[21] Μετὰ ταῦτα τοῦ Φαβρικίου τὴν ἀρχὴν παραλαβόντος,
ἧκεν ἀνὴρ εἰς τὸ στρατόπεδον πρὸς αὐτόν, ἐπιστολὴν κομίζων
ἣν ἔγραψεν ὁ τοῦ βασιλέως ἰατρός, ἐπαγγελλόμενος
φαρμάκοις ἀναιρήσειν τὸν Πύρρον, εἰ χάρις αὐτῷ παρ' ἐκείνων
ὁμολογηθείη λύσαντι τὸν πόλεμον <2> ἀκινδύνως. ὁ δὲ
Φαβρίκιος δυσχεράνας πρὸς τὴν ἀδικίαν τοῦ ἀνθρώπου, καὶ τὸν
συνάρχοντα διαθεὶς ὁμοίως, ἔπεμψε γράμματα πρὸς τὸν
Πύρρον κατὰ τάχος, φυλάττεσθαι τὴν ἐπιβουλὴν κελεύων.
εἶχε δ' οὕτως τὰ γεγραμμένα· "Γάιος Φαβρίκιος καὶ Κόιντος
Αἰμίλιος ὕπατοι Ῥωμαίων Πύρρῳ βασιλεῖ χαίρειν. οὔτε φίλων
εὐτυχὴς <4> ἔοικας εἶναι κριτὴς οὔτε πολεμίων. γνώσῃ δὲ τὴν
πεμφθεῖσαν ἡμῖν ἐπιστολὴν ἀναγνούς, ὅτι χρηστοῖς καὶ
δικαίοις ἀνδράσι πολεμεῖς, ἀδίκοις δὲ καὶ κακοῖς πιστεύεις. οὐδὲ
γὰρ ταῦτα σῇ χάριτι μηνύομεν, ἀλλ' ὅπως μὴ τὸ σὸν πάθος
ἡμῖν διαβολὴν ἐνέγκῃ καὶ δόλῳ δόξωμεν, ὡς <5> ἀρετῇ μὴ
δυνάμενοι, κατεργάσασθαι τὸν πόλεμον." ἐντυχὼν τούτοις τοῖς
γράμμασιν ὁ Πύρρος καὶ τὴν ἐπιβουλὴν ἐξελέγξας, τὸν μὲν
ἰατρὸν ἐκόλασε, Φαβρικίῳ δὲ καὶ Ῥωμαίοις ἀμοιβὴν ἐδωρεῖτο
προῖκα τοὺς αἰχμαλώτους, καὶ πάλιν ἔπεμψε τὸν Κινέαν
διαπραξόμενον αὐτῷ τὴν <6> εἰρήνην. οἱ δὲ Ῥωμαῖοι μήτ' εἰ
χάρις ἐστὶ παρὰ πολεμίου, μήτ' εἰ μισθὸς τοῦ μὴ ἀδικηθῆναι,
λαβεῖν προῖκα τοὺς ἄνδρας ἀξιώσαντες, ἴσους ἀπέλυσαν αὐτῷ
Ταραντίνων καὶ Σαυνιτῶν, περὶ δὲ φιλίας καὶ εἰρήνης οὐδὲν
εἴων διαλέγεσθαι, πρὶν <ἂν> ἀράμενος τὰ ὅπλα καὶ τὸν
στρατὸν ἐξ Ἰταλίας αἷς ἦλθε ναυσὶν ἀποπλεύσῃ πάλιν εἰς Ἤπειρον.
