| [2] Καίτοι δοκοῦσιν οἱ δῆμοι μᾶλλον εἰς τοὺς ἀγαθοὺς 
ἐξυβρίζειν ὅταν εὐτυχῶσιν, ὑπὸ πραγμάτων μεγάλων καὶ 
δυνάμεως ἐπαιρόμενοι· συμβαίνει (2) δὲ τοὐναντίον. αἱ γὰρ 
συμφοραὶ πικρὰ μὲν τὰ ἤθη καὶ μικρόλυπα καὶ ἀκροσφαλῆ 
πρὸς ὀργὰς ποιοῦσι, δύσκολον δὲ τὴν ἀκοὴν καὶ τραχεῖαν, ὑπὸ 
παντὸς λόγου καὶ ῥήματος τόνον ἔχοντος ἐνοχλουμένην· ὁ δ' 
ἐπιτιμῶν τοῖς ἐξαμαρτανομένοις ἐξονειδίζειν τὰ δυστυχήματα 
δοκεῖ, καὶ καταφρονεῖν ὁ παρρησιαζόμενος. καὶ καθάπερ τὸ 
μέλι λυπεῖ τὰ τετρωμένα καὶ ἡλκωμένα μέρη τοῦ σώματος, 
οὕτω πολλάκις οἱ ἀληθινοὶ καὶ νοῦν ἔχοντες λόγοι δάκνουσι 
καὶ παροξύνουσι τοὺς κακῶς πράττοντας, ἐὰν μὴ προσηνεῖς 
ὦσι καὶ συνείκοντες, ὥσπερ ἀμέλει τὸ ἡδὺ μενοεικὲς ὁ ποιητὴς 
κέκληκεν, ὡς τῷ ἡδομένῳ τῆς ψυχῆς ὑπεῖκον καὶ μὴ (4) 
μαχόμενον μηδ' ἀντιτυποῦν. καὶ γὰρ ὄμμα φλεγμαῖνον ἥδιστα 
τοῖς σκιεροῖς καὶ ἀλαμπέσιν ἐνδιατρίβει χρώμασι, τὰ δ' αὐγὴν 
ἔχοντα καὶ φῶς ἀποστρέφεται, καὶ πόλις ἐν τύχαις ἀβουλήτοις 
γενομένη ψοφοδεὲς καὶ τρυφερόν ἐστι δι' ἀσθένειαν ἀνέχεσθαι 
παρρησίας ὅτε μάλιστα δεῖται, (5) τῶν πραγμάτων ἀναφορὰν 
ἁμαρτήματος οὐκ ἐχόντων. διὸ πάντῃ σφαλερὸν ἡ τοιαύτη 
πολιτεία· συναπόλλυσι γὰρ τὸν πρὸς χάριν λέγοντα, καὶ (6) 
προαπόλλυσι τὸν μὴ χαριζόμενον. ὥσπερ οὖν τὸν ἥλιον οἱ 
μαθηματικοὶ λέγουσι μήτε τὴν αὐτὴν τῷ οὐρανῷ φερόμενον 
φοράν, μήτ' ἄντικρυς ἐναντίαν καὶ ἀντιβατικήν, ἀλλὰ λοξῷ καὶ 
παρεγκεκλιμένῳ πορείας σχήματι χρώμενον, ὑγρὰν καὶ 
εὐκαμπῆ καὶ παρελιττομένην ἕλικα ποιεῖν, ᾗ (7) σῴζεται πάντα 
καὶ λαμβάνει τὴν ἀρίστην κρᾶσιν, οὕτως ἄρα τῆς πολιτείας ὁ 
μὲν ὄρθιος ἄγαν καὶ πρὸς ἅπαντα τοῖς δημοτικοῖς ἀντιβαίνων 
τόνος ἀπηνὴς καὶ σκληρός, ὥσπερ αὖ πάλιν ἐπισφαλὲς καὶ 
κάταντες τὸ συνεφ(8)ελκόμενον οἷς ἁμαρτάνουσιν οἱ πολλοὶ 
καὶ συνεπιρρέπον· ἡ δ' ἀνθυπείκουσα πειθομένοις καὶ διδοῦσα 
τὸ πρὸς χάριν, εἶτ' ἀπαιτοῦσα τὸ συμφέρον ἐπιστασία καὶ 
κυβέρνησις ἀνθρώπων, πολλὰ πρᾴως καὶ χρησίμως 
ὑπουργούντων, εἰ μὴ πάντα δεσποτικῶς καὶ βιαίως ἄγοιντο, 
σωτήριος, ἐργώδης δὲ καὶ χαλεπὴ καὶ τὸ σεμνὸν ἔχουσα τῷ 
ἐπιεικεῖ δύσμεικτον· ἐὰν δὲ μειχθῇ, τοῦτ' ἔστιν ἡ πάντων μὲν 
ῥυθμῶν, πασῶν δ' ἁρμονιῶν ἐμμελεστάτη καὶ μουσικωτάτη 
κρᾶσις, ᾗ καὶ τὸν κόσμον ὁ θεὸς λέγεται διοικεῖν, οὐ 
βιαζόμενος, ἀλλὰ πειθοῖ καὶ λόγῳ παράγων τὴν ἀνάγκην.
