[21] Ὁ δὲ Πελοπίδας ἐν τῷ στρατοπέδῳ κατακοιμηθεὶς
ἔδοξε τάς τε παῖδας ὁρᾶν περὶ τὰ μνήματα θρηνούσας καὶ
καταρωμένας τοῖς Σπαρτιάταις, τόν τε Σκέδασον κελεύοντα
ταῖς κόραις σφαγιάσαι παρθένον ξανθήν, (2) εἰ βούλοιτο τῶν
πολεμίων ἐπικρατῆσαι. δεινοῦ δὲ καὶ παρανόμου τοῦ
προστάγματος αὐτῷ φανέντος, ἐξαναστὰς (3) ἐκοινοῦτο τοῖς τε
μάντεσι καὶ τοῖς ἄρχουσιν. ὧν οἱ μὲν οὐκ εἴων παραμελεῖν οὐδ'
ἀπειθεῖν, τῶν μὲν παλαιῶν προφέροντες Μενοικέα τὸν
Κρέοντος καὶ Μακαρίαν τὴν Ἡρακλέους, τῶν δ' ὕστερον
Φερεκύδην τε τὸν σοφὸν ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἀναιρεθέντα καὶ
τὴν δορὰν αὐτοῦ κατά τι λόγιον ὑπὸ τῶν βασιλέων
φρουρουμένην, Λεωνίδαν τε τῷ χρησμῷ τρόπον τινὰ
προθυσάμενον ἑαυτὸν ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος, ἔτι δὲ τοὺς ὑπὸ
Θεμιστοκλέους σφαγιασθέντας Ὠμηστῇ Διονύσῳ πρὸ τῆς ἐν
Σαλαμῖνι ναυμαχίας· (4) ἐκείνοις γὰρ ἐπιμαρτυρῆσαι τὰ
κατορθώματα· τοῦτο δ' Ἀγησίλαον, <ὃν> ἀπὸ τῶν αὐτῶν
Ἀγαμέμνονι τόπων ἐπὶ τοὺς αὐτοὺς στρατευόμενον πολεμίους
ᾔτησε μὲν ἡ θεὸς τὴν θυγατέρα σφάγιον, καὶ ταύτην εἶδε τὴν
ὄψιν ἐν Αὐλίδι κοιμώμενος, ὁ δ' οὐκ ἔδωκεν, ἀλλ'
ἀπομαλθακισθεὶς (5) κατέλυσε τὴν στρατείαν, ἄδοξον καὶ
ἀτελῆ γενομένην. οἱ δὲ τοὐναντίον ἀπηγόρευον, ὡς οὐδενὶ τῶν
κρειττόνων καὶ ὑπὲρ ἡμᾶς ἀρεστὴν οὖσαν οὕτω βάρβαρον καὶ
παράνομον θυσίαν· οὐ γὰρ τοὺς Τυφῶνας ἐκείνους οὐδὲ τοὺς
Γίγαντας ἄρχειν, ἀλλὰ τὸν πάντων πατέρα θεῶν καὶ
ἀνθρώπων· (6) δαίμονας δὲ χαίροντας ἀνθρώπων αἵματι καὶ
φόνῳ πιστεύειν <εἶναι> μὲν ἴσως ἐστὶν ἀβέλτερον, ὄντων δὲ
τοιούτων ἀμελητέον ὡς ἀδυνάτων· ἀσθενείᾳ γὰρ καὶ μοχθηρίᾳ
ψυχῆς ἐμφύεσθαι καὶ παραμένειν τὰς ἀτόπους καὶ χαλεπὰς
ἐπιθυμίας.
| [21] XXII. Pélopidas dormait dans sa tente
lorsqu'il crut voir les filles de Scédasus, pleurant autour de leurs tombeaux, charger
d'imprécations les Spartiates, et Scédasus lui ordonner d'immoler à ses filles une
vierge rousse, s'il voulait vaincre ses ennemis. Pélopidas, étonné d'un ordre qui lui
paraissait si cruel et si injuste, se lève promptement, et va faire part de sa vision aux
devins et aux généraux : les uns sont d'avis qu'il ne faut pas négliger cet ordre, ni
désobéir au dieu. Ils citent les anciennes histoires de Ménécée, fils de Créon; de
Macarie, fille d'Hercule; et à des époques plus récentes, celle de Phérécyde le sage,
mis à mort par les Lacédémoniens, et dont les rois de Sparte, d'après un oracle,
gardent avec soin la peau ; celle de Léonidas, qui, obéissant à l'oracle, se sacrifia en
quelque sorte lui-même pour le salut de la Grèce; enfin, celle de Thémistocle,
qui, avant la bataille de Salamine, immola trois jeunes Perses à Bacchus Omestes;
sacrifices qui furent tous justifiés par le succès. Ils ajoutent, à ces divers exemples,
qu'Agésilas étant prêt à faire voile des lieux d'où Agamemnon était autrefois parti
pour aller combattre les mêmes ennemis, la déesse lui apparut en Aulide pendant
son sommeil, et lui demanda le sacrifice de sa fille ; que la tendresse paternelle ne lui
ayant pas permis d'y consentir, il fut obligé de renvoyer son armée sans avoir rien
fait, et s'en retourna couvert de honte. Les autres soutinrent, au contraire,
qu'aucun de ces êtres, qui sont bons par essence et d'une nature supérieure à la nôtre,
ne pouvaient agréer un sacrifice si injuste et si barbare; que cet univers n'est
gouverné ni par des Typhons ni par des Géants, mais par le Dieu suprême, père des
dieux et des hommes. Il serait absurde, disaient-ils, de croire que la Divinité se plaît
dans le sang et dans le meurtre : si cela était, il faudrait rejeter les dieux comme
n'étant pas des êtres tout puissants. Ce n'est que dans des âmes faibles et dépravées
que peuvent naître et subsister des désirs si étranges et si cruels. »
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