afin qu'excédés de fatigue, ils préférassent à ces travaux pénibles le
danger d'un combat. Ce moyen lui réussit. Ils étaient au troisième jour de cet
ouvrage, lorsque Sylla ayant fait la visite des travaux, ils lui demandèrent tous, à
grands cris, de les mener aux ennemis. Il leur répondit que cette demande venait
moins du désir de combattre, que de leur dégoût du travail ; que s'ils avaient un
véritable désir d'en venir aux mains, ils n'avaient qu'à prendre sur-le-champ leurs
armes, et aller s'emparer d'un poste qu'il leur montrait de la main : c'était le lieu
qu'occupait autrefois la citadelle des Parapotamiens, et qui, depuis que la ville
avait été ruinée, n'était plus qu'une colline escarpée, pleine de rochers, et séparée du
mont Édylium par la rivière d'Assus, qui, au pied même de la montagne, se jette
dans le Céphise, dont le cours devenu plus rapide par cette jonction, rendait ce
poste très sûr pour y placer un camp. Sylla, qui vit les chalcaspides des ennemis se
mettre en mouvement pour aller l'occuper, voulut les prévenir et s'en saisir le
premier; il y réussit par l'ardeur et l'activité de ses troupes. Archélaüs ayant manqué
son coup, se tourna contre Chéronée : quelques habitants qui servaient dans l'armée
de Sylla l'ayant conjuré de ne pas abandonner cette ville, il y envoya un tribun des
soldats nommé Gabinius, avec une légion, et le fit accompagner de ces Chéronéens,
qui, quelque désir qu'ils eussent d'arriver à Chéronée avant Gabinius, ne purent le
devancer, tant ce tribun montra, pour sauver leur ville, plus d'affection et plus
d'ardeur que ceux mêmes qui désiraient si fort d'être sauvés. Juba nomme ce tribun
Éricius, et non Gabinius Quoi qu'il en soit, c'est ainsi que notre ville fut préservée
d'un si grand danger.
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