HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marcellus

Chapitre 25

  Chapitre 25

[25] Ἐπεὶ δ' ἐλθὼν ἀπὸ τῆς Σικελίας τοῦ Μαρκέλλου συνάρχων ἕτερον ἐβούλετο λέγειν δικτάτορα, καὶ βιασθῆναι παρὰ γνώμην μὴ βουλόμενος ἐξέπλευσε νυκτὸς εἰς Σικελίαν, οὕτως μὲν δῆμος ὠνόμασε δικτάτορα Κόϊντον Φούλβιον, βουλὴ δ' ἔγραψε Μαρκέλλῳ κελεύουσα τοῦτον <2> <ἀν>ειπεῖν. δὲ πεισθεὶς ἀνεῖπε καὶ συνεπεκύρωσε τοῦ δήμου τὴν γνώμην, αὐτὸς δὲ πάλιν ἀνθύπατος εἰς τοὐπιὸν ἀπεδείχθη. <3> Συνθέμενος δὲ πρὸς Φάβιον Μάξιμον, ὅπως ἐκεῖνος μὲν ἐπιχειρῇ Ταραντίνοις, αὐτὸς δὲ συμπλεκόμενος καὶ περιέλκων Ἀννίβαν ἐμποδὼν τοῦ βοηθεῖν πρὸς ἐκεῖνον, ἐπέβαλε περὶ Κανύσιον, καὶ πολλὰς ἀλλάσσοντι στρατοπεδείας καὶ φυγομαχοῦντι πανταχόθεν ἐπεφαίνετο, τέλος δ' ἱδρυνθέντα <4> προσκείμενος ἐξανίστη τοῖς ἀκροβολισμοῖς. ὁρμήσαντος δὲ μάχεσθαι δεξάμενος ὑπὸ νυκτὸς διελύθη· καὶ μεθ' ἡμέραν αὖθις ἐν τοῖς ὅπλοις ἑωρᾶτο τὸν στρατὸν ἔχων παρατεταγμένον, ὥστε τὸν Ἀννίβαν περιαλγῆ γενόμενον τοὺς Καρχηδονίους ἀθροῖσαι καὶ δεηθῆναι τὴν μάχην ἐκείνην <5> ὑπὲρ πασῶν ἀγωνίσασθαι τῶν ἔμπροσθεν. "ὁρᾶτε γὰρ" εἶπεν "ὡς οὐδ' ἀναπνεῦσαι μετὰ νίκας τοσαύτας οὐδὲ σχολὴν ἄγειν κρατοῦσιν ἡμῖν ἔστιν, εἰ μὴ τοῦτον <6> ὠσαίμεθα τὸν ἄνθρωπον." ἐκ τούτου συμβαλόντες ἐμάχοντο, καὶ δοκεῖ παρὰ τὸ ἔργον ἀκαίρῳ στρατηγήματι <7> χρώμενος Μάρκελλος σφαλῆναι. τοῦ γὰρ δεξιοῦ πονοῦντος, ἐκέλευσεν <ἓν> τῶν ταγμάτων εἰς τοὔμπροσθεν προελθεῖν· δὲ μετακίνησις αὕτη ταράξασα τοὺς μαχομένους παρέδωκε τὸ νίκημα τοῖς πολεμίοις, ἑπτακοσίων <8> ἐπὶ δισχιλίοις Ῥωμαίων πεσόντων. ἀναχωρήσας δ' Μάρκελλος εἰς τὸν χάρακα καὶ συναγαγὼν τὸν στρατόν, ὁρᾶν ἔφη Ῥωμαίων ὅπλα πολλὰ καὶ σώματα, Ῥωμαῖον <9> δὲ μηδέν' ὁρᾶν. αἰτουμένων δὲ συγγνώμην, οὐκ ἔφη διδόναι νενικημένοις, ἐὰν δὲ νικήσωσι, δώσειν· αὔριον δὲ μαχεῖσθαι πάλιν, ὅπως οἱ πολῖται τὴν νίκην πρότερον <10> τὴν φυγὴν ἀκούσωσι. διαλεχθεὶς δὲ ταῦτα, προσέταξε ταῖς ἡττημέναις σπείραις ἀντὶ πυρῶν κριθὰς μετρῆσαι. δι' πολλῶν ἀπὸ τῆς μάχης ἐπικινδύνως καὶ πονήρως ἐχόντων, οὐδένα φασὶν ὃν οἱ Μαρκέλλου λόγοι τῶν τραυμάτων οὐχὶ μᾶλλον ἤλγυναν. [25] Le consul qu'on avait fait venir de Sicile voulait nommer un autre dictateur que celui que le sénat lui désignait; et, pour n'être pas forcé à l'élire contre son gré, il s'embarqua pendant la nuit, et retourna en Sicile. Le peuple nomma donc dictateur Quintus Fulvius, et le sénat écrivit à Marcellus de le nommer aussi : Marcellus obéit, et confirma le choix du peuple. Il fut lui-même nommé proconsul pour l'année suivante. XXXV. Il convint avec Fabius Maximus que celui-ci assiégerait Tarente, pendant que lui-même s'attacherait à Annibal, et le harcellerait sans cesse pour l'empêcher de secourir cette place. Il alla donc le chercher près de Canusium; et comme Annibal, pour éviter le combat, changeait tous les jours de camp, Marcellus le suivait partout, et se présentait toujours en armes devant lui. Un jour enfin, l'ayant surpris pendant qu'il fortifiait son camp, il fit tant par ses escarmouches continuelles, qu'il le força d'en venir aux mains; mais la nuit les sépara. Le lendemain, au point du jour, Marcellus parut en bataille : Annibal, désespéré, assemble les Carthaginois, et les conjure de livrer encore ce combat, pour conserver la gloire de tous les précédents. « Vous voyez, leur dit-il, que, malgré tant de victoires, nous ne pouvons pas respirer un instant, et que, tout vainqueurs que nous sommes, nous n'aurons jamais de repos tant que nous n'aurons pas chassé cet homme.» Après ce peu de mots, il les mène au combat; et il parut, par l'événement, que Marcellus n'eut du dessous dans cette occasion, que pour avoir fait une manoeuvre mal à propos. Comme il voyait son aile droite prête à plier, il fit passer une de ses légions de la tête à la queue; et ce mouvement ayant mis du désordre parmi ceux qui combattaient, donna la victoire à l'ennemi. Il y périt deux mille sept cents Romains. Marcellus, rentré dans le camp, assemble son armée, et dit qu'il voit devant lui bien des armes et des corps, mais pas un seul Romain. Les soldats lui ayant demandé pardon de leur faute, il répliqua qu'il ne pardonnait pas à des vaincus, mais qu'il leur ferait grâce s'ils étaient vainqueurs; que le lendemain ils recommenceraient le combat, afin que leurs concitoyens apprissent leur victoire plutôt que leur fuite. Après cette réprimande, il ordonna qu'on donnât de l'orge, au lieu de froment, aux bandes qui avaient fui : elles en furent si humiliées, que dans le grand nombre de blessés qui souffraient cruellement, et dont la vie même était en danger, il n'y en eut pas un seul qui ne sentît plus vivement les reproches de Marcellus que ses propres blessures.


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Dernière mise à jour : 23/08/2007