 | [2] II. On croit assez généralement que dans la prospérité les peuples s'irritent 
plus facilement contre les hommes vertueux, parce que leurs succès et 
l'accroissement de leur puissance leur enflent le coeur; mais c'est au contraire le 
malheur qui aigrit toujours les esprits, qui les rend chagrins, et prompts à s'emporter; 
leurs oreilles deviennent chatouilleuses et délicates; elles s'offensent de la parole la 
plus indifférente qui aura été dite d'un ton un peu plus haut. Celui qui nous reprend 
de nos fautes semble nous reprocher nos malheurs; nous prenons sa franchise pour 
du mépris. Le miel envenime les plaies et les ulcères ; de même trop souvent des 
remontrances justes et raisonnables blessent et irritent un homme malheureux, si on 
n'a soin de les adoucir et de les plier au caractère de celui à qui l'on parle. Aussi le 
poète donne-t-il à la douceur une épithète qui marque qu'elle cède à l'âme, parce 
qu'en effet elle se mêle à son humeur, et ne lui oppose ni combat ni résistance. Un œil 
malade se repose avec plaisir sur des couleurs sombres et obscures; il évite les 
couleurs vives et brillantes : de même une ville dans le malheur devient, par une 
suite de sa faiblesse, si craintive, si ombrageuse, que le moindre bruit l'effraye, qu'elle 
ne peut supporter la franchise, lors même que le peu de ressource que lui laissent ses 
fautes la lui rendrait plus nécessaire. Rien n'est si dangereux que d'avoir à gouverner 
une ville ainsi disposée; elle entraîne dans sa perte celui qui l'a flattée, mais c'est après 
avoir sacrifié celui qui ne la flattait pas. III. Les mathématiciens disent que le soleil 
n'a pas précisément le même mouvement que le ciel, et que ce n'est pas non plus un 
mouvement tout à fait contraire; qu'il suit un cours oblique, et décrit dans son 
inclinaison une ligne spirale, dont la révolution lente et flexible assure la 
conservation de tous les êtres, en donnant à l'univers la température la plus 
convenable. Ainsi un gouvernement toujours tendu, qui contrarie toutes les volontés 
du peuple, pèche par trop de rudesse et de dureté. Au contraire, l'autorité qui cède à 
ceux qui s'égarent, et attirent à eux la multitude, est comme un précipice glissant et 
dangereux. Rien n'est donc plus salutaire qu'une administration qui sait à propos 
céder au peuple, pour le faire obéir dans d'autres occasions ; qui lui accorde une 
chose agréable, pour en obtenir une chose utile. Les peuples alors, voyant qu'on ne 
veut pas les gouverner par la force, et exercer sur eux un pouvoir despotique, se 
laissent amener par la douceur à faire ce qu'exige leur véritable intérêt. Mais ce sage 
tempérament est difficile à garder; il faut savoir mêler la douceur avec la dignité, et 
ce mélange n'est point aisé : aussi, quand on y a réussi, c'est de toutes les 
consonnances et de toutes les harmonies la plus parfaite, la plus conforme aux lois de 
la musique; c'est par elle que Dieu gouverne le monde, où rien ne se fait par violence, 
où toujours la persuasion et la raison tempèrent la nécessité de l'obéissance. 
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