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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Pyrrhus

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] δ' ἀγὼν οὗτος οὐ τοσοῦτον ὀργῆς ὧν ἔπαθον οὐδὲ μίσους ἐνέπλησε τοὺς Μακεδόνας πρὸς τὸν Πύρρον, ὅσην δόξαν αὐτοῦ καὶ θαῦμα τῆς ἀρετῆς καὶ λόγον ἐνειργάσατο τοῖς ἰδοῦσι τὰ ἔργα καὶ συνενεχθεῖσι κατὰ τὴν μάχην. <2> καὶ γὰρ ὄψιν ᾤοντο καὶ τάχος ἐοικέναι καὶ κίνημα τοῖς Ἀλεξάνδρου, καὶ τῆς φορᾶς ἐκείνου καὶ βίας παρὰ τοὺς ἀγῶνας ἐν τούτῳ σκιάς τινας ὁρᾶσθαι καὶ μιμήματα, τῶν μὲν ἄλλων βασιλέων ἐν πορφύραις καὶ δορυφόροις καὶ κλίσει τραχήλου καὶ τῷ μεῖζον διαλέγεσθαι, μόνου δὲ Πύρρου τοῖς ὅπλοις καὶ ταῖς χερσὶν ἐπιδεικνυμένου τὸν <3> Ἀλέξανδρον. τῆς δὲ περὶ τάξεις καὶ στρατηγίας ἐπιστήμης αὐτοῦ καὶ δεινότητος ἔνεστι δείγματα λαβεῖν ἐκ τῶν <4> γραμμάτων περὶ τούτων ἀπολέλοιπε. λέγεται δὲ καὶ Ἀντίγονος ἐρωτηθείς, τίς ἄριστος τῶν στρατηγῶν, φάναι "Πύρρος, ἂν γηράσῃ", περὶ τῶν καθ' αὑτὸν <5> οὕτως ἀποφηνάμενος μόνον. Ἀννίβας δὲ συμπάντων ἀπέφαινε τῶν στρατηγῶν πρῶτον μὲν ἐμπειρίᾳ καὶ δεινότητι Πύρρον, Σκιπίωνα δὲ δεύτερον, ἑαυτὸν δὲ τρίτον, ὡς <6> ἐν τοῖς περὶ Σκιπίωνος γέγραπται. καὶ ὅλως τοῦτο μελετῶν ἔοικε καὶ φιλοσοφῶν ἀεὶ διατελεῖν Πύρρος, ὡς μαθημάτων βασιλικώτατον, τὰς δ' ἄλλας <7> <ὡς> γλαφυρίας ἐν οὐδενὶ λόγῳ τίθεσθαι. λέγεται γὰρ ὡς ἐρωτηθεὶς ἔν τινι πότῳ, πότερον αὐτῷ φαίνεται Πύθων αὐλητὴς ἀμείνων Καφισίας, εἰπεῖν ὅτι Πολυπέρχων στρατηγός, ὡς ταῦτα τῷ βασιλεῖ ζητεῖν μόνα καὶ γινώσκειν προσῆκον. ἦν δὲ καὶ πρὸς τοὺς συνήθεις ἐπιεικὴς καὶ πρᾶος ὀργήν, σφοδρὸς δὲ καὶ πρόθυμος ἐν ταῖς χάρισιν. <9> Ἀερόπου γοῦν ἀποθανόντος οὐκ ἤνεγκε μετρίως, ἐκεῖνον μὲν ἀνθρώπινα πεπονθέναι φάσκων, ἑαυτὸν δὲ μεμφόμενος καὶ κακίζων, ὅτι μέλλων ἀεὶ καὶ βραδύνων χάριν οὐκ ἀπέδωκεν αὐτῷ. τὰ μὲν γὰρ χρέα καὶ κληρονόμοις ἔστιν ἀποδοῦναι τῶν δανεισάντων, αἱ δὲ τῶν χαρίτων ἀμοιβαὶ μὴ γενόμεναι πρὸς αἰσθανομένους ἀνιῶσι τὸν χρηστὸν <11> καὶ δίκαιον. ἐν δ' Ἀμβρακίᾳ κακολόγον τινὰ καὶ βλάσφημον ἄνθρωπον οἰομένων δεῖν μεταστῆσαι τὸν Πύρρον, "αὐτοῦ μένων" ἔφη "μᾶλλον ἡμᾶς ἐν ὀλίγοις <12> περιιὼν πρὸς ἅπαντας ἀνθρώπους κακῶς λεγέτω". καὶ τοὺς παρ' οἶνον αὐτὸν λοιδορήσαντας, εἶτ' ἐλεγχομένους ἠρώτησεν εἰ ταῦτ' εἶπον. ἀποκριναμένου δὲ τῶν νεανίσκων ἑνός, "ταῦτ' βασιλεῦ· πλείονα δ' ἂν ἔτι τούτων εἰρήκειμεν, εἰ πλείων παρῆν οἶνος ἡμῖν", γελάσας ἀφῆκε. [8] VIII. Cette défaite excita bien moins la colère et la haine des Macédoniens contre Pyrrhus, pour tout le mal qu'il leur avait fait, qu'elle ne les remplit d'admiration et d'estime pour sa valeur; elle fut, pour tous ceux qui dans le combat avaient été témoins de ses hauts faits et avaient éprouvé la force de ses armes, un sujet continuel de relever ses talents militaires. Ils avaient cru voir en lui le regard, la vitesse, les mouvements d'Alexandre, et