[24] Τῶν δὲ βαρβάρων συστάντων ἐπ' αὐτὸν ἀποπλέοντα,
Καρχηδονίοις μὲν ἐν τῷ πορθμῷ ναυμαχήσας ἀπέβαλε τῶν
νεῶν πολλάς, ταῖς δ' ἄλλαις κατέφυγε πρὸς <2> τὴν Ἰταλίαν·
Μαμερτῖνοι δὲ μυρίων οὐκ ἐλάττους προδιαβάντες,
ἀντιτάξασθαι μὲν ἐφοβήθησαν, ἐν δὲ ταῖς δυσχωρίαις
ἐπιτιθέμενοι καὶ προσπίπτοντες, ἅπαν τὸ στράτευμα
συνετάραξαν. ἔπεσε δὲ δύο θηρία, καὶ συχνοὶ τῶν <3>
ὀπισθοφυλακούντων ἀπέθνῃσκον. αὐτὸς οὖν ἀπὸ τοῦ
στόματος παρελάσας ἠμύνετο καὶ διεκινδύνευε πρὸς ἄνδρας
ἠσκημένους μάχεσθαι καὶ θυμοειδεῖς. πληγεὶς δὲ τὴν κεφαλὴν
ξίφει καὶ μικρὸν ἐκ τῶν μαχομένων ἀποστάς, ἔτι μᾶλλον
ἐπῆρε τοὺς πολεμίους. εἷς δὲ καὶ πολὺ πρὸ τῶν ἄλλων
ἐπιδραμών, ἀνὴρ τῷ τε σώματι μέγας καὶ τοῖς ὅπλοις λαμπρός,
ἐχρῆτο τῇ φωνῇ θρασυτέρᾳ, καὶ <5> προελθεῖν ἐκέλευεν αὐτὸν
εἰ ζῇ. παροξυνθεὶς δ' ὁ Πύρρος ἐπέστρεψε βίᾳ <μετὰ> τῶν
ὑπασπιστῶν, καὶ μετ' ὀργῆς αἵματι πεφυρμένος καὶ δεινὸς
ὀφθῆναι τὸ πρόσωπον ὠσάμενος δι' αὐτῶν, καὶ φθάσας τὸν
βάρβαρον ἔπληξε κατὰ τῆς κεφαλῆς τῷ ξίφει πληγήν, ῥώμῃ τε
τῆς χειρὸς ἅμα καὶ βαφῆς ἀρετῇ τοῦ σιδήρου μέχρι τῶν κάτω
διαδραμοῦσαν, ὥσθ' ἑνὶ χρόνῳ περιπεσεῖν ἑκατέρωσε τὰ <6>
μέρη τοῦ σώματος διχοτομηθέντος. τοῦτο τοὺς βαρβάρους
ἐπέσχε τοῦ πρόσω χωρεῖν, ὥς τινα τῶν κρειττόνων
θαυμάσαντας καὶ καταπλαγέντας τὸν Πύρρον.
<7> Ὁ δὲ τὴν ἄλλην ὁδὸν ἀδεῶς διεξελθών, ἧκεν εἰς
Τάραντα δισμυρίους πεζοὺς καὶ τρισχιλίους ἱππεῖς κομίζων. <8>
ἀναλαβὼν δὲ τῶν Ταραντίνων τοὺς κρατίστους, εὐθὺς ἐπὶ
Ῥωμαίους ἦγεν ἐν τῇ Σαυνίτιδι στρατοπεδεύοντας.
| [24] Les Barbares, s'étant ligués contre lui, l'attaquèrent à son départ : forcé de
combattre dans le détroit contre les Carthaginois, il perdit plusieurs vaisseaux, et se
sauva avec le reste en Italie. Les Mamertins, qui étaient déjà passés, au nombre au
moins de dix mille, n'osèrent pas se mesurer avec lui en rase campagne; mais l'ayant
attendu dans des lieux difficiles, ils tombèrent brusquement sur lui, et mirent en
désordre toute son armée. Il y perdit deux éléphants et la plus grande partie de son
arrière-garde. Il courut de l'avant-garde au secours de ceux qui restaient, et, bravant
tous les dangers, il se jeta sans ménagement au milieu de ces Barbares, tous aguerris
et pleins de valeur; mais un coup d'épée qu'il reçut à la tête l'obligea de s'éloigner un
peu du champ de bataille. Sa retraite releva le courage des ennemis; un d'entre eux,
qu'on distinguait à la hauteur de sa taille et à l'éclat de ses armes, sort des rangs, et
provoquant le roi d'une voix audacieuse, il lui crie de se montrer, s'il est encore en
vie. Pyrrhus, irrité de son audace, s'arrache des mains de ses officiers, et retourne au
combat, suivi de ses gardes, le visage couvert de sang, et horrible à voir. Transporté
de colère, il traverse ses bataillons, et prévenant le Barbare, il lui porte sur la tête un
si grand coup d'épée, qu'autant par la force de son bras que par l'excellente trempe
de son arme, la lame pénétra si avant, que dans le même instant les deux parties du
corps tombèrent des deux côtés. Un si terrible fait d'armes empêcha les Barbares
d'avancer. Frappés de terreur et d'admiration, ils regardèrent Pyrrhus comme un
dieu, et ne le troublèrent plus dans sa marche. Il arriva donc à Tarente avec vingt
mille hommes de pied et trois mille chevaux ; et, prenant l'élite des Tarentins, il
marcha sans différer contre les Romains campés dans le Samnium.
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