[34] Ἐκείνων δὲ τῶν ταφῶν οὐ δοκοῦσιν ἕτεραι λαμπρότεραι
γενέσθαι τοῖς τὸ λαμπρὸν οὐκ ἐν ἐλέφαντι καὶ χρυσῷ καὶ
πορφύραις εἶναι νομίζουσιν, ὥσπερ Φίλιστος, ὑμνῶν καὶ
θαυμάζων τὴν Διονυσίου ταφήν, οἷον τραγῳδίας μεγάλης τῆς
τυραννίδος ἐξόδιον θεατρικὸν γενομένην. (2) Ἀλέξανδρος δ' ὁ
μέγας Ἡφαιστίωνος ἀποθανόντος οὐ μόνον ἵππους ἔκειρε καὶ
ἡμιόνους, ἀλλὰ καὶ τὰς ἐπάλξεις ἀφεῖλε τῶν τειχῶν, ὡς ἂν
δοκοῖεν αἱ πόλεις πενθεῖν, ἀντὶ τῆς πρόσθεν μορφῆς κούριμον
σχῆμα καὶ ἄτιμον ἀναλαμβάνουσαι. (3) ταῦτα μὲν οὖν
προστάγματα δεσποτῶν ὄντα, καὶ μετὰ πολλῆς ἀνάγκης
περαινόμενα καὶ μετὰ φθόνου τῶν τυχόντων καὶ μίσους τῶν
βιαζομένων, οὐδεμιᾶς χάριτος ἦν οὐδὲ τιμῆς, ὄγκου δὲ
βαρβαρικοῦ καὶ τρυφῆς καὶ ἀλαζονείας ἐπίδειξις, εἰς κενὰ καὶ
ἄζηλα τὴν περιουσίαν (4) διατιθεμένων· ἀνὴρ δὲ δημοτικὸς ἐπὶ
ξένης τεθνηκώς, οὐ γυναικός, οὐ παίδων, οὐ συγγενῶν
παρόντων, οὐ δεομένου τινός, οὐκ ἀναγκάζοντος, ὑπὸ δήμων
τοσούτων καὶ πόλεων ἁμιλλωμένων προπεμπόμενος καὶ
συνεκκομιζόμενος καὶ στεφανούμενος, εἰκότως ἐδόκει τὸν
τελειότατον (5) ἀπέχειν εὐδαιμονισμόν. οὐ γάρ, ὡς Αἴσωπος
ἔφασκε, χαλεπώτατός ἐστιν ὁ τῶν εὐτυχούντων θάνατος, ἀλλὰ
μακαριώτατος, εἰς ἀσφαλῆ χώραν τὰς εὐπραξίας
κατατιθέμενος τῶν ἀγαθῶν, καὶ <τῇ> τύχῃ μεταβάλλεσθαι (6)
<μὴ> ἀπολιπών. διὸ βέλτιον ὁ Λάκων τὸν Ὀλυμπιονίκην
Διαγόραν, ἐπιδόντα μὲν υἱοὺς στεφανουμένους Ὀλυμπίασιν,
ἐπιδόντα δ' υἱωνοὺς καὶ θυγατριδοῦς, ἀσπασάμενος "κάτθανε"
εἶπε "Διαγόρα· οὐκ εἰς τὸν Ὄλυμπον (7) ἀναβήσῃ." τὰς δ'
Ὀλυμπιακὰς καὶ Πυθικὰς νίκας οὐκ ἂν οἶμαί τις εἰς τὸ αὐτὸ
συνθεὶς ἁπάσας ἑνὶ τῶν Πελοπίδου παραβαλεῖν ἀγώνων
ἀξιώσειεν, οὓς πολλοὺς ἀγωνισάμενος καὶ κατορθώσας, καὶ
τοῦ βίου τὸ πλεῖστον ἐν δόξῃ καὶ τιμῇ βιώσας, τέλος ἐν τῇ
τρισκαιδεκάτῃ βοιωταρχίᾳ, τυραννοκτονίᾳ μεμειγμένην
ἀριστείαν ἀριστεύων, ὑπὲρ τῆς τῶν Θεσσαλῶν ἐλευθερίας
ἀπέθανεν.
| [34] On ne vit jamais de funérailles plus magnifiques,
du moins au jugement de ceux qui ne font pas consister la magnificence
dans l'ivoire, l'or et la pourpre, comme l'historien Philistus, qui exalte avec
admiration les obsèques de Denys le tyran, qu'on peut dire n'avoir été que le
pompeux dénoûment d'une tragédie sanglante, c'est-à-dire de sa tyrannie. De
même Alexandre le Grand, après la mort d'Éphestion, ne se contenta pas de faire
couper les crins à ses chevaux et à ses mulets; il fit encore abattre les créneaux des
murailles, afin que les villes mêmes parussent dans le deuil, en prenant, à la place de
leurs ornements accoutumés, une figure triste et lugubre. XXXVIII. Mais toute cette
pompe qui, commandée par un maître, ne s'exécute que par contrainte, et toujours
avec un sentiment secret d'envie contre ceux qui en sont l'objet, et de haine contre
ceux qui l'exigent de force, cette pompe n'est pas le fruit d'une affection véritable, ni
la preuve d'un hommage sincère; ce n'est que l'étalage d'un faste barbare, que
l'ostentation d'un vain luxe qui emploie ses richesses à des vanités indignes de nos
désirs. Mais un homme privé qui, mourant dans une terre étrangère, loin de sa
femme, de ses enfants et de sa famille, sans que personne l'exige, sans que personne y
contraigne, est accompagné, porté et couronné par tant de peuples et de villes qui se
disputent à l'envi cet honneur; un tel homme me paraît avoir obtenu le bonheur le
plus parfait. « La mort des hommes qui meurent dans la prospérité, disait Ésope,
n'est pas un malheur pour eux ; c'est au contraire la fin la plus heureuse; elle met
leurs belles actions dans un asile sûr, où elles sont à l'abri des revers de la fortune. »
J'estime encore davantage le mot d'un Spartiate à Diagoras, qui, vainqueur aux jeux
olympiques, avait vu couronner à ces mêmes jeux ses fils et ses petits-fils. Meurs,
Diagoras, lui dit-il en l'embrassant; car enfin tu ne dois pas monter au ciel. » Mais qui
voudrait mettre en parallèle toutes les victoires des jeux olympiques et pythiques,
avec un seul de ces combats où Pélopidas fut toujours vainqueur? Après avoir passé
dans la gloire et dans les honneurs la plus grande partie de sa vie, nommé béotarque
pour la treizième fois, il meurt au milieu d'un exploit qui ruinait un tyran et rendait
la liberté aux Thessaliens.
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