[23] Ἐν δὲ τῇ μάχῃ τοῦ Ἐπαμεινώνδου τὴν φάλαγγα λοξὴν
ἐπὶ τὸ εὐώνυμον ἕλκοντος, ὅπως τῶν ἄλλων Ἑλλήνων
ἀπωτάτω γένηται τὸ δεξιὸν τῶν Σπαρτιατῶν καὶ τὸν
Κλεόμβροτον ἐξώσῃ προσπεσὼν ἀθρόως κατὰ (2) κέρας καὶ
βιασάμενος, οἱ μὲν πολέμιοι καταμαθόντες τὸ γινόμενον
ἤρξαντο μετακινεῖν τῇ τάξει σφᾶς αὐτοὺς καὶ τὸ δεξιὸν
ἀνέπτυσσον καὶ περιῆγον, ὡς κυκλωσόμενοι (3) καὶ
περιβαλοῦντες ὑπὸ πλήθους τὸν Ἐπαμεινώνδαν, ὁ δὲ
Πελοπίδας ἐν τούτῳ προεξέδραμε, καὶ συστρέψας τοὺς
τριακοσίους δρόμῳ φθάνει, πρὶν ἀνατεῖναι τὸν Κλεόμβροτον τὸ
κέρας ἢ συναγ<αγ>εῖν πάλιν εἰς τὸ αὐτὸ καὶ συγκλεῖσαι τὴν
τάξιν, οὐ καθεστῶσιν ἀλλὰ θορυβουμένοις (4) δι' ἀλλήλων τοῖς
Λακεδαιμονίοις ἐπιβαλών. καίτοι πάντων ἄκροι τεχνῖται καὶ
σοφισταὶ τῶν πολεμικῶν ὄντες οἱ Σπαρτιᾶται πρὸς οὐδὲν οὕτως
ἐπαίδευον αὑτοὺς καὶ συνείθιζον, ὡς τὸ μὴ πλανᾶσθαι μηδὲ
ταράττεσθαι τάξεως διαλυθείσης, ἀλλὰ χρώμενοι πᾶσι πάντες
ἐπιστάταις καὶ ζευγίταις, ὅπου ποτὲ καὶ σὺν οἷστισιν ὁ κίνδυνος
καταλαμβάνοι, καὶ συναρμόττειν καὶ μάχεσθαι παραπλησίως.
(5) τότε δ' ἡ τοῦ Ἐπαμεινώνδου φάλαγξ ἐπιφερομένη μόνοις
ἐκείνοις καὶ παραλλάττουσα τοὺς ἄλλους, ὅ τε Πελοπίδας μετὰ
τάχους ἀπίστου καὶ τόλμης ἐν τοῖς ὅπλοις γενόμενος, συνέχεον
τά τε φρονήματα καὶ τὰς ἐπιστήμας αὐτῶν οὕτως, ὥστε φυγὴν
καὶ φόνον Σπαρτιατῶν ὅσον (6) οὔπω πρότερον γενέσθαι. διὸ
τῷ Ἐπαμεινώνδᾳ βοιωταρχοῦντι μὴ βοιωταρχῶν, καὶ πάσης
ἡγουμένῳ τῆς δυνάμεως μικροῦ μέρους ἄρχων, ἴσον ἠνέγκατο
δόξης τῆς νίκης ἐκείνης καὶ τοῦ κατορθώματος.
| [23] XXIII. Épaminondas, en rangeant ses troupes en bataille,
plaça la phalange à l'aile gauche, et la fit avancer obliquement
vers l'ennemi, afin que l'aile droite des Spartiates fût éloignée le plus qu'il serait
possible des autres Grecs qui étaient dans leur armée, et que la phalange des
Thébains, en tombant avec toutes ses forces sur Cléombrote, qui commandait cette
aile droite, pût aisément l'enfoncer et la mettre en déroute. Les ennemis ayant
pénétré son dessein, changèrent leur ordre de bataille : ils étendirent leur aile droite,
dans l'espérance qu'avec le grand nombre de leurs troupes, ils envelopperaient
Épaminondas; mais à l'instant même Pélopidas accourt avec son bataillon sacré; et
ayant, par sa grande diligence, empêché que Cléombrote n'eût le temps d'étendre sa
droite, ou, à ce défaut, de la serrer de nouveau pour rétablir son premier ordre de
bataille, il charge les Lacédémoniens, qui n'avaient pas encore repris leurs rangs et
qu'il trouve en désordre. Les Spartiates étaient les plus habiles maîtres dans l'art de la
guerre; et la partie de leur tactique à laquelle ils étaient le plus exercés, celle dont ils
avaient contracté la plus longue habitude, c'était de ne jamais se déranger ni se
troubler; de ne point changer leur ordre de bataille en présence de l'ennemi;
d'accoutumer leurs soldats à pouvoir, quand le danger devenait pressant, se servir
les uns aux autres de capitaines et de chefs de bandes, et à se tenir unis et serrés en
combattant. Mais dans cette occasion la phalange d'Épaminondas n'ayant chargé que
cette aile droite, sans s'arrêter aux autres troupes, et Pélopidas, de son côté, étant
venu, à la tête de son bataillon sacré, fondre sur eux avec une audace et une rapidité
inexprimable; cette double attaque confondit tellement toute leur science et toute leur
fierté, que jamais les Lacédémoniens n'essuyèrent un si grand carnage ni une déroute
si complète. Ainsi Pélopidas, qui n'était pas béotarque et qui ne commandait qu'un
bataillon peu nombreux, partagea avec Épaminondas, qui était revêtu de la première
magistrature, et avait le commandement de toute l'armée, la gloire de cette brillante
journée.
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