[4] Ἦσαν δὲ καὶ πρὸς πᾶσαν ἀρετὴν πεφυκότες ὁμοίως,
πλὴν ὅτι τῷ γυμνάζεσθαι μᾶλλον ἔχαιρε Πελοπίδας, τῷ δὲ
μανθάνειν Ἐπαμεινώνδας, καὶ τὰς διατριβὰς ἐν τῷ σχολάζειν ὁ
μὲν περὶ παλαίστρας καὶ κυνηγέσια, ὁ δ' (2) ἀκούων τι καὶ
φιλοσοφῶν ἐποιεῖτο. πολλῶν δὲ καὶ καλῶν ὑπαρχόντων
ἀμφοτέροις πρὸς δόξαν, οὐδὲν οἱ νοῦν ἔχοντες ἡγοῦνται
τηλικοῦτον, ἡλίκον τὴν διὰ τοσούτων ἀγώνων καὶ στρατηγιῶν
καὶ πολιτειῶν ἀνεξέλεγκτον (3) εὔνοιαν καὶ φιλίαν, ἀπ' ἀρχῆς
μέχρι τέλους συμμείνασαν. εἰ γάρ τις ἀποβλέψας τὴν
Ἀριστείδου καὶ Θεμιστοκλέους, καὶ Κίμωνος καὶ Περικλέους,
καὶ Νικίου καὶ Ἀλκιβιάδου πολιτείαν, ὅσων γέγονε μεστὴ
διαφορῶν καὶ φθόνων καὶ ζηλοτυπιῶν πρὸς ἀλλήλους,
σκέψαιτο πάλιν τὴν Πελοπίδου πρὸς Ἐπαμεινώνδαν εὐμένειαν
καὶ τιμήν, τούτους ἂν ὀρθῶς καὶ δικαίως προσαγορεύσειε
συνάρχοντας καὶ συστρατήγους ἢ ἐκείνους, οἳ μᾶλλον
ἀλλήλων ἢ τῶν (4) πολεμίων ἀγωνιζόμενοι περιεῖναι
διετέλεσαν. αἰτία δ' ἀληθινὴ μὲν ἦν ἡ ἀρετή, δι' ἣν οὐ δόξαν, οὐ
πλοῦτον ἀπὸ τῶν πράξεων μετιόντες, οἷς ὁ χαλεπὸς καὶ δύσερις
ἐμφύεται φθόνος, ἀλλ' ἔρωτα θεῖον ἀπ' ἀρχῆς ἐρασθέντες
ἀμφότεροι τοῦ τὴν πατρίδα λαμπροτάτην καὶ μεγίστην ἐφ'
ἑαυτῶν ἰδεῖν γενομένην, ὥσπερ ἰδίοις ἐπὶ τοῦτο τοῖς (5) αὑτῶν
ἐχρῶντο κατορθώμασιν. οὐ μὴν ἀλλ' οἵ γε πολλοὶ νομίζουσιν
αὐτοῖς τὴν σφοδρὰν φιλίαν ἀπὸ τῆς ἐν Μαντινείᾳ γενέσθαι
στρατείας, ἣν συνεστρατεύσαντο Λακεδαιμονίοις ἔτι φίλοις καὶ
συμμάχοις οὖσι πεμφθείσης ἐκ (6) Θηβῶν βοηθείας. τεταγμένοι
γὰρ ἐν τοῖς ὁπλίταις μετ' ἀλλήλων καὶ μαχόμενοι πρὸς τοὺς
Ἀρκάδας, ὡς ἐνέδωκε τὸ κατ' αὐτοὺς κέρας τῶν Λακεδαιμονίων
καὶ τροπὴ τῶν πολλῶν ἐγεγόνει, συνασπίσαντες ἠμύναντο
τοὺς ἐπιφερομένους. (7) καὶ Πελοπίδας μὲν ἑπτὰ τραύματα
λαβὼν ἐναντία, πολλοῖς ἐπικατερρύη νεκροῖς ὁμοῦ φίλοις καὶ
πολεμίοις, Ἐπαμεινώνδας δέ, καίπερ ἀβιώτως ἔχειν αὐτὸν
ἡγούμενος, ὑπὲρ τοῦ σώματος καὶ τῶν ὅπλων ἔστη προελθών,
καὶ διεκινδύνευσε πρὸς πολλοὺς μόνος, ἐγνωκὼς ἀποθανεῖν
μᾶλλον ἢ Πελοπίδαν ἀπολιπεῖν κείμενον. (8) ἤδη δὲ καὶ τούτου
κακῶς ἔχοντος, καὶ λόγχῃ μὲν εἰς τὸ στῆθος, ξίφει δ' εἰς τὸν
βραχίονα τετρωμένου, προσεβοήθησεν ἀπὸ θατέρου κέρως
Ἀγησίπολις ὁ βασιλεὺς τῶν Σπαρτιατῶν, καὶ περιεποίησεν
ἀνελπίστως αὐτοὺς ἀμφοτέρους.
