| [25] Τῶν δὲ Σαυνιτῶν τά τε πράγματα διέφθαρτο καὶ τοῦ 
φρονήματος ὑφεῖντο, κεκρατημένοι μάχαις πολλαῖς ὑπὸ τῶν 
Ῥωμαίων. ἐνῆν δέ τι καὶ πρὸς τὸν Πύρρον ὀργῆς διὰ τὸν εἰς 
Σικελίαν πλοῦν· ὅθεν οὐ πολλοὶ τούτων <2> αὐτῷ συνῆλθον. 
πάντας δὲ νείμας δίχα, τοὺς μὲν εἰς τὴν Λευκανίαν ἔπεμψεν, 
ἀντιληψομένους τοῦ ἑτέρου τῶν ὑπάτων ὡς μὴ βοηθοίη, τοὺς δ' 
ἦγεν αὐτὸς ἐπὶ Μάνιον Κούριον, <περὶ> πόλιν Βενεουεντὸν 
ἱδρυμένον ἐν ἀσφαλεῖ <3> καὶ περιμένοντα τὴν ἐκ τῆς 
Λευκανίας βοήθειαν· ἔστι δ' ὅτε καὶ μάντεων αὐτὸν οἰωνοῖς καὶ 
ἱεροῖς ἀποτρεπόντων <4> ἡσύχαζε. σπεύδων οὖν ὁ Πύρρος 
ἐπιθέσθαι τούτοις πρὶν ἐκείνους ἐπελθεῖν, ἄνδρας τε τοὺς 
κρατίστους καὶ τῶν θηρίων τὰ μαχιμώτατα λαβὼν νυκτὸς 
ὥρμησεν ἐπὶ τὸ <5> στρατόπεδον. περιιόντι δ' αὐτῷ μακρὰν καὶ 
δασεῖαν ὕλαις ὁδὸν οὐκ ἀντέσχε τὰ φῶτα, καὶ πλάναι τοῖς 
στρατιώταις συνέτυχον· καὶ περὶ ταῦτα γινομένης διατριβῆς, ἥ 
τε νὺξ ἐπέλιπε καὶ καταφανὴς ἦν ἅμ' ἡμέρᾳ τοῖς πολεμίοις 
ἐπερχόμενος ἀπὸ τῶν ἄκρων, ὥστε θόρυβον <6> πολὺν καὶ 
κίνησιν παρασχεῖν. οὐ μὴν ἀλλὰ τῶν ἱερῶν τῷ Μανίῳ 
γενομένων, καὶ τοῦ καιροῦ βοηθεῖν ἀναγκάζοντος, ἐξελθὼν 
ἐνέβαλε τοῖς πρώτοις καὶ τρεψάμενος ἐφόβησε πάντας, ὥστε 
καὶ πεσεῖν οὐκ ὀλίγους καὶ τῶν ἐλεφάντων <7> τινὰς ἁλῶναι 
καταλειφθέντας. αὕτη τὸν Μάνιον ἡ νίκη κατήγαγε μαχόμενον 
εἰς τὸ πεδίον· καὶ συμβαλὼν ἐκ προδήλου, τὸ μὲν ἐτρέψατο τῶν 
πολεμίων, ἔστι δ' ᾗ βιασθεὶς ὑπὸ τῶν θηρίων καὶ συσταλεὶς 
πρὸς τὸ στρατόπεδον, τοὺς φύλακας ἐκάλει συχνοὺς 
ἐφεστῶτας τῷ <8> χάρακι μετὰ τῶν ὅπλων καὶ ἀκμῆτας. οἱ δ' 
ἐπιφανέντες ἐκ τόπων ὀχυρῶν καὶ τὰ θηρία βάλλοντες 
ἠνάγκασαν ἀποστρέφεσθαι καὶ φυγῇ χωροῦντα διὰ τῶν 
συμμάχων ὀπίσω ταραχὴν ἀπεργάσασθαι καὶ σύγχυσιν, ἣ τὸ 
νίκημα παρέδωκε τοῖς Ῥωμαίοις, ἅμα δὲ καὶ τὸ κράτος τῆς <9> 
ἡγεμονίας. καὶ γὰρ φρόνημα καὶ δύναμιν καὶ δόξαν ὡς ἄμαχοι 
προσλαβόντες ἐκ τῆς ἀρετῆς ἐκείνης καὶ τῶν ἀγώνων, Ἰταλίαν 
μὲν εὐθύς, ὀλίγῳ δ' ὕστερον Σικελίαν κατέσχον.
 | [25] XXXII. Les Samnites étaient dans la situation la  plus fàcheuse : défaits dans plusieurs 
combats par  les Romains, ils avaient perdu courage. Ils étaient  d'ailleurs mécontents de 
Pyrrhus, et ne lui pardonnaient pas son voyage de Sicile : aussi n'en vint-il  qu'un 
très petit nombre se joindre à lui. Pyrrhus,  partageant en deux corps tout ce qu'il 
avait de  troupes, envoie le premier dans la Lucanie, pour arrêter l'un des consuls, 
et l'empêcher de secourir son collègue; il mène lui-même l'autre  contre le consul 
Manius Curius, qui, campé dans  un poste très-sûr auprès de Bénévent, attendait  le 
secours qui lui venait de Lucanie. Arrêté d'ailleurs par les signes des oiseaux et des 
sacrifices,  et par les menaces des devins, il se tenait tranquille dans son camp. 
Pyrrhus, au contraire,  était pressé de combattre ce corps d'armée avant  que l'autre 
fût arrivé : prenant donc ce qu'il avait  de meilleures troupes, avec ses éléphants les 
plus  aguerris, il se met en marche à l'entrée de la nuit  pour aller attaquer le camp de 
Manius. Comme il  avait un long circuit à faire dans un pays très couvert, les torches 
qui éclairaient sa marche  vinrent à lui manquer, et la plupart de ses soldats  
s'égarèrent. Le temps qu'on mit à les rallier occupa le reste de la nuit; et le jour ayant 
paru  comme il descendait du haut des montagnes, les  ennemis, qui le découvrirent, 
en furent d'abord  troublés. Mais Manius ayant eu des sacrifices heureux, forcé 
d'ailleurs par la circonstance, sort de  ses retranchements, tombe sur les premiers qui  
se présentent, et les met en fuite; les autres sont  saisis d'une telle frayeur, qu'il en 
périt un grand  nombre, et qu'il y eut quelques éléphants de pris.  Cette victoire 
attira Manius en plaine campagne  pour y combatre avec toute son armée; il livra  la 
bataille, et rompit une des ailes de l'ennemi;  mais il fut renversé à l'autre par les 
éléphants,  et repoussé jusque dans son camp. Alors il mande  un corps assez 
nombreux de troupes fraîches qu'il  avait laissées à la garde des retranchements, et  
qui, accourant bien armées, font pleuvoir sur les  éléphants une grêle de traits, et les 
forcent de  tourner le dos; ces animaux se renversant sur  leurs propres bataillons, y 
mettent une confusion  et un désordre qui donnèrent la victoire aux Romains, et avec 
la victoire l'affermissement de  leur empire. La valeur qu'ils avaient fait éclater  dans 
ces combats accrut leurs forces avec leur  confiance, et les fit passer pour invincibles. 
La  conquête de l'Italie, premier fruit de ces succès,  fut bientôt suivie de celle de la 
Sicile. 
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