comme une ombre, une image de cette impétuosité, de cette violence qui rendait ce héros si terrible dans les combats. Les autres rois imitaient Alexandre en portant des robes de pourpre, en s'environnant de gardes, en penchant la tête comme lui, en parlant avec fierté. Pyrrhus seul le représentait par son courage et par ses exploits. Les ouvrages qu'il a laissés sur l'art militaire prouvent sa science et son habileté à ranger des troupes en bataille et à les commander. Aussi dit-on qu'Antigonus, à qui l'on demandait quel était le plus grand capitaine : "Ce sera Pyrrhus, répondit-il, pourvu qu'il vieillisse". Il ne parlait que des capitaines de son temps; mais Annibal lui donnait la préférence sur ceux de tous les âges précédents; il lui assignait le premier rang en expérience et en capacité, mettait Scipion au second, et se plaçait lui-même au troisième. Nous l'avons déjà dit dans la vie de Scipion. Il est vrai que Pyrrhus ne connut jamais d'autre science ni d'autre étude que celle de la guerre; c'était la seule qu'il jugeât digne d'un roi; il regardait toutes les autres comme des objets de pur agrément, qui ne méritaient aucune estime. On raconte à ce sujet que quelqu'un lui ayant demandé, dans un festin, quel joueur de flûte il préférait de Pithon ou de Caphisias : "Polysperchon, répondit-il, est le meilleur capitaine que je connaisse". Il voulait faire entendre que c'était le seul art qu'il convînt à un prince de connaître et de juger. IX. Doux et facile pour ses amis, lent à se mettre en colère, il était prompt et ardent à reconnaître les services qu'on lui avait rendus. Aussi fut-il vivement affligé de la mort d'Eropus, qui, disait-il, n'avait fait en mourant que subir le sort commun à tous les hommes; au lieu que lui-même il avait à se reprocher comme un tort réel d'avoir, par de trop longs délais, perdu l'occasion de le récompenser de ses services. En effet, on peut rendre aux héritiers d'un créancier l'argent qu'on lui avait emprunté; mais les bienfaits dont on n'a pas témoigné sa reconnaissance à ceux même de qui on les a reçus sont, pour un homme juste et bon, un sujet continuel de regrets. Un jour qu'il était à Ambracie, on lui conseillait d'en chasser un homme qui disait du mal de lui. "Laissons-le, dit-il, parler ici mal de nous entre un petit nombre de personnes, plutôt que de l'envoyer semer partout ses médisances". Une autrefois, on lui amena des jeunes gens qui, en buvant ensemble, avaient tenu sur son compte des propos très offensants. Il leur demanda si ce qu'on disait d'eux était vrai. "Oui, prince, lui répond l'un d'eux; et si le vin ne nous eût manqué, nous en aurions dit bien davantage". Pyrrhus se mit à rire, et les renvoya.


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Dernière mise à jour : 23/08/2007