HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marcellus

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Τότε δ' ἐν Σικελίᾳ πρῶτον μὲν ἀδικηθεὶς ὑφ' Ἱπποκράτους στρατηγοῦ Συρακοσίων, ὃς Καρχηδονίοις χαριζόμενος καὶ τυραννίδα κτώμενος αὑτῷ πολλοὺς <2> διέφθειρε Ῥωμαίων πρὸς Λεοντίνοις Καὶ εἷλε τὴν τῶν Λεοντίνων πόλιν κατὰ κράτος καὶ Λεοντίνους μὲν οὐκ ἠδίκησε, τῶν δ' αὐτομόλων ὅσους ἔλαβε μαστιγώσας <3> ἀπέκτεινε. τοῦ δ' Ἱπποκράτους πρῶτον μὲν λόγον εἰς τὰς Συρακούσας προπέμψαντος, ὡς Λεοντίνους ἡβηδὸν ἀποσφάττει Μάρκελλος, ἔπειτα δὲ τεταραγμένοις ἐπιπεσόντος καὶ τὴν πόλιν καταλαβόντος, ἄρας Μάρκελλος τῷ στρατῷ παντὶ πρὸς τὰς Συρακούσας ἐχώρει. καὶ καταστρατοπεδεύσας πλησίον, εἰσέπεμψε μὲν πρέσβεις, <5> περὶ τῶν ἐν Λεοντίνοις διδάξοντας. ὡς δ' οὐδὲν ἦν ὄφελος, μὴ πειθομένων Συρακοσίων (ἐκράτουν γὰρ οἱ περὶ τὸν Ἱπποκράτην), προσβολὰς ἐποιεῖτο κατὰ γῆν ἅμα καὶ κατὰ θάλασσαν, Ἀππίου μὲν τὸν πεζὸν ἐπάγοντος στρατόν, αὐτὸς δὲ πεντήρεις ἔχων ἑξήκοντα παντοδαπῶν <6> ὅπλων καὶ βελῶν πλήρεις. ὑπὲρ δὲ μεγάλου ζεύγματος νεῶν ὀκτὼ πρὸς ἀλλήλας συνδεδεμένων μηχανὴν ἄρας, ἐπέπλει πρὸς τὸ τεῖχος, τῷ πλήθει καὶ τῇ λαμπρότητι τῆς <7> παρασκευῆς καὶ τῇ δόξῃ τῇ περὶ αὑτὸν πεποιθώς· ἧς ἄρα λόγος οὐδεὶς ἦν Ἀρχιμήδει καὶ τοῖς Ἀρχιμήδους <8> μηχανήμασιν. ὧν ὡς μὲν ἔργον ἄξιον σπουδῆς οὐδὲν ἀνὴρ προὔθετο, γεωμετρίας δὲ παιζούσης ἐγεγόνει πάρεργα τὰ πλεῖστα, πρότερον φιλοτιμηθέντος Ἱέρωνος τοῦ βασιλέως καὶ πείσαντος Ἀρχιμήδη τρέψαι τι τῆς τέχνης ἀπὸ τῶν νοητῶν ἐπὶ τὰ σωματικά, καὶ τὸν λόγον ἁμῶς γέ πως δι' αἰσθήσεως μείξαντα ταῖς χρείαις ἐμφανέστερον καταστῆσαι <9> τοῖς πολλοῖς. τὴν γὰρ ἀγαπωμένην ταύτην καὶ περιβόητον ὀργανικὴν ἤρξαντο μὲν κινεῖν οἱ περὶ Εὔδοξον καὶ Ἀρχύταν, ποικίλλοντες τῷ γλαφυρῷ γεωμετρίαν, καὶ λογικῆς καὶ γραμμικῆς ἀποδείξεως οὐκ εὐποροῦντα προβλήματα δι' αἰσθητῶν καὶ ὀργανικῶν παραδειγμάτων <10> ὑπερείδοντες, ὡς τὸ περὶ δύο μέσας ἀνὰ λόγον πρόβλημα καὶ στοιχεῖον ἐπὶ πολλὰ τῶν γραφομένων ἀναγκαῖον εἰς ὀργανικὰς ἐξῆγον ἀμφότεροι κατασκευάς. μεσογράφους τινὰς ἀπὸ καμπύλων γραμμ<ατ>ῶν καὶ <11> τμημάτων μεθαρμόζοντες· ἐπεὶ δὲ Πλάτων ἠγανάκτησε καὶ διετείνατο πρὸς αὐτούς, ὡς ἀπολλύντας καὶ διαφθείροντας τὸ γεωμετρίας ἀγαθόν, ἀπὸ τῶν ἀσωμάτων καὶ νοητῶν ἀποδιδρασκούσης ἐπὶ τὰ αἰσθητά, καὶ προσχρωμένης αὖθις αὖ σώμασι πολλῆς καὶ φορτικῆς βαναυσουργίας δεομένοις, οὕτω διεκρίθη γεωμετρίας ἐκπεσοῦσα μηχανική, καὶ περιορωμένη πολὺν χρόνον ὑπὸ φιλοσοφίας, μία τῶν στρατιωτίδων <12> τεχνῶν ἐγεγόνει. καὶ μέντοι καὶ Ἀρχιμήδης, Ἱέρωνι τῷ βασιλεῖ συγγενὴς ὢν καὶ φίλος, ἔγραψεν ὡς τῇ δοθείσῃ δυνάμει τὸ δοθὲν βάρος κινῆσαι δυνατόν ἐστι, καὶ νεανιευσάμενος ὥς φασι ῥώμῃ τῆς ἀποδείξεως εἶπεν ὡς εἰ γῆν εἶχεν ἑτέραν, ἐκίνησεν ἂν ταύτην μεταβὰς εἰς <13> ἐκείνην. θαυμάσαντος δὲ τοῦ Ἱέρωνος, καὶ δεηθέντος εἰς ἔργον