[29] Ὁ δὲ Δημοσθένους ἐν Καλαυρείᾳ καὶ Ὑπερείδου πρὸς
Κλεωναῖς θάνατος, περὶ ὧν ἐν ἄλλοις γέγραπται, μονονοὺκ
ἔρωτα καὶ πόθον Ἀθη(2)ναίοις Ἀλεξάνδρου καὶ Φιλίππου
παρίστη. καὶ (τοῦτο) ὅπερ ὕστερον, ἀναιρεθέντος Ἀντιγόνου
καὶ τῶν ἀνελόντων ἐκεῖνον ἀρξαμένων βιάζεσθαι καὶ λυπεῖν
τοὺς ἀνθρώπους, ἀνὴρ ἄγροικος ἐν Φρυγίᾳ χωρίον ὀρύττων
πυθομένου τινός "τί ποιεῖς;" στενάξας "Ἀντίγονον" εἶπε "ζητῶ,"
(3) τοῦτο πολλοῖς ἐπῄει λέγειν, διαμνημονεύουσι τὸν ἐκείνων
τῶν βασιλέων θυμόν, ὡς τὸ μέγα καὶ γενναῖον εὐπαραίτητον
εἶχον, οὐχ ὥσπερ Ἀντίπατρος ἰδιώτου προσώπῳ καὶ φαυλότητι
χλαμυδίου καὶ διαίτης εὐτελείᾳ κατειρωνευόμενος τὴν
ἐξουσίαν, ἐπαχθέστερος ἦν τοῖς πάσχουσι κακῶς (4) δεσπότης
καὶ τύραννος. ὅμως δ' οὖν ὁ Φωκίων καὶ φυγῆς ἀπήλλαξε
πολλούς, δεηθεὶς τοῦ Ἀντιπάτρου, καὶ φεύγουσι διεπράξατο μὴ
καθάπερ οἱ λοιποὶ τῶν μεθισταμένων ὑπὲρ τὰ Κεραύνια ὄρη
καὶ τὸν Ταίναρον ἐκπεσεῖν τῆς Ἑλλάδος, ἀλλ' ἐν Πελοποννήσῳ
κατοικεῖν, ὧν καὶ Ἁγνωνίδης ἦν ὁ συκοφάντης.
ἐπιμελόμενος δὲ τῶν κατὰ τὴν πόλιν πρᾴως καὶ νομίμως, τοὺς
μὲν ἀστείους καὶ χαρίεντας ἐν ταῖς ἀρχαῖς ἀεὶ συνεῖχε, τοὺς δὲ
πολυπράγμονας καὶ νεωτεριστάς, αὐτῷ τῷ μὴ ἄρχειν μηδὲ
θορυβεῖν ἀπομαραινομένους, ἐδίδαξε φιλοχωρεῖν καὶ ἀγαπᾶν
γεωργοῦντας. (6) ὁρῶν δὲ τὸν Ξενοκράτην τελοῦντα τὸ
μετοίκιον, ἐβούλετο γράψαι πολίτην· ὁ δ' ἀπεῖπε, φήσας οὐκ ἂν
μετασχεῖν ταύτης τῆς πολιτείας περὶ ἧς ἐπρέσβευεν ἵνα μὴ γένηται.
| [29] Au reste, la mort de Démosthène dans l'île de Calaurie,
et celle d'Hypéride à Cléones, que nous avons rapportées ailleurs,
firent presque regretter aux Athéniens Alexandre et Philippe,
et chérir la mémoire de ces deux princes. Dans la suite, après qu'Antigonus
eut été tué, et que ses meurtriers traitèrent durement les peuples qui leur étaient
soumis, un paysan de Phrygie se mit à fouiller la terre; et quelqu'un lui ayant
demandé ce qu'il faisait : "Je cherche Antigonus", répondit-il en soupirant. C'est ce
que disaient aussi ceux des Athéniens qui se souvenaient combien ces princes étaient
magnanimes et généreux, même dans leur courroux, et avec quelle facilité ils
pardonnaient les offenses. Antipater au contraire, adroit à cacher sa puissance sous le
masque d'un simple particulier, sous un méchant manteau, sous les dehors d'une vie
frugale, était réellement un maître cruel, un tyran insupportable aux peuples qui lui
étaient assujettis. Cependant Phocion obtint de lui, par ses prières, le rappel de
plusieurs bannis; et ceux qui furent obligés de subir leur exil, il empêcha qu'ils ne
fussent, comme bien d'antres, privés du séjour de la Grèce, et relégués au delà des
monts Acrocérauniens et du promontoire de Ténare; ils eurent la liberté d'habiter
dans le Péloponèse : de ce nombre fut le sycophante Agnonides. XXXIV. Phocion
gouvernait avec beaucoup de douceur et de justice ceux qui étaient restés dans
Athènes; il maintenait dans les charges les citoyens les plus honnêtes; et ceux qu'il
savait intrigants et curieux de nouveautés, il les éloignait de tout emploi. Réduits
ainsi à l'impuissance d'exciter des troubles, et séchant dans leur inaction, ils prirent
insensiblement du goût pour le séjour de la campagne et pour la culture des terres.
Un jour qu'il vit Xénocrate payer le tribut dû par les étrangers domiciliés à Athènes,
il voulut lui donner le droit de bourgeoisie; Xénocrate le refusa, en disant qu'il ne
prendrait jamais de part à ce gouvernement, après avoir été député vers Antipater
pour s'opposer à son établissement.
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