[10] Μετὰ δὲ τὴν μάχην ταύτην ὁ Πύρρος ἐπανελθὼν οἴκαδε
λαμπρὸς ὑπὸ δόξης καὶ φρονήματος ἔχαιρε, καὶ Ἀετὸς ὑπὸ τῶν
Ἠπειρωτῶν προσαγορευόμενος, "δι' ὑμᾶς" ἔλεγεν "ἀετός εἰμι·
πῶς γὰρ οὐ μέλλω, τοῖς ὑμετέροις ὅπλοις ὥσπερ ὠκυπτέροις
ἐπαιρόμενος;" ὀλίγῳ δ' ὕστερον πυθόμενος νοσεῖν τὸν
Δημήτριον ἐπισφαλῶς, ἐνέβαλε μὲν ἐξαίφνης εἰς Μακεδονίαν
ὡς ἐπιδρομήν τινα καὶ λεηλασίαν ποιησόμενος, παρ' ὀλίγον δ'
ἦλθε πάντων ὁμοῦ κρατῆσαι καὶ λαβεῖν ἀμαχεὶ τὴν βασιλείαν,
ἐλάσας ἄχρι Ἐδέσσης μηδενὸς ἀμυνομένου, πολλῶν δὲ καὶ
προστιθεμένων καὶ συστρατευόντων. αὐτόν τε δὴ τὸν
Δημήτριον ὁ κίνδυνος ἐξανέστησε παρὰ δύναμιν, οἵ τε φίλοι καὶ
ἡγεμόνες ὀλίγῳ χρόνῳ πολλοὺς ἀθροίσαντες, ἐρρωμένως
καὶ προθύμως ἐπὶ τὸν Πύρρον ὥρμησαν. ὁ δὲ λῃστρικώτερον
ἀφιγμένος οὐκ ἔμεινεν, ἀλλὰ φεύγων μέρος τι τῆς στρατιᾶς
ἀπέβαλε, καθ' ὁδὸν ἐπιθεμένων τῶν <5> Μακεδόνων. οὐ μὴν ὅτι
ῥᾳδίως καὶ ταχὺ τὸν Πύρρον ἐξέβαλε τῆς χώρας ὁ Δημήτριος
ἠμέλησεν, ἐγνωκὼς δὲ μεγάλων πραγμάτων ἀντιλαμβάνεσθαι
καὶ τὴν πατρῴαν ἀρχὴν ἀνακτᾶσθαι δέκα μυριάσι στρατοῦ καὶ
ναυσὶ πεντακοσίαις, οὐκ ἐβούλετο τῷ Πύρρῳ προσπταῖσαι οὐδ'
ἀπολιπεῖν Μακεδόσι πάροικον ἐργώδη καὶ χαλεπόν, ἀλλ' ἐπεὶ
μὴ ἐσχόλαζε πολεμεῖν πρὸς αὐτόν, διαλυθεὶς καὶ θέμενος
εἰρήνην οὕτως ἐπὶ τοὺς ἄλλους βασιλεῖς τραπέσθαι.
<6> Γενομένων δὲ διὰ ταῦτα τῶν ὁμολογιῶν, καὶ τῆς
γνώμης ἅμα τῷ μεγέθει τῆς παρασκευῆς ἐκφανείσης τοῦ
Δημητρίου, φοβηθέντες οἱ βασιλεῖς διεπέμποντο πρὸς τὸν
Πύρρον ἀγγέλους καὶ γράμματα, θαυμάζειν φάσκοντες, εἰ τὸν
αὑτοῦ προέμενος καιρὸν ἐν τῷ Δημητρίου πολεμῆσαι
περιμένει, καὶ δυνάμενος Μακεδονίας ἐκβαλεῖν αὐτὸν πολλὰ
ταράττοντα καὶ ταραττόμενον, ἐκδέχεται <καὶ> σχολάζοντι καὶ
μεγάλῳ γενομένῳ περὶ τῶν ἐν Μολοσσοῖς ἱερῶν καὶ τάφων
διαγωνίσασθαι, καὶ ταῦτα Κέρκυραν ἔναγχος ἀφῃρημένος ὑπ'
αὐτοῦ μετὰ τῆς γυναικός. <7> ἡ γὰρ Λάνασσα μεμψαμένη τὸν
Πύρρον ὡς μᾶλλον προσέχοντα ταῖς βαρβάροις γυναιξίν, εἰς
Κέρκυραν ἀπεχώρησε, καὶ δεομένη γάμων βασιλικῶν ἐκάλει
Δημήτριον, ἐπισταμένη μάλιστα τῶν βασιλέων εὐκόλως ἔχοντα
πρὸς γάμους γυναικῶν. ἐκεῖνος δὲ πλεύσας τῇ τε Λανάσσῃ
συνῆλθε καὶ φρουρὰν ἐν τῇ πόλει κατέλιπε.
