[22] Ἐν τοιαύταις δ' ὢν ἀπορίαις, εἰς ἐλπίδας αὖ πάλιν
καινὰς ἐνέπεσε καὶ πράγματα διχοστασίαν ἔχοντα <2> τῆς
γνώμης. ἅμα γὰρ ἧκον ἐκ μὲν Σικελίας ἄνδρες, Ἀκράγαντα καὶ
Συρακούσας καὶ Λεοντίνους ἐγχειρίζοντες αὐτῷ καὶ δεόμενοι
Καρχηδονίους τε συνεκβαλεῖν καὶ τῶν τυράννων ἀπαλλάξαι
τὴν νῆσον, ἐκ δὲ τῆς Ἑλλάδος ἀγγέλλοντες, ὡς Πτολεμαῖος ὁ
Κεραυνὸς ἀπόλωλε συμπεσὼν Γαλάταις μετὰ τῆς δυνάμεως,
καὶ νῦν ἂν ἐν καιρῷ μάλιστα δεομένοις βασιλέως Μακεδόσι
παραγένοιτο· <3> πολλὰ δὴ τὴν τύχην μεμψάμενος, ὅτι πράξεων
μεγάλων ὑποθέσεις εἰς ἕνα καιρὸν αὐτῷ συνήνεγκε, καὶ
νομίζων, ὡς ἀμφοτέρων ὑπαρχόντων, ἀπολλύναι θάτερον,
διηνέχθη τοῖς λογισμοῖς πολὺν χρόνον. εἶτα τοῖς Σικελικοῖς
μειζόνων ὑποκεῖσθαι πραγμάτων δοκούντων, Λιβύης ἐγγὺς
εἶναι δοκούσης, ἐπὶ ταῦτα τρέψας Κινέαν μὲν εὐθὺς ἐξέπεμψε
προδιαλεξόμενον ὥσπερ εἰώθει ταῖς πόλεσιν, αὐτὸς δὲ τοῖς
Ταραντίνοις ἐμβαλὼν φρουράν, δυσανασχετοῦσι καὶ ἀξιοῦσιν ἢ
παρέχειν ἐφ' οἷς ἧκε συμπολεμοῦντα Ῥωμαίοις, ἢ τὴν χώραν
προέμενον αὐτῶν ἀπολιπεῖν τὴν πόλιν οἵαν παρέλαβε, μηδὲν
ἐπιεικὲς ἀποκρινάμενος, ἀλλὰ προστάξας ἡσυχίαν ἄγειν καὶ
<6> περιμένειν τὸν ἑαυτοῦ καιρόν, ἐξέπλευσεν. ἁψαμένῳ δ'
αὐτῷ Σικελίας ἃ μὲν ἤλπισεν εὐθὺς ἀπήντα βέβαια, καὶ
παρεῖχον αἱ πόλεις ἑαυτὰς προθύμως, τῶν δ' ἀγῶνος καὶ βίας
δεηθέντων οὐδὲν ἀντεῖχε τὸ πρῶτον, ἀλλὰ τρισμυρίοις πεζοῖς
καὶ δισχιλίοις πεντακοσίοις ἱππεῦσι καὶ διακοσίαις ναυσὶν
ἐπιών, τούς τε Φοίνικας ἐξῄρει καὶ κατεστρέφετο <7> τὴν
ἐπικράτειαν αὐτῶν. τοῦ δ' Ἔρυκος ἐχυρωτάτου τῶν χωρίων
ὄντος καὶ πολλοὺς <τοὺς> ἀμυνομένους ἔχοντος, <8> ἔγνω
βιάζεσθαι πρὸς τὰ τείχη. καὶ τῆς στρατιᾶς γενομένης ἑτοίμης,
ἐνεδύσατο τὴν πανοπλίαν, καὶ προελθὼν εὔξατο τῷ Ἡρακλεῖ
ποιήσειν ἀγῶνα καὶ θυσίαν ἀριστεῖον, ἂν τοῦ γένους καὶ τῶν
ὑπαρχόντων ἄξιον ἀγωνιστὴν αὐτὸν <9> ἀποδείξῃ τοῖς Σικελίαν
οἰκοῦσιν Ἕλλησι· τῇ δὲ σάλπιγγι σημήνας καὶ τοῖς βέλεσι τοὺς
βαρβάρους ἀνασκεδάσας καὶ τὰς κλίμακας προσαγαγών,
πρῶτος ἐπέβη τοῦ τείχους. <10> ἀντιστάντων δὲ πολλῶν,
ἀμυνόμενος τοὺς μὲν ἐξέωσε τοῦ τείχους ἐπ' ἀμφότερα καὶ
κατέβαλε, πλείστους δὲ <11> περὶ αὑτὸν τῷ ξίφει χρώμενος
ἐσώρευσε νεκρούς. ἔπαθε δ' αὐτὸς οὐδέν, ἀλλὰ καὶ προσιδεῖν
δεινὸς ἐφάνη τοῖς πολεμίοις, καὶ τὸν Ὅμηρον ἔδειξεν ὀρθῶς καὶ
μετ' ἐμπειρίας ἀποφαίνοντα τῶν ἀρετῶν μόνην τὴν ἀνδρείαν
φορὰς πολλάκις ἐνθουσιώδεις καὶ μανικὰς φερομένην. <12>
ἁλούσης δὲ τῆς πόλεως ἔθυσέ τε τῷ θεῷ μεγαλοπρεπῶς καὶ
θέας ἀγώνων παντοδαπῶν παρέσχε.
