[16] Ἤδη δὲ πρὸς Φίλιππον ἐκπεπολεμωμένων παντάπασι,
καὶ στρατηγῶν αὐτοῦ μὴ παρόντος ἑτέρων ἐπὶ τὸν πόλεμον
ᾑρημένων, ὡς κατέπλευσεν ἀπὸ τῶν νήσων, πρῶτον μὲν ἔπειθε
τὸν δῆμον, εἰρηνικῶς ἔχοντος τοῦ Φιλίππου καὶ φοβουμένου
τὸν κίνδυνον ἰσχυρῶς, δέχεσθαι τὰς διαλύ(2)σεις· καί τινος
ἀντικρούσαντος αὐτῷ τῶν εἰωθότων κυλινδεῖσθαι περὶ τὴν
Ἡλιαίαν καὶ συκοφαντεῖν καὶ εἰπόντος "σὺ δὲ τολμᾷς ὦ
Φωκίων ἀποτρέπειν Ἀθηναίους, ἤδη τὰ ὅπλα διὰ χειρῶν
ἔχοντας;" "ἔγωγ'" εἶπε, "καὶ ταῦτ' εἰδὼς ὅτι πολέμου μὲν ὄντος
ἐγὼ σοῦ, εἰρήνης δὲ γενο(3)μένης σὺ ἐμοῦ ἄρξεις." ὡς δ' οὐκ
ἔπειθεν, ἀλλ' ὁ Δημοσθένης ἐκράτει κελεύων ὡς πορρωτάτω
τῆς Ἀττικῆς θέσθαι μάχην τοὺς Ἀθηναίους, "ὦ τᾶν" ἔφη, "μὴ
ποῦ μαχώμεθα σκοπῶμεν, ἀλλὰ πῶς νικήσωμεν. οὕτω γὰρ
ἔσται μακρὰν ὁ πόλεμος, ἡττωμένοις δὲ πᾶν ἀεὶ δεινὸν ἐγγὺς
πάρ(4)εστι." γενομένης δὲ τῆς ἥττης, καὶ τῶν θορυβοποιῶν καὶ
νεωτεριστῶν ἐν ἄστει τὸν Χαρίδημον ἑλκόντων ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ
στρατηγεῖν ἀξιούντων, ἐφοβήθησαν οἱ βέλτιστοι, καὶ τὴν ἐξ
Ἀρείου πάγου βουλὴν ἔχοντες ἐν τῷ δήμῳ, δεόμενοι καὶ
δακρύοντες μόλις ἔπεισαν ἐπιτρέψαι τῷ Φωκίωνι (5) τὴν πόλιν.
ὁ δὲ τὴν μὲν ἄλλην τοῦ Φιλίππου πολιτείαν καὶ φιλανθρωπίαν
ᾤετο δεῖν προσδέχεσθαι· Δημάδου δὲ γράψαντος ὅπως ἡ πόλις
μετέχοι τῆς κοινῆς εἰρήνης καὶ τοῦ συνεδρίου τοῖς Ἕλλησιν, οὐκ
εἴα πρὸ τοῦ γνῶναι, τίνα Φίλιππος αὑτῷ γενέσθαι παρὰ τῶν
Ἑλλήνων ἀξιώσει· (6) κρατηθεὶς δὲ τῇ γνώμῃ διὰ τὸν καιρόν, ὡς
εὐθὺς ἑώρα τοὺς Ἀθηναίους μεταμελομένους ὅτι καὶ τριήρεις
ἔδει παρέχειν τῷ Φιλίππῳ καὶ ἱππεῖς, (7) "ταῦτ'" ἔφη
"φοβούμενος ἠναντιούμην· ἐπεὶ δὲ συνέθεσθε, δεῖ μὴ βαρέως
φέρειν μηδ' ἀθυμεῖν, μεμνημένους ὅτι καὶ οἱ πρόγονοί ποτε μὲν
ἄρχοντες, ποτὲ δ' ἀρχόμενοι, καλῶς δ' ἀμφότερα ταῦτα
ποιοῦντες, καὶ τὴν πόλιν ἔσωσαν καὶ τοὺς Ἕλληνας."
