HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marcellus

Chapitre 24

  Chapitre 24

[24] Τοὐντεῦθεν ἤδη τρέπεται πρὸς Ἀννίβαν· καὶ τῶν ἄλλων ὑπάτων καὶ ἡγεμόνων σχεδὸν ἁπάντων μετὰ τὴν ἐν Κάνναις <ἀτυχίαν> ἑνὶ στρατηγήματι τῷ φυγομαχεῖν χρωμένων ἐπὶ τὸν ἄνδρα, παρατάττεσθαι δὲ καὶ συμπλέκεσθαι μηδενὸς τολμῶντος, αὐτὸς ἐπὶ τὴν ἐναντίαν ὥρμησεν <2> ὁδόν, οἰόμενος τῷ δοκοῦντι καταλύσειν Ἀννίβαν χρόνῳ πρότερον ἐκτριβεῖσαν ὑπ' ἐκείνου λήσεσθαι τὴν Ἰταλίαν, καὶ τὸν Φάβιον ἀεὶ τῆς ἀσφαλείας ἐχόμενον οὐ καλῶς ἐκείν<ης> ἰᾶσθαι τὸ νόσημα, τῆς πατρίδος περιμένοντα τῇ ῥώμῃ μαραινομένῃ συναποσβῆναι τὸν πόλεμον, ὥσπερ ἰατρῶν τοὺς ἀτόλμους καὶ δειλοὺς πρὸς τὰ βοηθήματα, τῆς νόσου παρακμὴν <τὴν> τῆς δυνάμεως ἐξανάλωσιν <3> ἡγουμένους. πρῶτον μὲν οὖν <τὰς> Σαυνιτῶν τινας πόλεις <οὐ> μεγάλας ἀφεστώσας ἑλών, σῖτόν τε πολὺν ἀποκείμενον ἐν αὐταῖς καὶ χρήματα καὶ τοὺς φυλάσσοντας <4> Ἀννίβου στρατιώτας τρισχιλίους ὄντας ἔλαβεν· ἔπειτα τοῦ Ἀννίβου Φούλβιον Γναῖον ἀνθύπατον ἐν Ἀπουλίᾳ κατακτείναντος μὲν αὐτὸν σὺν ἕνδεκα χιλιάρχοις, κατακόψαντος δὲ τῆς στρατιᾶς τὸ πλεῖστον, ἔπεμψεν εἰς Ῥώμην γράμματα τοὺς πολίτας παρακαλῶν θαρρεῖν· αὐτὸς γὰρ ἤδη βαδίζειν <5> ὡς ἀφέλοιτο τὴν χαρὰν Ἀννίβου. καὶ ταῦτα μὲν Λίβιός φησιν ἀναγνωσθέντα τὰ γράμματα μὴ τῆς λύπης ἀφελεῖν, ἀλλὰ τῷ φόβῳ προσθεῖναι, τῶν Ῥωμαίων μεῖζον ἡγουμένων τοῦ γεγονότος τὸ κινδυνευόμενον, ὅσῳ <6> Φουλβίου κρείττων ἦν Μάρκελλος· δ' ὥσπερ ἔγραψεν εὐθὺς Ἀννίβαν διώκων εἰς τὴν Λευκανίαν ἐνέβαλε, καὶ περὶ πόλιν Νομίστρωνα καθήμενον ὑπὲρ λόφων ὀχυρῶν καταλαβών, αὐτὸς ἐν τῷ πεδίῳ κατεστρατοπέδευσε. <7> τῇ δ' ὑστεραίᾳ πρότερος εἰς μάχην παρατάξας τὸ στράτευμα, <καὶ> καταβάντος Ἀννίβου συνέβαλε μάχην κρίσιν οὐ λαβοῦσαν, ἰσχυρὰν δὲ καὶ μεγάλην γενομένην· ἀπὸ γὰρ ὥρας τρίτης συμπεσόντες, ἤδη σκότους μόλις διελύθησαν. <8> ἅμα δ' ἡμέρᾳ προαγαγὼν αὖθις τὸ στράτευμα παρέταξε διὰ τῶν νεκρῶν, καὶ προὐκαλεῖτο διαγωνίσασθαι <9> περὶ τῆς νίκης τὸν Ἀννίβαν. ἀναζεύξαντος δ' ἐκείνου, σκυλεύσας τοὺς πολεμίους νεκροὺς καὶ θάψας τοὺς φίλους, ἐδίωκεν αὖθις, καὶ πολλὰς μὲν ὑφέντος ἐνέδρας, οὐδεμιᾷ περιπεσών, ἐν δὲ πᾶσι τοῖς ἀκροβολισμοῖς πλεῖον ἔχων, ἐθαυμάζετο. <10> Διὸ καὶ τῶν ἀρχαιρεσίων ἐπειγόντων, ἔδοξε τῇ βουλῇ μᾶλλον ἐκ Σικελίας τὸν ἕτερον ἐπάγειν ὕπατον Μάρκελλον Ἀννίβᾳ συνηρτημένον κινεῖν, ἐλθόντα δ' ἐκέλευεν <11> εἰπεῖν δικτάτορα Κόϊντον Φούλβιον. γὰρ δικτάτωρ οὐκ ἔστιν ὑπὸ τοῦ πλήθους οὐδὲ τῆς βουλῆς αἱρετός, ἀλλὰ τῶν ὑπάτων τις τῶν στρατηγῶν προελθὼν εἰς τὸν δῆμον ὃν <12> αὐτῷ δοκεῖ λέγει δικτάτορα. καὶ διὰ τοῦτο δικτάτωρ ῥηθεὶς καλεῖται· τὸ γὰρ λέγειν δίκερε Ῥωμαῖοι καλοῦσιν· ἔνιοι δέ <φασι> τὸν δικτάτορα τῷ μὴ προτιθέναι ψῆφον χειροτονίαν, ἀλλ' ἀφ' αὑτοῦ τὰ δόξαντα προστάττειν καὶ <13> λέγειν οὕτως ὠνομάσθαι· καὶ γὰρ τὰ διαγράμματα τῶν ἀρχόντων Ἕλληνες <μὲν> διατάγματα, Ῥωμαῖοι δ' ἔδικτα προσαγορεύουσιν. [24] XXXIII. De là Marcellus tourna ses armes contre Annibal. Depuis la déroute de Cannes, presque tous les consuls et tous les généraux n'usaient contre lui que d'un seul stratagème; c'était de fuir le combat : aucun n'osait ni lui livrer bataille, ni en venir aux mains avec lui. Marcellus prit une voie tout opposée : il pensait que le temps, qui