| [22] XXVIII. Au milieu de ces difficultés et de ces inquiétudes,
il se vit tout à coup rejeté dans ses vaines espérances par les nouvelles
entreprises qu'on vint lui offrir, et qui lui laissaient l'embarras du choix. D'un côté, il
arriva de Sicile des ambassadeurs qui venaient remettre en son pouvoir les villes
d'Agrigente, de Syracuse, et des Léontins, le prier de chasser les Carthaginois de leur
île et de la délivrer de ses tyrans. D'un autre côté, des courriers venus de Grèce lui
portèrent la nouvelle que Ptolémée Céraunus avait été tué dans une bataille contre
les Gaulois, et que c'était la circonstance la plus favorable pour se présenter aux
Macédoniens, qui avaient besoin d'un roi. Pyrrhus se plaignit de la fortune, qui lui
offrait en même temps deux occasions de faire de si grandes choses; et voyant avec
regret qu'il ne pouvait saisir l'une sans laisser échapper l'autre, il balança longtemps
sur le choix. Enfin, les affaires de Sicile lui paraissant beaucoup plus importantes à
cause du voisinage de l'Afrique, il se décida pour cette entreprise; et sur-le-champ il
députa, selon sa coutume, Cinéas pour aller traiter avec les villes. Cependant la
garnison qu'il mit dans Tarente déplut fort aux habitants, qui lui représentèrent ou
qu'il devait rester avec eux pour faire la guerre aux Romains, comme il s'y était
engagé en venant à Tarente ; ou que, s'il abandonnait l'Italie, il devait laisser leur
ville dans l'état où il l'avait trouvée. II leur répondit sèchement de se tenir
tranquilles, et d'attendre ses moments ; après quoi il s'embarqua. Arrivé en Sicile, il
vit d'abord toutes ses espérances se réaliser; les villes s'empressaient de se soumettre
à lui; et partout où il eut à employer la force des armes, rien ne lui résista. Avec une
armée de trente mille hommes de pied, de deux mille cinq cents chevaux, et une
flotte de deux cents voiles, il chassait partout devant lui les Carthaginois, et
détruisait leur domination. XXIX. La ville d'Érix était la plus forte de celles qu'ils
possédaient, et la mieux pourvue de défenseurs : Pyrrhus résolut de l'emporter de
force. Quand tout fut prêt pour l'assaut, il se revêtit de toutes ses armes; et
s'approchant de la ville, il promit à Hercule un sacrifice et des jeux destinés à
honorer la valeur, s'il lui accordait la gloire de paraître par ses exploits, aux yeux
des Grecs qui habitaient la Sicile, digne de sa naissance et de sa fortune. A peine les
trompettes ont donné le signal, qu'il fait écarter les Barbares à coups de traits; on
dresse les échelles, et il monte le premier sur la muraille. Un gros d'ennemis osant lui
faire tête, il chasse et précipite les uns du haut de la muraille ; il frappe les autres à
coups d'épée; et, sans recevoir lui-même aucune blessure, il a bientôt élevé autour
de lui un monceau de morts. Il paraissait si terrible aux Barbares, qu'ils n'osaient
soutenir ses regards; et il prouva qu'Homère a jugé de la valeur en homme
expérimenté, torsqu'il a dit que, de toutes les vertus, c'est la seule dont les
mouvements soient inspirés et approchent de la fureur. Quand il fut maître de la
ville, il fit à Hercule un sacrifice magnifique, et célébra des jeux de toute espèce.
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