[19] Ὅλως δὲ τῆς περὶ τοὺς ἐραστὰς συνηθείας οὐχ, ὥσπερ
οἱ ποιηταὶ λέγουσι, Θηβαίοις τὸ Λαΐου πάθος ἀρχὴν παρέσχεν,
ἀλλ' οἱ νομοθέται τὸ φύσει θυμοειδὲς αὐτῶν καὶ ἄκρατον
ἀνιέναι καὶ ἀνυγραίνειν εὐθὺς ἐκ παίδων βουλόμενοι, πολὺν
μὲν ἀνεμείξαντο καὶ σπουδῇ καὶ παιδιᾷ πάσῃ τὸν αὐλόν, εἰς
τιμὴν καὶ προεδρίαν ἄγοντες, λαμπρὸν δὲ τὸν ἔρωτα ταῖς
παλαίστραις ἐνεθρέψαντο, (2) συγκεραννύντες τὰ ἤθη τῶν
νέων. ὀρθῶς δὲ πρὸς τοῦτο καὶ τὴν ἐξ Ἄρεως καὶ Ἀφροδίτης
γεγονέναι λεγομένην θεὸν τῇ πόλει συνῳκείωσαν, ὡς ὅπου τὸ
μαχητικὸν καὶ πολεμικὸν μάλιστα τῷ μετέχοντι πειθοῦς καὶ
χαρίτων ὁμιλεῖ καὶ σύνεστιν, εἰς τὴν ἐμμελεστάτην καὶ
κοσμιωτάτην πολιτείαν δι' Ἁρμονίας καθισταμένων ἁπάντων.
(3) Τὸν οὖν ἱερὸν λόχον τοῦτον ὁ μὲν Γοργίδας διαιρῶν εἰς
τὰ πρῶτα ζυγά, καὶ παρ' ὅλην τὴν φάλαγγα τῶν ὁπλιτῶν
προβαλλόμενος, ἐπίδηλον οὐκ ἐποίει τὴν ἀρετὴν τῶν ἀνδρῶν
οὐδ' ἐχρῆτο τῇ δυνάμει πρὸς κοινὸν ἔργον, ἅτε δὴ (4)
διαλελυμένῃ καὶ πρὸς πολὺ μεμειγμένῃ τὸ φαυλότερον. ὁ δὲ
Πελοπίδας, ὡς ἐξέλαμψεν αὐτῶν ἡ ἀρετὴ περὶ Τεγύρας
καθαρῶς καὶ περιόπτως ἀγωνισαμένων, οὐκέτι διεῖλεν οὐδὲ
διέσπασεν, ἀλλ' ὥσπερ σώματι χρώμενος (5) ὅλῳ
προεκινδύνευεν <ἐν> τοῖς μεγίστοις ἀγῶσιν. ὥσπερ γὰρ οἱ ἵπποι
θᾶσσον ὑπὸ τοῖς ἅρμασιν ἢ καθ' αὑτοὺς ἐλαυνόμενοι θέουσιν,
οὐχ ὅτι μᾶλλον ἐμπίπτοντες ἐκβιάζονται τὸν ἀέρα τῷ πλήθει
ῥηγνύμενον, ἀλλ' ὅτι συνεκκαίει τὸν θυμὸν ἡ μετ' ἀλλήλων
ἅμιλλα καὶ τὸ φιλόνικον, οὕτως ᾤετο τοὺς ἀγαθοὺς ζῆλον
ἀλλήλοις καλῶν ἔργων <ἐμποι>οῦντας ὠφελιμωτάτους εἰς
κοινὸν ἔργον εἶναι καὶ προθυμοτάτους.
| [19] Au reste, ce ne fut pas la passion de Laïus,
comme le veulent les poètes, qui introduisit dans Thèbes l'amour dont je parle;
mais leurs législateurs eux-mêmes, qui, pour modérer et adoucir, dès le
premier âge, le caractère violent et emporté de ce peuple, firent d'abord entrer le jeu
de la flûte dans toutes leurs occupations et dans tous leurs divertissements. Ils mirent
cet instrument en honneur, et s'attachèrent en même temps à nourrir, dans les
gymnases, cet amour pur et vertueux, afin de dompter le naturel des jeunes gens. Ce
fut donc avec sagesse que ces législateurs donnèrent pour protectrice à leur ville la
déesse Harmonie, qu'on dit fille de Mars et de Vénus, pour insinuer que, lorsque la
hardiesse et le courage sont tempérés par les grâces et par l'attrait de la persuasion,
les peuples jouissent du gouvernement le mieux ordonné et le plus parfait, fruit
naturel d'une heureuse harmonie. XX. Gorgidas, en formant ce bataillon sacré, l'avait
distribué dans les premiers rangs de l'infanterie répandus sur tout le front de la
phalange, ces hommes d'élite, qui le composaient, ne pouvaient faire éclater toute
leur valeur ni rendre tout le service qu'on pouvait attendre de leur force, parce qu'au
lieu d'être réunis en un seul corps, ils étaient confondus avec des troupes
nombreuses, à la vérité, mais inférieures en courage, et se trouvaient affaiblis par
cette division. Pélopidas, qui, à la bataille de Tégyre, où ils combattirent toujours
autour de lui, avait vu briller leur valeur dans tout son éclat, au lieu de les laisser
séparés les uns des autres, n'en forma qu'un seul corps, à la tête duquel, dans les plus
grands combats, il affronta toujours les premiers périls. Des chevaux attelés à un char
courent beaucoup plus vite que ceux qui vont seuls, non parce que, s'élançant tous
ensemble avant effort, ils fendent mieux l'air par leur nombre, mais parce que
l'émulation et la rivalité enflamment leur ardeur. De même Pélopidas pensait que les
hommes braves, quand ils sont ensemble, s'inspirant les uns aux autres l'émulation et
le désir des grands exploits, sont bien plus utiles et combattent avec plus de courage.
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