| [10] X. Après sa victoire sur Pantauchus, Pyrrhus rentra dans l'Épire,
transporté de joie, couvert de gloire et plein de confiance. Les Épirotes lui
ayant donné le surnom d'aigle : "C'est par vous, leur dit-il, que je le suis devenu; vos
armes ont été pour moi comme des ailes rapides qui m'ont élevé à un vol si haut".
Peu de temps après, informé que Démétrius était dangereusement malade, il entre
brusquement en Macédoine, dans l'intention seulement d'y faire une course, et
d'emmener du butin. Mais peu s'en fallut que, sans coup férir, ne se rendît maître de
tout le royaume; car il s'avança jusqu'à Édesse, sans trouver de résistance; on
venait même de toutes parts se joindre à lui et fortifier son armée. Le danger força
Démétrius de surmonter sa faiblesse; d'un autre côté, ses amis et ses capitaines
ayant, en peu de temps, mis sur pied une armée nombreuse, marchèrent contre
Pyrrhus avec autant de diligence que d'ardeur. Ce prince, qui n'était venu que pour
piller, ne les attendit pas; toujours poursuivi et harcelé dans sa retraite par les
Macédoniens, il perdit une partie de ses troupes. La facilité et la promptitude avec
lesquelles Démétrius l'avait chassé de ses États, ne fut pas une raison pour lui de
mépriser ce prince; comme il avait formé de très grands projets, et qu'il se proposait
de reconquérir le royaume de son père avec une armée de terre de cent mille
hommes et une flotte de cinq cents voiles, il ne voulut pas s'arrêter à faire la guerre à
Pyrrhus, ni laisser les Macédoniens aux prises avec un voisin si dangereux. N'ayant
donc pas le loisir de l'attaquer alors, il fit la paix avec lui, pour marcher contre les
autres rois. XI. Le traité qu'il venait de conclure par ce seul motif, et les
préparatifs immenses qu'il avait faits, ayant dévoilé son véritable dessein, les rois
effrayés envoyèrent à Pyrrhus des courriers chargés de lettres, dans lesquelles ils lui
témoignaient leur surprise de ce qu'il sacrifiait ainsi à Démétrius l'occasion la plus
favorable, et attendait, pour faire la guerre, la commodité de son ennemi : que,
maître de le chasser facilement de la Macédoine pendant qu'il était occupé de vastes
entreprises qui le jetaient dans de si grands embarras, il voulait lui donner le temps
de s'en délivrer et d'augmenter ses forces, pour se voir attaqué dans la Molosside
même, où il aurait à combattre pour la défense de ses temples et des tombeaux de
ses ancêtres; et cela, après que Démétrius venait tout récemment de lui enlever sa
femme avec l'île de Corcyre. Car Lanassa, blessée de ce que Pyrrhus lui préférait ses
autres femmes, qui n'étaient que des Barbares, s'était retirée à Corcyre; et voulant se
remarier à un roi, elle avait appelé Démétrius, qu'elle connaissait pour celui de tous
les princes qui contractait le plus volontiers des mariages. Démétrius étant passé à
Corcyre, l'épousa, et mit une garnison dans la ville.
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