<7> Ἐκ τούτου μάχης ἄλλης τῶν πραγμάτων αὐτῷ
δεομένων, ἀναλαβὼν τὴν στρατιὰν ἐχώρει, καὶ περὶ Ἄσκλον
πόλιν τοῖς Ῥωμαίοις συνάψας καὶ βιαζόμενος πρὸς χωρία
δύσιππα καὶ ποταμὸν ἰλυώδη καὶ τραχύν, ἔφοδον τῶν θηρίων
οὐ λαβόντων, ὥστε προσμεῖξαι τῇ φάλαγγι, τραυμάτων
πολλῶν γενομένων καὶ νεκρῶν πεσόντων, <8> τότε μὲν διεκρίθη
μέχρι νυκτὸς ἀγωνισάμενος. τῇ δ' ὑστεραίᾳ στρατηγῶν δι'
ὁμαλοῦ τὴν μάχην θέσθαι καὶ τοὺς ἐλέφαντας ἐν τοῖς ὅπλοις
γενέσθαι τῶν πολεμίων, προέλαβε τὰς δυσχωρίας φυλακῇ, καὶ
πολλὰ καταμείξας ἀκοντίσματα καὶ τοξεύματα τοῖς θηρίοις,
ἐπῆγε μετὰ ῥώμης καὶ βίας πυκνὴν καὶ συντεταγμένην τὴν
δύναμιν. <9> οἱ δὲ Ῥωμαῖοι τὰς διακλίσεις καὶ τὰς
ἀντιπαραγωγὰς τὰς πρότερον οὐκ ἔχοντες, ἐξ ἐπιπέδου
συνεφέροντο κατὰ <10> στόμα· καὶ σπεύδοντες ὤσασθαι τοὺς
ὁπλίτας πρὶν ἐπιβῆναι τὰ θηρία, δεινοὺς περὶ τὰς σαρίσας τῶν
ξιφῶν ἀγῶνας εἶχον, ἀφειδοῦντες ἑαυτῶν καὶ <πρὸς> τὸ τρῶσαι
καὶ καταβαλεῖν ὁρῶντες, τὸ δὲ παθεῖν εἰς οὐδὲν τιθέμενοι. <11>
χρόνῳ δὲ πολλῷ λέγεται μὲν ἀρχὴ τροπῆς κατ' αὐτὸν γενέσθαι
τὸν Πύρρον, ἐπερείσαντα τοῖς ἀντιτεταγμένοις, τὸ δὲ πλεῖστον
ἀλκῇ καὶ βίᾳ τῶν ἐλεφάντων κατειργάσατο, χρήσασθαι τῇ
ἀρετῇ πρὸς τὴν μάχην τῶν Ῥωμαίων μὴ δυναμένων, ἀλλ' οἷον
ἐφόδῳ κύματος ἢ σεισμοῦ κατερείποντος οἰομένων δεῖν
ἐξίστασθαι, μηδ' ὑπομένειν ἀπράκτους ἀποθνῄσκειν, ἐν τῷ
μηδὲν ὠφελεῖν πάντα πάσχοντας τὰ χαλεπώτατα. τῆς δὲ
φυγῆς οὐ μακρᾶς εἰς τὸ στρατόπεδον γενομένης, ἑξακισχιλίους
ἀποθανεῖν φησι τῶν Ῥωμαίων Ἱερώνυμος, τῶν δὲ περὶ Πύρρον
ἐν τοῖς βασιλικοῖς ὑπομνήμασιν ἀνενεχθῆναι τρισχιλίους
πεντακοσίους καὶ πέντε τεθνηκότας. ὁ μέντοι Διονύσιος
οὔτε δύο περὶ Ἄσκλον μάχας οὔθ' ὁμολογουμένην ἧτταν
ἱστορεῖ γενέσθαι Ῥωμαίων, ἅπαξ δὲ μέχρι δυσμῶν ἡλίου
μαχεσαμένους μόλις ἀπαλλαγῆναι, τοῦ Πύρρου τρωθέντος
ὑσσῷ τὸν βραχίονα καὶ τὴν ἀποσκευὴν ἅμα Δαυνίων
διαρπασάντων, ἀποθανεῖν δὲ καὶ Πύρρου καὶ Ῥωμαίων ἄνδρας
ὑπὲρ <14> μυρίους πεντακισχιλίους ἑκατέρων. διελύθησαν δ'
ἀμφότεροι· καὶ λέγεται τὸν Πύρρον εἰπεῖν πρός τινα τῶν
συνηδομένων αὐτῷ· "ἂν ἔτι μίαν μάχην Ῥωμαίους
νικήσωμεν, ἀπολούμεθα παντελῶς." πολὺ μὲν γὰρ
ἀπωλώλει μέρος ἧς ἄγων ἧκε δυνάμεως, φίλοι δὲ καὶ στρατηγοὶ
πλὴν ὀλίγων ἅπαντες, μεταπέμπεσθαι δ' οὐκ ἦσαν ἕτεροι, καὶ
τοὺς αὐτόθι συμμάχους ἀμβλυτέρους ἑώρα, τοῖς δὲ Ῥωμαίοις
ὥσπερ ἐκ πηγῆς οἴκοθεν ἐπιρρεούσης ἀναπληρούμενον
εὐπόρως καὶ ταχὺ τὸ στρατόπεδον, καὶ ταῖς ἥτταις οὐκ
ἀποβάλλοντας τὸ θαρρεῖν, ἀλλὰ καὶ ῥώμην καὶ φιλονικίαν ὑπ'
ὀργῆς ἐπὶ τὸν πόλεμον προσλαμβάνοντας.
