| [5] Τῷ δ' ἤθει προσηνέστατος ὢν καὶ φιλανθρωπότατος, 
ἀπὸ τοῦ προσώπου δυσξύμβολος ἐφαίνετο καὶ σκυθρωπός, 
ὥστε μὴ ῥᾳδίως ἄν τινα (2) μόνον ἐντυχεῖν αὐτῷ τῶν 
ἀσυνήθων. διὸ καὶ Χάρητί ποτε πρὸς τὰς ὀφρῦς αὐτοῦ λέγοντι 
τῶν Ἀθηναίων ἐπιγελώντων, "οὐδὲν" εἶπεν "αὕτη ὑμᾶς 
λελύπηκεν ἡ ὀφρύς· ὁ δὲ τούτων γέλως πολλὰ κλαῦσαι τὴν 
πόλιν πεποίη(3)κεν." ὁμοίως δέ πως τοῦ Φωκίωνος καὶ ὁ λόγος 
ἦν ἐπὶ χρηστοῖς ἐνθυμήμασι καὶ διανοήμασι σωτήριος, 
προστακτικήν τινα καὶ αὐστηρὰν καὶ ἀνήδυν(4)τον ἔχων 
βραχυλογίαν. ὡς γὰρ ὁ Ζήνων ἔλεγεν, ὅτι δεῖ τὸν φιλόσοφον εἰς 
νοῦν ἀποβάπτοντα προφέρεσθαι τὴν λέξιν, οὕτως ὁ Φωκίωνος 
λόγος (5) πλεῖστον ἐν ἐλαχίστῃ λέξει νοῦν εἶχε. καὶ πρὸς τοῦτ' 
ἔοικεν ἀπιδὼν ὁ Σφήττιος Πολύευκτος εἰπεῖν, ὅτι ῥήτωρ μὲν 
ἄριστος εἴη Δημοσθένης, (6) εἰπεῖν δὲ δεινότατος ὁ Φωκίων. ὡς 
γὰρ ἡ τοῦ νομίσματος ἀξία πλείστην ἐν ὄγκῳ βραχυτάτῳ 
δύναμιν ἔχει, οὕτω λόγου δεινότης (ἐ)δοκεῖ πολλὰ (7) σημαίνειν 
ἀπ' ὀλίγων. καὶ μέντοι καὶ αὐτόν ποτε τὸν Φωκίωνά φασι 
πληρουμένου τοῦ θεάτρου περιπατεῖν ὑπὸ σκηνήν, αὐτὸν ὄντα 
πρὸς ἑαυτῷ (8) τὴν διάνοιαν· εἰπόντος δέ τινος τῶν φίλων 
"σκεπτομένῳ Φωκίων ἔοικας," "ναὶ μὰ τὸν Δία" φάναι, 
"σκέπτομαι εἴ τι δύναμαι τοῦ λόγου περιελεῖν (9) ὃν μέλλω 
λέγειν πρὸς Ἀθηναίους." ὁ δὲ Δημοσθένης τῶν μὲν ἄλλων 
κατεφρόνει πολὺ ῥητόρων, ἀνισταμένου δὲ Φωκίωνος εἰώθει 
λέγειν ἀτρέμα (10) πρὸς τοὺς φίλους· "ἡ τῶν ἐμῶν λόγων κοπὶς 
πάρεστιν." ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἴσως πρὸς τὸ ἦθος ἀνοιστέον· ἐπεὶ 
καὶ ῥῆμα καὶ νεῦμα μόνον ἀνδρὸς ἀγαθοῦ μυρίοις ἐνθυμήμασι 
καὶ περιόδοις ἀντίρροπον ἔχει πίστιν.
 | [5] Quoiqu'il eût beaucoup de douceur et d'humanité, il avait les traits du visage si rudes 
et l'air si repoussant, que ceux qui n'étaient pas accoutumes à le voir craignaient de se 
trouver seuls avec lui. VI. Un jour Charès l'ayant plaisanté sur ses sourcils, les Athéniens se 
mirent à rire. « Ces sourcils, dit Phocion, ne vous ont jamais fait de mal; mais les ris de
ces gens-là ont coûté bien des larmes à la ville. » Les discours de Phocion étaient 
toujours pleins de conceptions et de pensées heureuses, qu'il énonçait avec une 
brièveté faite pour le commandement; il y mêlait une austérité qu'aucun agrément ne 
tempérait; mais elle était remplie de vues salutaires. Zénon disait que les paroles d'un 
philosophe devaient être trempées dans le bon sens : celles de Phocion renfermaient 
beaucoup de sens en très peu de paroles. C'est sans doute à cela que faisait allusion 
Polyeucte le Sphettien, quand il disait que Démosthène était le meilleur, et 
Phocion le plus éloquent des orateurs. Les pièces de monnaie qui, sous un moindre 
volume, ont plus de valeur, sont celles qu'on estime le plus. Ainsi la force du 
discours consiste à exprimer beaucoup de choses en peu de mots. Un jour que le 
théâtre était plein de monde, Phocion se promenait sur la scène, tout recueilli en 
lui-même. "Phocion, lui dit un de ses amis, vous avez l'air bien pensif . — Cela est vrai, 
répondit-il ; je pense si je ne pourrais pas retrancher quelque chose du discours que je 
dois prononcer devant les Athéniens". Démosthène, qui ne faisait aucun cas des autres 
orateurs, dès qu'il voyait Phocion se lever, avait coutume de dire tout bas à ses amis : 
« Voilà la hache de mes discours qui se lève. » Peut-être est-ce aux moeurs de 
Phocion qu'il faut attribuer le pouvoir de son éloquence; car un mot, un signe de tête, 
ont dans un homme de bien, autant de poids et de force pour persuader, que des 
milliers de raisonnements et de périodes. 
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