paraissait devoir miner Annibal, finirait par ruiner insensiblement l'Italie; que Fabius, qui cherchait toujours la sûreté, ne connaissait pas le véritable traitement de la maladie qu'il était chargé de combattre; qu'à l'exemple des médecins ignorants et timides, qui, craignant d'employer des remèdes violents, mais nécessaires, attendent la guérison de l'épuisement des forces du malade, il attendait, pour éteindre cette guerre, que Rome fût entièrement épuisée. Il prit d'abord plusieurs villes considérables des Samnites, qui s'étaient révoltées; il y trouva de grandes provisions de blé, beaucoup d'argent, et trois mille hommes qu'Annibal y avait mis pour les garder, et qu'il fit prisonniers. Ensuite Annibal ayant tué dans la Pouille le proconsul Curius Fulvius, avec onze tribuns de soldats, et détruit la plus grande partie de son armée, Marcellus écrivit à Rome pour rassurer les citoyens, en leur annonçant qu'il était déjà en marche, et qu'il ne tarderait pas à chasser Annibal. Mais la lecture de ces lettres, au rapport de Tite-Live, loin de diminuer la tristesse des Romains, ne fit qu'augmenter leur crainte; ils pensaient que le danger présent surpassait la perte passée autant que Marcellus était supérieur à Fulvius. XXXIV. S'étant donc mis à la poursuite d'Annibal, comme il l'avait écrit, il entra dans la Lucanie, où le trouvant posté près de la ville de Numistrum, sur des hauteurs très escarpées, il campa lui-même dans la plaine. Le lendemain, il rangea le premier son armée en bataille; et Annibal étant descendu de ses hauteurs, ils se livrèrent un combat qui ne fut pas décisif, mais rude et sanglant. Il avait commencé dès la troisième heure, et à peine la nuit put séparer les combattants. Le lendemain, dès le point du jour, Marcellus fait sortir ses troupes des retranchements, les met en bataille parmi des monceaux de morts, et provoque Annibal à combattre pour la victoire. Annibal ayant décampé, Marcellus dépouille les morts des ennemis, donne la sépulture aux siens, et se remet en marche. Annibal lui dressa plusieurs embuscades, qu'il sut éviter; et dans toutes les escarmouches qui eurent lieu, il eut toujours l'avantage. Ces succès donnèrent aux Romains une si grande idée de sa capacité, que les comices pour l'élection des consuls approchant, le sénat aima mieux faire venir de Sicile l'autre consul, que de détourner Marcellus, qui serrait de si près Annibal. Dès que le consul fut arrivé, le sénat lui ordonna de nommer dictateur Quintus Fulvius; car ce magistrat n'est point à la nomination du peuple ni du sénat; c'est l'un des consuls ou des généraux qui, dans l'assemblée du peuple, nomme qui il veut. C'est de là qu'on lui donne le nom de dictateur, du mot latin "dicere", qui veut dire nommer. D'autres disent qu'ils est appelé dictateur, parce qu'il ne renvoie aucune affaire aux suffrages du peuple ou au jugement du sénat, mais qu'il décide tout de sa seule autorité; car les commandements des magistrats, que les Grecs appellent des ordres, sont appelés par les Latins des édits.


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Dernière mise à jour : 23/08/2007