[23] Τοῦ δὲ Μαρκέλλου τὸ τέταρτον ὑπατεύοντος, οἱ ἐχθροὶ
τοὺς Συρακοσίους ἀνέπεισαν εἰς Ῥώμην ἀφικομένους
κατηγορεῖν καὶ καταβοᾶν πρὸς τὴν σύγκλητον <2> ὡς δεινὰ καὶ
παράσπονδα πεπονθότας. ἔτυχε μὲν οὖν ἐν Καπιτωλίῳ θυσίαν
τινὰ συντελῶν ὁ Μάρκελλος· ἔτι δὲ συγκαθεζομένῃ τῇ
γερουσίᾳ τῶν Συρακοσίων προσπεσόντων καὶ δεομένων λόγου
τυχεῖν καὶ δίκης, ὁ μὲν συνάρχων ἐξεῖργεν αὐτούς, ἀγανακτῶν
ὑπὲρ τοῦ Μαρκέλλου μὴ παρόντος, ὁ δὲ Μάρκελλος εὐθὺς ἧκεν
ἀκούσας. <3> καὶ πρῶτον μὲν ἐπὶ τοῦ δίφρου καθίσας ὡς ὕπατος
ἐχρημάτιζεν, ἔπειτα τῶν ἄλλων τέλος ἐχόντων, καταβὰς ἀπὸ
τοῦ δίφρου καὶ καταστὰς ὥσπερ ἰδιώτης εἰς τὸν τόπον ἐν ᾧ
λέγειν εἰώθασιν οἱ κρινόμενοι, τοῖς Συρακοσίοις ἐλέγχειν
αὑτὸν παρεῖχεν. οἱ δὲ δεινῶς μὲν συνεταράχθησαν πρὸς τὸ
ἀξίωμα καὶ τὸ πεποιθὸς τοῦ ἀνδρός, καὶ τὸ ἐν τοῖς ὅπλοις
ἀνυπόστατον ἔτι μᾶλλον ἐν τῇ <5> περιπορφύρῳ φοβερὸν
ἡγοῦντο καὶ δυσαντίβλεπτον. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ
παραθαρρυνόντων αὐτοὺς τῶν διαφερομένων πρὸς τὸν
Μάρκελλον, ἤρξαντο τῆς κατηγορίας καὶ διεξῆλθον ὀλοφυρμῷ
τινι μεμειγμένην δικαιολογίαν, ἧς ἦν τὸ κεφάλαιον, ὅτι
σύμμαχοι καὶ φίλοι Ῥωμαίοις ὄντες πεπόνθασιν ἃ πολλοῖς τῶν
πολεμίων ἕτεροι στρατηγοὶ <6> μὴ παθεῖν ἐχαρίσαντο. πρὸς
ταῦθ' ὁ Μάρκελλος ἔλεγεν, ὡς ἀντὶ πολλῶν ὧν δεδράκασι
Ῥωμαίους κακῶς, οὐδὲν πεπόνθασι πλὴν ἃ πολέμῳ καὶ κατὰ
κράτος ἁλόντας <7> ἀνθρώπους κωλῦσαι παθεῖν οὐ δυνατόν
ἐστιν· οὕτω δ' ἁλῶναι δι' αὑτούς, πολλὰ προκαλουμένῳ
πεισθῆναι μὴ ἐθελήσαντας· οὐ γὰρ ὑπὸ τῶν τυράννων
πολεμῆσαι βιασθέντας, ἀλλὰ κἀκείνους ἐπὶ τῷ πολεμεῖν
ἑλέσθαι <8> τυράννους. λεχθέντων δὲ τῶν λόγων, <καὶ>
μεθισταμένοις ὥσπερ εἴωθεν <ἐκ> τῆς βουλῆς τοῖς Συρακοσίοις
συνεξῆλθε Μάρκελλος, ἐπὶ τῷ συνάρχοντι ποιησάμενος τὴν
σύγκλητον, καὶ πρὸ τῶν θυρῶν τοῦ βουλευτηρίου διέτριβεν,
οὔτε φόβῳ διὰ τὴν δίκην οὔτε θυμῷ πρὸς τοὺς Συρακοσίους τοῦ
συνήθους μεταβαλὼν καταστήματος, ἀλλὰ πρᾴως πάνυ καὶ
κοσμίως τὸ τῆς δίκης τέλος <9> ἐκδεχόμενος. ἐπεὶ δὲ
διηνέχθησαν αἱ γνῶμαι καὶ νικῶν ἀπεδείχθη, προσπίπτουσιν
αὐτῷ <οἱ> Συρακόσιοι, μετὰ δακρύων δεόμενοι τὴν ὀργὴν <τὴν>
εἰς αὐτοὺς ἀφεῖναι τοὺς παρόντας, οἰκτῖραι δὲ τὴν ἄλλην πόλιν,
μεμνημένην ὧν <10> ἔτυχεν ἀεὶ καὶ χάριν ἔχουσαν. ἐπικλασθεὶς
οὖν ὁ Μάρκελλος τούτοις τε διηλλάγη, καὶ τοῖς ἄλλοις
Συρακοσίοις ἀεί τι πράττων ἀγαθὸν διετέλει, καὶ τὴν
ἐλευθερίαν ἣν ἀπέδωκεν αὐτοῖς καὶ τοὺς νόμους καὶ τῶν
κτημάτων τὰ <11> περιόντα βέβαια παρέσχεν ἡ σύγκλητος. ἀνθ'
ὧν ἄλλας τε τιμὰς ὑπερφυεῖς ἔσχε παρ' αὐτοῖς, καὶ νόμον
ἔθεντο τοιοῦτον, ὁπόταν ἐπιβῇ Σικελίας Μάρκελλος ἢ τῶν
ἐκγόνων τις αὐτοῦ, στεφανηφορεῖν Συρακοσίους καὶ θύειν τοῖς
θεοῖς.
