[33] Τὸ μὲν οὖν Θηβαίων τοὺς παρόντας ἐπὶ τῇ τοῦ
Πελοπίδου τελευτῇ βαρέως φέρειν, πατέρα καὶ σωτῆρα καὶ
διδάσκαλον τῶν μεγίστων καὶ καλλίστων (2) ἀγαθῶν
ἀποκαλοῦντας ἐκεῖνον, οὐ πάνυ θαυμαστὸν ἦν· οἱ δὲ Θεσσαλοὶ
καὶ οἱ σύμμαχοι πᾶσαν ἀνθρωπίνῃ πρέπουσαν ἀρετῇ τιμὴν
τοῖς ψηφίσμασιν ὑπερβαλόντες, ἔτι μᾶλλον ἐπεδείξαντο τοῖς
πάθεσι τὴν πρὸς τὸν ἄνδρα χάριν. (3) τοὺς μὲν γὰρ
παραγεγονότας τῷ ἔργῳ λέγουσι μήτε θώρακα θέσθαι, μήθ'
ἵππον ἐκχαλινῶσαι, μήτε τραῦμα δήσασθαι πρότερον, ὡς
ἐπύθοντο τὴν ἐκείνου τελευτήν, ἀλλὰ μετὰ τῶν ὅπλων θερμοὺς
ἰόντας ἐπὶ τὸν νεκρόν, ὥσπερ αἰσθανομένου τὰ τῶν πολεμίων
κύκλῳ περὶ τὸ σῶμα σωρεύειν λάφυρα, κεῖραι δ' ἵππους,
κείρασθαι δὲ (4) καὶ αὐτούς, ἀπιόντας δὲ πολλοὺς ἐπὶ σκηνὰς
μήτε πῦρ ἀνάψαι μήτε δεῖπνον ἑλέσθαι, σιγὴν δὲ καὶ κατήφειαν
εἶναι τοῦ στρατοπέδου παντός, ὥσπερ οὐ νενικηκότων
ἐπιφανεστάτην νίκην καὶ μεγίστην, ἀλλ' ἡττημένων ὑπὸ (5) τοῦ
τυράννου καὶ καταδεδουλωμένων. ἐκ δὲ τῶν πόλεων, ὡς
ἀπηγγέλθη ταῦτα, παρῆσαν αἵ τ' ἀρχαὶ καὶ μετ' αὐτῶν ἔφηβοι
καὶ παῖδες καὶ ἱερεῖς πρὸς τὴν ὑποδοχὴν τοῦ σώματος, τρόπαια
καὶ στεφάνους καὶ πανοπλίας χρυσᾶς (6) ἐπιφέροντες. ὡς δ'
ἔμελλεν ἐκκομίζεσθαι τὸ σῶμα, προσελθόντες οἱ πρεσβύτατοι
τῶν Θεσσαλῶν ᾐτοῦντο τοὺς Θηβαίους δι' αὑτῶν θάψαι τὸν
νεκρόν· εἷς δ' αὐτῶν (7) ἔλεγεν· "ἄνδρες σύμμαχοι, χάριν
αἰτοῦμεν παρ' ὑμῶν, κόσμον ἡμῖν ἐπ' ἀτυχίᾳ τοσαύτῃ καὶ
παραμυθίαν φέρουσαν. (8) οὐ γὰρ ζῶντα Θεσσαλοὶ Πελοπίδαν
προπέμψουσιν, οὐδ' αἰσθανομένῳ τὰς ἀξίας τιμὰς
ἀποδώσουσιν· ἀλλ' ἐὰν ψαῦσαί τε τοῦ νεκροῦ τύχωμεν καὶ δι'
αὑτῶν κοσμῆσαι καὶ θάψαι τὸ σῶμα, δόξομεν ὑμῖν οὐκ
ἀπιστεῖν, ὅτι (9) μείζων ἡ συμφορὰ γέγονε Θετταλοῖς ἢ
Θηβαίοις· ὑμῖν μὲν γὰρ ἡγεμόνος ἀγαθοῦ μόνον, ἡμῖν δὲ καὶ
τούτου καὶ (10) τῆς ἐλευθερίας στέρεσθαι συμβέβηκε. πῶς γὰρ
<ἂν> ἔτι τολμήσαιμεν αἰτῆσαι στρατηγὸν ἄλλον παρ' ὑμῶν, οὐκ
ἀποδόντες Πελοπίδαν;" ταῦτα μὲν οἱ Θηβαῖοι
συμπαρεχώρησαν.
| [33] XXXVI.
La douleur des Thébains, qui furent témoins de la mort de Pélopidas ; les
témoignages de reconnaissance qu'ils lui donnèrent, en l'appelant leur père, leur
sauveur et leur maître dans la science de vaincre, n'ont rien qui doive nous étonner.
Mais les Thessaliens et les alliés, après avoir surpassé, par leurs décrets, tous les
honneurs dont on peut récompenser la vertu humaine, prouvèrent encore mieux, par
leurs regrets, l'affection qu'ils lui portaient. Tous ceux qui avaient eu part à ce combat
n'eurent pas plutôt appris sa mort, que, sans quitter leurs cuirasses, sans débrider
leurs chevaux, sans même bander leurs plaies, ils accourent tout armés auprès du
mort, et comme s'il eût eu encore du sentiment, ils entassent autour de son corps les
dépouilles des ennemis; ils coupent les crins à leurs chevaux, et se rasent eux-mêmes
la tête. La plupart se retirent dans leurs tentes, sans songer ni à faire du feu, ni à
préparer leur repas. Un morne silence règne dans tout le camp; on dirait, non qu'ils
viennent de remporter une des plus grandes et des plus glorieuses victoires, mais
qu'ils ont été vaincus et réduits en servitude par le tyran. Dès que la nouvelle de sa
mort fut répandue dans les villes voisines, les magistrats en sortirent avec les jeunes
gens, les enfants et les prêtres, pour aller recevoir le corps. Ils portaient tous des
trophées, des couronnes, et des armures d'or. XXXVII. Lorsqu'on vint pour enlever le
corps et lui rendre les derniers devoirs, les plus âgés d'entre les Thessaliens
demandèrent aux Thébains la permission de faire eux-mêmes ses funérailles; l'un
d'eux porta la parole en ces termes : « Thébains, nos alliés, nous vous demandons
une grâce qui sera tout à la fois pour nous un honneur et une consolation dans le
malheur extrême que nous éprouvons. Ce n'est point Pélopidas vivant que les
Thessaliens demandent d'accompagner ; il ne sentira pas les honneurs que nous
lui rendrons, et qui lui sont dus à si juste titre, c'est Pélopidas mort qu'ils désirent de
toucher. Si vous nous permettez de décorer ces précieux restes et de les ensevelir,
nous vous croirons persuadés que cette perte est plus sensible et plus cruelle encore
pour les Thessaliens que pour les Thébains. Vous avez perdu un grand capitaine; et
nous, outre cette perte qui nous est commune avec vous, nous perdons encore
jusqu'à l'espoir de recouvrer notre liberté. Comment oserions-nous vous demander
un autre général, quand nous ne vous avons pas rendu Pélopidas?" Les Thébains
leur accordèrent ce qu'ils souhaitaient.
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