(8) Φιλίππου δ' ἀποθανόντος εὐαγγέλια θύειν τὸν δῆμον
οὐκ εἴα· καὶ γὰρ ἀγεννὲς εἶναι <τὸ> ἐπιχαίρειν, καὶ τὴν ἐν
Χαιρωνείᾳ παραταξαμένην πρὸς αὐτοὺς δύναμιν ἑνὶ σώματι
μόνον ἐλάττω γενέσθαι.
| [16] Ceux-ci donc s'étant ouvertement déclarés contre Philippe,
nommèrent, en l'absence de Phocion,
d'autres généraux pour conduire cette guerre. Phocion, à peine de retour des îles,
conseille aux Athéniens de profiter des dispositions pacifiques de Philippe, et de ses
craintes sur l'issue de la guerre, pour accepter ses propositions. Un de ces orateurs
qui avaient coutume de rôder autour du tribunal de l'Héliée, et qui n'avaient
d'autre métier que d'accuser, s'éleva contre son avis. « Osez-vous bien, lui dit-il,
détourner de cette guerre les Athéniens, quand ils sont déjà les armes à la main? —
Oui, sans doute, lui répondit Phocion; quoique je n'ignore pas que si l'on fait la
guerre, je vous commanderai; et que si la paix se fait, ce sera vous qui me
commanderez. » Mais il ne put persuader le peuple; et Démosthène, qui conseillait
de porter la guerre le plus loin qu'il se pourrait de l'Attique, ayant fait prévaloir son
avis : « Mon ami, lui dit Phocion, ne cherchons pas où nous combattrons, mais
comment nous serons vainqueurs; c'est le seul moyen de porter la guerre loin de
nous : mais si nous sommes battus, tous les maux sevont à notre porte.» XVIII. Après
la perte de la bataille, les séditieux de la ville, et ceux qui désiraient des
nouveautés, traînèrent Charidème auprès du tribunal, en demandant qu'on lui
donnât le commandement des troupes. Tous les bons citoyens, alarmés de cette
proposition, appellent l'aréopage à leur secours; et, à force de prières et de larmes, ils
obtiennent, non sans peine, que la ville soit remise entre les mains de Phocion.
Aussitôt il propose aux Athéniens d'accepter les lois et les conditions raisonnables
que Philippe leur offre. Démade, de son côté, dresse un décret qui porte que la ville
sera comprise dans la paix générale, et qu'elle entrera dans l'assemblée de toutes les
villes de la Grèce; mais Phocion s'y oppose, et conseille d'attendre, avant tout, que
Philippe ait fait connaître ee qu'il compte demander aux Grecs. La difficulté des
conjonctures où l'on se trouvait ayant fait rejeter son avis, et Phocion voyant bientôt
les Athéniens se repentir de n'avoir pas suivi son conseil, puisqu'ils étaient obligés de
fournir à Philippe des vaisseaux et un corps de cavalerie : « Voilà précisément, leur
dit-il, ce que je craignais, quand je me suis opposé à votre résolution; mais
aujourd'hui que vous avez subi ces conditions, il faut les supporter avec patience, et,
au lieu de perdre courage, vous souvenir que vos ancêtres, tantôt vainqueurs, tantôt
soumis, se conduisirent avec tant de sagesse dans l'une et l'autre fortune, qu'ils
sauvèrent Athènes et le reste de la Grèce. » Cependant le peuple ayant appris la mort
de Philippe, voulait faire des sacrifices aux dieux pour cette heureuse nouvelle;
Phocion ne le permit pas. « Rien, dit-il, ne montre plus un coeur bas, que de se réjouir
de la mort d'un ennemi. D'ailleurs, l'armée qui vous a défaits à Chéronée n'a qu'un
seul homme de moins."
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