| [28] Αὐτὸς μὲν οὖν ὁ Πύρρος ἐβιάζετο κατὰ στόμα τοῖς 
ὁπλίταις πρὸς ἀσπίδας πολλὰς τῶν Σπαρτιατῶν 
ἀντιπαρατεταγμένας καὶ τάφρον οὐ περατὴν οὐδὲ βάσιν 
ἀσφαλῆ τοῖς μαχομένοις παρέχουσαν ὑπὸ χαυνότητος. <2> ὁ δὲ 
παῖς Πτολεμαῖος ἔχων δισχιλίους Γαλάτας καὶ Χαόνων 
λογάδας ἐξελίξας τὴν τάφρον, ἐπειρᾶτο κατὰ τὰς <3> ἁμάξας 
ὑπερβαίνειν. αἱ δ' ὑπὸ βάθους καὶ πυκνότητος οὐ μόνον τούτοις 
τὴν ἔφοδον, ἀλλὰ καὶ τοῖς Λακεδαιμονίοις δύσεργον ἐποίουν 
τὴν βοήθειαν. ἀνασπώντων δὲ τῶν Γαλατῶν τοὺς τροχοὺς καὶ 
ὑποσυρόντων τὰς ἁμάξας εἰς τὸν ποταμόν, κατιδὼν τὸν 
κίνδυνον ὁ νεανίας Ἀκρότατος καὶ τὴν <τε> πόλιν διαδραμὼν 
μετὰ τριακοσίων, περιῆλθε τὸν Πτολεμαῖον, οὐ συνορώμενος 
ὑπ' αὐτοῦ διά τινας συγκλινίας, ἕως προσέβαλε τοῖς ἐσχάτοις 
καὶ μεταβαλόντας ἠνάγκασε μάχεσθαι πρὸς ἑαυτόν, 
ὠθουμένους ὑπ' ἀλλήλων εἴς τε τὴν τάφρον καὶ περὶ ταῖς 
ἁμάξαις πίπτοντας, ἄχρι οὗ φόνῳ πολλῷ μόλις ἀνεκόπησαν. 
<5> ἐθεῶντο δ' οἵ τε πρεσβύτεροι καὶ τῶν γυναικῶν τὸ πλῆθος 
ἀριστεύοντα τὸν Ἀκρότατον. ἐπεὶ δ' ἀπῄει πάλιν διὰ τῆς 
πόλεως ἐπὶ τὴν αὑτοῦ τάξιν, αἵματος κατάπλεως καὶ γαῦρος 
ὑπὸ τῆς νίκης ἐπηρμένος, καὶ μείζων ἔδοξε γεγονέναι καὶ 
καλλίων ταῖς Λακαίναις, καὶ τὴν Χιλωνίδα <6> τοῦ ἔρωτος 
ἐζήλουν. τῶν δὲ πρεσβυτέρων τινὲς ἐπηκολούθουν βοῶντες· 
"οἶχε Ἀκρότατε καὶ οἶφε τὰν Χιλωνίδα· <7> μόνον παῖδας 
ἀγαθοὺς τᾷ Σπάρτᾳ ποίει." κατὰ δὲ τὸν Πύρρον αὐτὸν ἰσχυρᾶς 
μάχης συνεστώσης, ἄλλοι τε λαμπρῶς ἠγωνίζοντο, καὶ Φύλλιος 
ἐπὶ πλεῖστον ἀντισχὼν καὶ πλείστους ἀποκτείνας τῶν 
βιαζομένων, ὡς ᾔσθετο τραυμάτων πλήθει παραλυόμενον 
ἑαυτόν, ἐκστάς τινι τῶν ἐπιτεταγμένων τῆς χώρας ἔπεσεν 
ἐντὸς τῶν ὅπλων, ὥστε μὴ γενέσθαι τὸν νεκρὸν ὑπὸ τοῖς 
πολεμίοις.
 | [28] XXXVIII. Pyrrhus, placé aux premiers rangs de son infanterie, 
attaqua de front les Spartiates, qui  tenant leurs boucliers serrés, 
l'attendaient de l'autre côté de la tranchée. Outre qu'elle était difficile  à franchir, la 
terre, fraîchement remuée, s'éboulait sous les pieds des soldats, et les empêchait de  
se tenir fermes sur le bord. Alors Ptolémée, fils  de Pyrrhus, prenant avec lui deux 
mille Gaulois  et l'élite des Chaoniens, court le long du fossé jusqu'aux chariots, et 
tente de franchir de ce côté le  passage. Mais ils étaient si avant dans la terre, et  si 
serrés l'un contre l'autre, que non-seulement  ils arrêtaient les ennemis, mais qu'ils 
empêchaient  même les Lacédémoniens d'en approcher pour  les défendre. Enfin les 
Gaulois s'étant mis à dégager les roues des chariots, et à les traîner dans la  rivière, 
le jeune Acrotatus, qui vit le danger, traverse promptement la ville avec trois cents 
soldats, et, prenant des chemins creux, il enveloppe  Ptolémée, dont il n'est aperçu 
que lorsqu'il tombe  brusquement sur les derniers de ces Gaulois, et  les force de se 
retourner pour combattre contre  lui. Les soldats de Pyrrhus, en se poussant les uns  
les autres, roulaient dans le fossé et sous les chariots : les Spartiates en firent un 
grand carnage,  et les obligèrent de prendre la fuite. Les vieillards  et les femmes, 
témoins des exploits d'Acrotatus, le  virent traverser de nouveau la ville pour 
retourner à son poste, couvert de sang, transporté de  joie et tout fier de sa victoire. Il 
en parut  plus grand et plus beau aux Lacédémoniennes,  qui portèrent envie à 
Chélidonide d'avoir un  amant si courageux. Quelques vieillards même le  suivirent 
en criant : "Va, brave Acrotatus, jouis  de l'amour de Chélidonide et donne seulement  
à Sparte des enfants généreux". Du côté  de Pyrrhus, le combat fut beaucoup plus 
rude; la  plupart des Spartiates y donnèrent des marques  éclatantes de valeur; mais 
personne ne s'y distingua autant que Phyllius, qui, après avoir fait la  plus longue 
résistance après avoir tué de sa main  un grand nombre d'ennemis, sentant qu'il 
perdait ses forces par les blessures qu'il avait reçues,  céda sa place à un de ses 
compagnons, et, pour  ne pas laisser son corps au pouvoir des ennemis,  alla tomber 
mort au milieu des siens. 
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