ἐξαγαγεῖν τὸ πρόβλημα καὶ δεῖξαί τι τῶν μεγάλων κινούμενον ὑπὸ σμικρᾶς δυνάμεως, ὁλκάδα τριάρμενον τῶν βασιλικῶν πόνῳ μεγάλῳ καὶ χειρὶ πολλῇ νεωλκηθεῖσαν, ἐμβαλὼν ἀνθρώπους τε πολλοὺς καὶ τὸν συνήθη φόρτον, αὐτὸς ἄπωθεν καθήμενος, οὐ μετὰ σπουδῆς ἀλλ' ἠρέμα τῇ χειρὶ σείων ἀρχήν τινα πολυσπάστου, προσηγάγετο, λείως καὶ ἀπταίστως ὥσπερ διὰ θαλάσσης ἐπιθέουσαν. <14> ἐκπλαγεὶς οὖν βασιλεὺς καὶ συννοήσας τῆς τέχνης τὴν δύναμιν, ἔπεισε τὸν Ἀρχιμήδην ὅπως αὐτῷ τὰ μὲν ἀμυνομένῳ τὰ δ' ἐπιχειροῦντι μηχανήματα κατασκευάσῃ <15> πρὸς πᾶσαν ἰδέαν πολιορκίας. οἷς αὐτὸς μὲν οὐκ ἐχρήσατο, τοῦ βίου τὸ πλεῖστον ἀπόλεμον καὶ πανηγυρικὸν βιώσας, τότε δ' ὑπῆρχε τοῖς Συρακοσίοις εἰς δέον παρασκευή, καὶ μετὰ τῆς παρασκευῆς δημιουργός. [14] XVII. A son arrivée en Sicile, son premier soin avait été de se venger de la perfidie d'Hippocrate, général des Syracusains, qui, pour faire sa cour aux Carthaginois, et s'élever par leur moyen à la tyrannie de la Sicile, avait massacré près de Léontium un grand nombre de Romains. Marcellus prit cette ville d'assaut, et ne fit aucun mal aux habitants; mais tous les déserteurs qu'il y trouva furent battus de verges et mis à mort. Hippocrate fit porter cette nouvelle à Syracuse, en y ajoutant que Marcellus avait passé tous les habitants au fil de l'épée, sans distinction d'âge; et profitant du trouble où étaient les Syracusains, il s'empara de la ville. Marcellus n'en fut pas plutôt informé, que, se mettant en marche avec toute son armée, il alla camper auprès de Syracuse, où il envoya des ambassadeurs pour instruire les habitants de ce qui s'était passé à Léontium. Mais tout ce que ces députés purent dire ayant été inutile, et les Syracusains, dominés par le parti d'Hippocrate, s'étant obstinés à ne pas les croire, Marcellus commença d'assiéger la ville par mer et par terre : Appius commandait l'armée de terre, et Marcellus, avec soixante galères à cinq rangs de rames, remplies de toutes sortes d'armes et de traits, outre une machine qu'il avait fait dresser sur huit galères liées ensemble, s'approcha des murailles, plein de confiance dans la force de ses batteries, dans la multitude de ses préparatifs, et plus encore dans sa propre réputation. XVIII. Mais Archimède ne tenait pas grand compte de toutes ces machines, qui, en effet, n'étaient rien auprès des siennes : non qu'il les donnât pour des inventions d'un grand prix; il ne les regardait lui-même que comme de simples jeux de géométrie, qu'il n'avait faits que dans des moments de loisir, et la plupart sur les instances du roi Hiéron, qui ne cessait de l'engager à tourner son art, des choses purement intellectuelles, vers les objets sensibles, et de rendre ses raissonnements en quelque sorte accessibles aux sens et palpables au commun