| [4] IV. Ils étaient également nés l'un et l'autre pour toutes les vertus,
avec cette différence que Pélopidas préférait les exercices du corps, et Épaminondas
ceux de l'esprit. Ils employaient tout ce qu'ils avaient de loisir, l'un au gymnase et à la
chasse; l'autre à son instruction et à l'étude de la philosophie. Mais, dans tout ce
qu'ils ont fait de grand et de glorieux, rien n'a paru plus beau aux justes
appréciateurs des choses que l'union et l'amitié parfaite qu'ils ont conservée sans la
moindre altération jusqu'à la fin de leur vie; et cela au milieu de tant de combats, de
tant de charges qu'ils ont exercées, soit dans les camps, soit dans les conseils. En effet,
si l'on considère l'administration d'Aristide et de Thémistocle, celles de Cimon et de
Périclès, de Nicias et d'Alcibiade ; si l'on réfléchit à tout ce qu'elles ont excité de
dissensions, de rivalités et de jalousies; et qu'ensuite on jette les yeux sur Pélopidas et
sur Épaminondas, qu'on voie l'affection et les égards qu'ils ont toujours eus l'un pour
l'autre, on avouera qu'ils doivent être appelés collègues et frères, dans l'exercice des
emplois civils et militaires, à bien plus juste titre que les autres qui, toute leur vie,
travaillaient beaucoup plus à se détruire mutuellement qu'à vaincre leurs ennemis.
La véritable cause de cette affection si constante, c'était la vertu, qui dans toutes leurs
actions leur faisait mépriser la gloire et les richesses, que suit toujours l'envie, cette
source funeste de divisions. Embrasés tous deux d'un amour vraiment divin pour la
vertu, qui les porta de bonne heure à augmenter par leurs travaux la puissance et la
gloire de leur patrie, ils y faisaient servir réciproquement les succès l'un de l'autre.
Cependant la plupart des historiens ont dit que cette amitié si intime ne prit
naissance qu'à l'expédition de Mantinée, où ils accompagnèrent le secours que les
Thébains envoyaient aux Spartiates, qui étaient encore leurs alliés et leurs amis.
Placés l'un près de l'autre dans le corps de l'infanterie, ils avaient en tête les
Arcadiens; l'aile des Lacédémoniens, dans laquelle ils combattaient, fut rompue et
mise en fuite; mais Pélopidas et Épaminondas ayant joint leurs boucliers, soutinrent
le choc des ennemis, jusqu'à ce que Pélopidas, après avoir reçu sept blessures, toutes
par-devant, tomba sur un monceau de morts, amis et ennemis. Épaminondas, qui le
croyait mort, se tint devant lui pour défendre son corps et ses armes, et résista seul à
un grand nombre d'Arcadiens, résolu de mourir plutôt que d'abandonner Pélopidas
au pouvoir de l'ennemi; mais blessé lui-même d'un coup de pique dans la poitrine, et
au bras d'un coup d'épée, il n'était plus en état de se défendre, lorsque Agésipolis, roi
de Sparte, accourut de l'autre aile à son secours, et les sauva l'un et l'autre, contre
toute espérance.
|