[14] Ἐπεὶ τοίνυν στρατῷ μεγάλῳ Λακεδαιμονίων εἰς τὴν
Βοιωτίαν ἐμβαλόντων, οἱ Ἀθηναῖοι περίφοβοι γενόμενοι τήν τε
συμμαχίαν ἀπείπαντο τοῖς Θηβαίοις, καὶ τῶν βοιωτιαζόντων
εἰς τὸ δικαστήριον παραγαγόντες τοὺς μὲν ἀπέκτειναν, τοὺς δ'
ἐφυγάδευσαν, τοὺς δὲ χρήμασιν ἐζημίωσαν, ἐδόκει δὲ κακῶς
ἔχειν τὰ τῶν Θηβαίων (2) πράγματα μηδενὸς αὐτοῖς
βοηθοῦντος, ἔτυχε μὲν ὁ Πελοπίδας μετὰ Γοργίδου
βοιωταρχῶν, ἐπιβουλεύοντες δὲ συγκροῦσαι πάλιν τοὺς
Ἀθηναίους τοῖς Λακεδαιμονίοις, (3) τοιόνδε τι μηχανῶνται.
Σφοδρίας ἀνὴρ Σπαρτιάτης, εὐδόκιμος μὲν ἐν τοῖς πολεμικοῖς
καὶ λαμπρός, ὑπόκουφος δὲ τὴν γνώμην, καὶ κενῶν ἐλπίδων
καὶ φιλοτιμίας ἀνοήτου μεστός, ἀπελείφθη περὶ Θεσπιὰς μετὰ
δυνάμεως, τοὺς ἀφισταμένους τῶν Θηβαίων δέχεσθαι καὶ (4)
βοηθεῖν. πρὸς τοῦτον ὑποπέμπουσιν οἱ περὶ τὸν Πελοπίδαν
(ἰδίᾳ) <Δι>έμπορόν τινα τῶν φίλων, χρήματα κομίζοντα καὶ
λόγους, οἳ τῶν χρημάτων μᾶλλον ἀνέπεισαν αὐτόν, ὡς χρὴ
πραγμάτων (μᾶλλον) ἅψασθαι μεγάλων καὶ τὸν Πειραιᾶ
καταλαβεῖν, ἀπροσδόκητον ἐπιπεσόντα μὴ (5) φυλαττομένοις
τοῖς Ἀθηναίοις· Λακεδαιμονίοις τε γὰρ οὐδὲν οὕτως ἔσεσθαι
κεχαρισμένον ὡς λαβεῖν τὰς Ἀθήνας, Θηβαίους τε χαλεπῶς
ἔχοντας αὐτοῖς καὶ προδότας (6) νομίζοντας οὐκ ἐπιβοηθήσειν.
τέλος δὲ συμπεισθεὶς ὁ Σφοδρίας καὶ τοὺς στρατιώτας
ἀναλαβών, νυκτὸς εἰς τὴν Ἀττικὴν ἐνέβαλε, καὶ μέχρι μὲν
Ἐλευσῖνος προῆλθεν, ἐκεῖ δὲ τῶν στρατιωτῶν
ἀποδειλιασάντων, φανερὸς γενόμενος καὶ συνταράξας
<πόλεμον> οὐ φαῦλον οὐδὲ ῥᾴδιον αὐτοῖς <τοῖς> Σπαρτιάταις
πολεμεῖν, ἀνεχώρησεν εἰς Θεσπιάς.
| [14] XV. L'entrée
des Lacédémoniens dans la Béotie, avec une si grande armée, effraya tellement les
Athéniens, que, renonçant à leur alliance avec les Thébains, ils mirent en justice ceux
qui tenaient leur parti, firent mourir les uns, bannirent les autres, et en condamnèrent
plusieurs à de grosses amendes. Dans ce dénûment de tout secours, les affaires des
Thébains paraissaient désespérées. Pélopidas et Gorgidas, alors béotarques,
cherchèrent à mettre les Athéniens aux prises avec les Spartiates; et pour cela ils
eurent recours à la ruse. Les Lacédémoniens avaient laissé à Thespies, avec des
troupes, un de leurs capitaines, nommé Sphodrias, homme d'une grande valeur et
d'une réputation brillante à la guerre, mais d'un esprit léger, follement ambitieux, et
qui se berçait aisément des plus vaines espérances : il était là pour recevoir et soutenir
ceux qui se révolteraient contre les Thébains. Pélopidas lui envoie, de son chef, un
marchand de ses amis, chargé de lui donner de l'argent, et de lui faire des
propositions qui eurent encore sur son esprit plus de pouvoir que l'argent. «Vous
devez, lui dit-il, aspirer à de plus grandes entreprises, et, en attaquant les Athéniens
lorsqu'ils ne s'en douteront pas, vous emparer du Pirée : rien ne serait plus agréable
aux Lacédémoniens que de se voir maîtres d'Athènes; les Thébains, indignés contre
les Athéniens, qu'ils regardent comme des traîtres, ne leur donneront aucun appui."
Séduit par ces discours, Sphodrias se met en marchle la nuit, avec ses troupes,
entre dans l'Attique, et s'avance jusqu'à Éleusis; mais l'effroi subit que prirent ses
soldats l'ayant fait découvrir, il s'en retourne à Thespies, sans autre fruit de son
entreprise que d'avoir attiré aux Lacédémoniens une guerre rude et difficile.
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