des hommes, en les appliquant par l'expérience à des choses d'usage. Cette mécanique si recherchée, si vantée, eut pour premiers inventeurs Eudoxe et Archytas, qui voulurent par là embellir et égayer pour ainsi dire la géométrie, en appuyant, par des exemples sensibles et sur des preuves mécaniques, certains problèmes dont la démonstration ne pouvait être fondée sur le raisonnement et sur l'évidence. Tel est le problème des deux moyennes proportionnelles, qu'on ne peut trouver par des démonstrations géométriques, et qui sont néanmoins une base nécessaire pour la solution de plusieurs autres problèmes. Ces deux géomètres le résolurent par des procédés mécaniques, au moyen de certains instruments appelés mésolabes, tirés des lignes courbes et des sections coniques. Mais quand Platon leur eut reproché avec indignation qu'ils corrompaient la géométrie; qu'ils lui faisaient perdre toute sa dignité, en la forçant comme un esclave de descendre, des choses immatérielles et purement intelligibles, aux objets corporels et sensibles; d'employer une vile matière qui exige le travail des mains, et sert à des métiers serviles : dès lors la mécanique, dégradée, fut séparée de la géométrie; et, longtemps méprisée par la philosophie, elle devint un des arts militaires. XIX. Archimède avança un jour au roi Hiéron, dont il était le parent et l'ami, qu'avec une force donnée, on pouvait remuer un fardeau, de quelque poids qu'il fût. Plein de confiance en la force de sa démonstration, il se vanta que, s'il avait une autre terre, il remuerait à son gré celle-ci, en passant dans l'autre. Le roi, étonné de cette assertion, le pria de réduire en pratique son problème, et de lui faire voir une grande masse remuée par une petite force. Archimède ayant fait tirer à terre, avec un grand travail, et à force de bras, une des galères du roi, ordonna qu'on y mît la charge ordinaire, avec autant d'hommes qu'elle en pourrait contenir; ensuite, s'étant assis à quelque distance, sans employer d'effort, en tirant doucement de la main le bout d'une machine à plusieurs poulies, il ramène à lui la galère, qui glissait aussi légèrement et avec aussi peu d'obstacle que si elle avait fendu les flots. Le roi, émerveillé d'un tel pouvoir de l'art, engagea Archimède à lui faire toutes sortes de machines et de batteries de siége, soit pour l'attaque, soit pour la défense des places. Mais il n'en fit point d'usage, car il passa presque tout son règne sans faire la guerre, et vécut dans une profonde paix. Tous ces préparatifs servirent alors aux Syracusains, à qui ils furent d'un grand secours, et qui, outre les machines, eurent l'artiste qui les avait faites.


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Dernière mise à jour : 23/08/2007