| [23] XXXI. Marcellus ayant été nommé consul pour la quatrième fois,
ses ennemis persuadèrent aux Syracusains de se transporter à Rome pour l'y
accuser et se plaindre hautement, devant le sénat, que, contre la foi des traités, il leur
avait fait éprouver les traitements les plus cruels. Le jour de leur arrivée, Marcellus
était par hasard au Capitole, où il offrait un sacrifice; et le sénat était encore
assemblé, lorsque les Syracusains, se jetant aux pieds des sénateurs, les conjurèrent
d'écouter leurs plaintes et de leur rendre justice. L'autre consul les repoussait,
indigné qu'on accusât Marcellus absent. Averti de ce qui se passait, il se rend
promptement au sénat; et, prenant d'abord sa place de consul, il donne audience : les
affaires terminées, il descend de son siége, se place comme simple particulier dans le
lieu d'où les accusés ont coutume de parler, et permet aux Syracusains d'exposer
leurs griefs. Ils furent d'abord extrêmement troublés de la dignité et de la confiance
du consul, et jugèrent que, s'il était redoutable les armes à la main, il était encore
plus imposant et plus terrible sous la pourpre consulaire. Cependant, rassurés par
ses ennemis, ils commèncerent leur accusation, qu'ils mêlèrent de beaucoup de
gémissements et de plaintes, dont le résultat fut qu'étant amis et alliés des Romains,
ils avaient souffert, de la part de Marcellus, ce que les autres généraux épargnent à
la plupart des ennemis qu'ils ont vaincus. XXXII. Marcellus répondit à ces
imputations que les Syracusains, pour tous les maux qu'ils avaient faits aux
Romains, n'avaient éprouvé que les malheurs dont on ne peut garantir, à la guerre,
les ennemis soumis par les armes; que c'était par leur faute qu'ils avaient été ainsi
réduits à force ouverte, n'ayant jamais voulu écouter les propositions qu'il leur
faisait; que, loin d'avoir été contraints par les tyrans à prendre les armes, c'était au
contraire pour les prendre qu'ils s'étaient volontairement soumis aux tyrans. Les
raisons ainsi exposées de part et d'autre, on fit, suivant l'usage, sortir les Syracusains
hors de la salle; Marcellus sortit aussi, laissant son collègue présider le sénat, et il se
tint à la porte ; sans laisser paraître aucune crainte sur le jugement, ni aucune
marque de ressentiment contre les Syracusains, il conserva son maintien ordinaire, et
attendit avec autant de douceur que de modestie la décision du sénat. On prit les
voix, et le jugement fut favorable à Marcellus. Aussitôt les Syracusains se jettent à ses
pieds, le conjurent avec larmes de ne pas leur faire éprouver son ressentiment, et
d'avoir pitié du reste de la ville, qui conservait toujours la plus vive reconnaissance
des bienfaits qu'elle avait reçus de lui. Touché de leurs prières, il leur pardonna, et
ne cessa depuis de faire aux Syracusains tout le bien qui fut en son pouvoir. Le sénat
leur laissa la liberté que Marcellus leur avait donnée, avec la jouissance de leurs lois
et des biens qui leur restaient. Les Syracusains, en reconnaissance, comblèrent
Marcellus d'honneurs, et firent une loi qui portait que lorsque ce général ou
quelqu'un de sa famille viendrait à Syracuse, les habitants se couronneraient de
fleurs, et feraient des sacrifices aux dieux.
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