| [21] XXV. L'année suivante, Fabricius fut nommé consul; et comme il était dans son
camp, un homme vint lui apporter une lettre du médecin de Pyrrhus, qui offrait
d'empoisonner ce prince, si les Romains voulaient lui assurer une récompense
proportionnée au service qu'il leur rendrait, en terminant la guerre sans aucun
danger pour eux. Fabricius, indigné de la perfidie de cet homme, et faisant partager
ses sentiments à son collègue, écrivit sur-le-champ à Pyrrhus, pour l'avertir de se
mettre en garde contre cette trahison. La lettre était conçue en ces termes : "Caïus
Fabricius et Quintus Émilius, consuls des Romains, au roi Pyrrhus, salut. Il paraît
que vous n'êtes heureux ni dans le choix de vos amis, ni dans celui de vos ennemis; la
lecture de la lettre que nous vous renvoyons vous convaincra que vous faites la
guerre à des hommes justes et bons, et que vous donnez votre confiance à des
méchants et à des traîtres. Ce n'est pas pour obtenir votre reconnaissance que nous
vous découvrons cette perfidie; c'est afin que votre mort ne donne pas lieu de nous
calomnier, et de dire que, désespérant de vous vaincre par notre valeur, nous avons
eu recours à la trahison pour terminer cette guerre". Pyrrhus, après la lecture de la
lettre, s'étant assuré de la vérité du complot, fit punir son médecin; et, pour
témoigner sa reconnaissance à Fabricius et aux Romains, il renvoya tous les
prisonniers sans rançon, et députa de nouveau Cinéas à Rome, pour tâcher de
conclure la paix. Les Romains, qui ne croyaient mériter ni récompense ni grâce de la
part d'un ennemi, pour n'avoir pas consenti à une injustice, ne voulurent pas
recevoir gratuitement les prisonniers, et lui renvoyèrent un pareil nombre de
Tarentins et de Samnites. Quant à la paix, ils ne souffrirent pas même que Cinéas en
parlât avant que Pyrrhus fût sorti de l'Italie avec toutes ses troupes, et qu'il n'eût
repris la route de l'Épire sur les mêmes vaisseaux qui l'avaient apporté. XXVI. Mais
comme l'état de ses affaires demandait un second combat, il se mit en route avec
toute son armée, et attaqua les Romains près de la ville d'Asculum. Là, serré
dans des lieux où sa cavalerie ne pouvait pas agir, et arrêté par une rivière dont les
bords difficiles et marécageux ne laissaient point de passage à ses éléphants pour
aller rejoindre l'infanterie, il eut un grand nombre de morts et de blessés. La nuit vint
séparer les deux armées; mais le lendemain, pour se ménager l'avantage de
combattre sur un terrain plus uni, où les éléphants pussent charger les ennemis, il fit
occuper dès le matin, par un corps de troupes, les postes difficiles où il avait
combattu la veille, jeta parmi les éléphants un grand nombre d'archers et de gens de
trait, et, tenant ses rangs serrés et en bon ordre, il marcha avec impétuosité contre les
Romains. Ceux-ci, qui n'avaient plus, comme le jour précédent, les moyens d'éviter
l'ennemi et de l'enfermer, ne purent combattre que de front sur un terrain égal.
Comme ils voulaient rompre l'infanterie de Pyrrhus avant qu'on eût fait approcher
les éléphants, ils firent des efforts prodigieux pour briser avec leurs épées les
longues piques des ennemis; et, sans ménager leurs personnes, sans se mettre en
peine des blessures qu'ils recevaient, ils ne visaient qu'à renverser leurs ennemis.
Enfin, après un long combat, ils commencèrent à plier du côté où se trouvait
Pyrrhus : ils ne purent soutenir l'effort de sa phalange; la force et l'impétuosité des
éléphants achevèrent la déroute; la valeur des Romains devenait inutile contre ces
animaux, dont la masse les entraînait, semblable à la violence d'une vague ou à la
secousse d'un tremblement de terre, à laquelle ils croyaient devoir céder, plutôt que
d'attendre, sans pouvoir combattre ni se secourir les uns les autres, la mort la plus
inutile et la plus cruelle. Heureusement ils n'eurent pas à aller loin pour regagner
leur camp. XXVII. Hiéronyme rapporte que les Romains perdirent six mille hommes;
que du côté de Pyrrhus, suivant les registres du roi, il n'en périt que trois mille cinq
cent cinq. Mais Denys d'Halicarnasse prétend qu'il n'y eut pas deux combats près
d'Asculum, et que la défaite des Romains ne fut pas avérée. Selon cet historien, il ne
se livra qu'une seule bataille, qui dura jusqu'au coucher du soleil; et les combattants
ne se séparèrent, même avec peine, qu'après que Pyrrhus eut été blessé au bras d'un
coup d'épieu, et son bagage pillé par les Samnites; il y eut dans les deux armées
environ quinze mille morts; elles rentrèrent chacune dans son camp ; et comme on
félicitait Pyrrhus de sa victoire : "Si nous en remportons encore une pareille, répondit-il,
nous sommes perdus sans ressource. » En effet, cette bataille lui avait coûté la
meilleure partie des troupes qu'il avait amenées d'Épire, avec le plus grand nombre
de ses amis et de ses capitaines; il n'en avait point d'autres pour les remplacer, et il
voyait ses alliés refroidis. Les Romains, au contraire, tiraient de leur pays, comme
d'une source inépuisable, de quoi réparer, avec autant de facilité que de
promptitude, les pertes de leurs légions; et, loin d'être abattus par leurs défaites, ils
puisaient dans leur ressentiment même de nouvelles forces et une nouvelle ardeur
pour continuer la guerre.
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