[10] Γενομένου δ' ἐπὶ ταῖς θύραις αὐτοῦ, προῆλθεν ὁ Ἀρχίας
καὶ "φυγάδας" (καὶ) εἶπεν "ὦ Χάρων τινὰς ἀκήκοα
παρεληλυθότας ἐν τῇ πόλει κρύπτεσθαι, καὶ (2) συμπράττειν
αὐτοῖς ἐνίους τῶν πολιτῶν." καὶ ὁ Χάρων διαταραχθεὶς τὸ
πρῶτον, εἶτ' ἐρωτήσας τίνες εἰσὶν οἱ παρεληλυθότες καὶ τίνες οἱ
κρύπτοντες αὐτούς, ὡς οὐδὲν ἑώρα σαφὲς εἰπεῖν ἔχοντα τὸν
Ἀρχίαν, ὑπονοήσας ἀπ' (3) οὐδενὸς τῶν ἐπισταμένων
γεγονέναι τὴν μήνυσιν, "ὁρᾶτε τοίνυν" ἔφη "μὴ κενός τις ὑμᾶς
διαταράττῃ λόγος. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ σκέψομαι· δεῖ γὰρ ἴσως
μηδενὸς καταφρονεῖν. (4) " ταῦτα καὶ Φυλλίδας παρὼν ἐπῄνει,
καὶ τὸν Ἀρχίαν ἀπαγαγὼν αὖθις εἰς ἄκρατον πολὺν κατέβαλε
καὶ ταῖς (5) περὶ τῶν γυναικῶν ἐλπίσι διεπαιδαγώγει τὸν πότον.
ὡς δ' ἐπανῆλθεν ὁ Χάρων οἴκαδε καὶ διεσκευασμένους τοὺς
ἄνδρας εὗρεν, οὐχ ὡς ἄν τινα νίκην ἢ σωτηρίαν ἐλπίζοντας,
ἀλλ' ὡς ἀποθανουμένους λαμπρῶς καὶ μετὰ φόνου πολλοῦ
τῶν πολεμίων, τὸ μὲν ἀληθὲς αὐτοῖς ἔφραζε τοῖς περὶ τὸν
Πελοπίδαν, πρὸς δὲ τοὺς ἄλλους ἐψεύσατο λόγους τινὰς τοῦ
Ἀρχίου περὶ πραγμάτων ἑτέρων πλασάμενος.
(6) Ἔτι δὲ τοῦ πρώτου παραφερομένου, δεύτερον ἐπῆγεν ἡ
(7) τύχη χειμῶνα τοῖς ἀνδράσιν. ἧκε γάρ τις ἐξ Ἀθηνῶν παρ'
Ἀρχίου τοῦ ἱεροφάντου πρὸς Ἀρχίαν τὸν ὁμώνυμον, ξένον ὄντα
καὶ φίλον, ἐπιστολὴν κομίζων οὐ κενὴν ἔχουσαν οὐδὲ
πεπλασμένην ὑπόνοιαν, ἀλλὰ σαφῶς ἕκαστα περὶ τῶν (8)
πρασσομένων φάσκουσαν, ὡς ὕστερον ἐπεγνώσθη. τότε δὲ
μεθύοντι τῷ Ἀρχίᾳ προσαχθεὶς ὁ γραμματοφόρος καὶ τὴν
ἐπιστολὴν ἐπιδούς "ὁ ταύτην" ἔφη "πέμψας ἐκέλευσεν εὐθὺς
ἀναγνῶναι· περὶ σπουδαίων γάρ τινων γεγράφθαι. (9) " καὶ ὁ
Ἀρχίας μειδιάσας "οὐκοῦν εἰς αὔριον" ἔφη "τὰ σπουδαῖα," καὶ
τὴν ἐπιστολὴν δεξάμενος ὑπὸ τὸ προσκεφάλαιον ὑπέθηκεν,
αὐτὸς δὲ πάλιν τῷ Φυλλίδᾳ (10) περὶ ὧν ἐτύγχανον
διαλεγόμενοι προσεῖχεν. ὁ μὲν οὖν λόγος οὗτος ἐν παροιμίας
τάξει περιφερόμενος μέχρι νῦν διασῴζεται παρὰ τοῖς Ἕλλησι.
| [10] Lorsqu'il fut à la porte de la maison où se donnait le repas,
Archias et Philidas allèrent à lui.
«Charon, lui dirent-ils, savez-vous qui sont ces gens qu'on nous a dit être entrés dans
la ville, qui s'y sont cachés, et qui ont plusieurs citoyens dans leurs intérêts?" Charon,
d'abord un peu troublé, leur demande à son tour quels peuvent être ces gens dont on
leur a annoncé l'arrivée, et quels sont ceux qui les recèlent; mais voyant qu'Archias
n'avait rien de précis à lui dire, il reconnut qu'aucun des leurs ne les avait trahis. « Ne
serait-ce pas, leur dit-il, un faux avis que quelqu'un s'est plu à vous donner pour
troubler a vos plaisirs? Cependant je vais m'en informer et y veiller; car il ne faut rien
négliger. » Phillidas, qui était près de lui, loue sa prudence; et ramenant Archias dans
la salle, il le plonge de plus en plus dans l'ivresse, et fait prolonger le festin par
l'espérance des femmes qu'il a promises aux convives. Charon en rentrant chez lui
trouve les conjurés prêts, non à vaincre ou à sauver leurs jours, mais à mourir avec
gloire, en vendant chèrement leur vie à leurs ennemis. Il ne dit la vérité qu'au seul
Pélopidas, et la cacha aux autres, à qui il fit croire qu'Archias l'avait entretenu de
toute autre chose. XI. Ce premier orage était à peine dissipé, que la fortune en
excita un second. Un exprès envoyé d'Athènes par l'hiérophante Archias au tyran de
ce nom, son hôte et son ami, arrive avec une lettre qui contenait, non une nouvelle
incertaine et appuyée sur de vains soupçons, mais, comme on le sut depuis, un détail
exact de la conjuration. Ce courrier conduit auprès d'Archias, le trouva plein de vin;
et, en lui remettant la lettre, il lui dit que la personne qui l'envoyait le priait de la lire
sur-le-champ, parce qu'il y était question d'affaires sérieuses. « A demain les affaires
sérieuses", lui répondit Archias; et, mettant la lettre sous le chevet de son lit, il reprit
sa conversation avec Phillidas. Ce mot «à demain les affaires» est passé depuis en
proverbe, et il est encore en usage parmi les Grecs.
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