[7] Φιλίππου δὲ πρέσβεις πέμψαντος εἰς Ῥώμην, ἀπέστειλε
καὶ ὁ Τίτος παρ' αὑτοῦ τοὺς πράξοντας, ὅπως ἐπιψηφίσηται
χρόνον ἡ σύγκλητος αὐτῷ τοῦ πολέμου μένοντος· εἰ δὲ μή, δι'
ἐκείνου τὴν εἰρήνην γενέσθαι. φιλότιμος γὰρ ὢν ἰσχυρῶς,
ἐδεδίει πεμφθέντος ἐπὶ τὸν πόλεμον ἑτέρου στρατηγοῦ τὴν
δόξαν ἀφαιρεθῆναι. διαπραξαμένων δὲ τῶν φίλων αὐτῷ, μήτε
τὸν Φίλιππον ὧν ἔχρῃζε τυχεῖν, καὶ τοῦ πολέμου τὴν ἡγεμονίαν
ἐκείνῳ φυλαχθῆναι, δεξάμενος τὸ δόγμα καὶ ταῖς ἐλπίσιν
ἐπαρθείς, εὐθὺς εἰς Θετταλίαν ἐπὶ τὸν Φίλιππον ὥρμησεν, ὑπὲρ
ἑξακισχιλίους καὶ δισμυρίους ἔχων στρατιώτας, ὧν Αἰτωλοὶ
πεζοὺς ἑξακισχιλίους καὶ ἱππεῖς τετρακοσίους παρεῖχον· ἦν δὲ
καὶ τοῦ Φιλίππου τὸ στράτευμα τῷ (4) πλήθει παραπλήσιον.
ἐπεὶ δὲ βαδίζοντες ἐπ' ἀλλήλους καὶ γενόμενοι περὶ τὴν
Σκοτοῦσσαν ἐνταῦθα διακινδυνεύειν ἔμελλον, οὐχ ὅπερ εἰκὸς
ἦν πρὸς δέους ἔλαβον οἱ στρατιῶται τὴν ἀλλήλων <ἔφοδον>,
ἀλλὰ <καὶ> μᾶλλον ὁρμῆς καὶ φιλοτιμίας ἐπληροῦντο,
Ῥωμαῖοι μὲν εἰ Μακεδόνων κρατήσουσιν, ὧν ὄνομα δι'
Ἀλέξανδρον ἀλκῆς καὶ δυνάμεως πλεῖστον ἦν παρ' αὐτοῖς·
Μακεδόνες δὲ Ῥωμαίους Περσῶν ἡγούμενοι διαφέρειν, ἤλπιζον
εἰ περιγένοιντο λαμπρότερον ἀποδείξειν Ἀλεξάνδρου
Φίλιππον. (6) ὁ μὲν οὖν Τίτος παρεκάλει τοὺς στρατιώτας
ἄνδρας ἀγαθοὺς γενέσθαι καὶ προθύμους, ὡς ἐν τῷ καλλίστῳ
θεάτρῳ τῇ Ἑλλάδι μέλλοντας ἀγωνίζεσθαι πρὸς τοὺς (7)
ἀρίστους τῶν ἀνταγωνιστῶν· ὁ δὲ Φίλιππος, εἴτ' ἀπὸ τύχης εἴθ'
ὑπὸ σπουδῆς παρὰ τὸν καιρὸν ἀγνοήσας, ἦν γάρ τι
πολυάνδριον ὑψηλὸν ἔξω τοῦ χάρακος, ἐπὶ τοῦτο προβάς,
ἤρξατο μὲν οἷ' εἰς προτροπὴν πρὸ μάχης φιλεῖ διαλέγεσθαι καὶ
παρορμᾶν, ἀθυμίας δὲ δεινῆς πρὸς τὸν οἰωνὸν ἐμπεσούσης,
διαταραχθεὶς ἐπέσχε τὴν ἡμέραν ἐκείνην.
| [7] Cependant Philippe ayant envoyé des ambassadeurs à Rome,
Flamininus fit partir aussi des députés, pour représenter au sénat que s'il voulait
continuer la guerre, il fallait lui proroger le commandement, ou lui donner le
pouvoir de faire la paix. Son excessive ambition lui faisait craindre qu'on n'envoyât
pour continuer la guerre un autre général, qui lui aurait ravi toute sa gloire. Ses
amis firent si bien que Philippe n'obtint rien de ce qu'il avait demandé, et que
Flamininus fut conservé dans le commandement. IX. Il en eut à peine reçu le décret,
qu'enflé de nouvelles espérances, il marche vers la Thessalie pour pousser la guerre
avec vigueur. Il avait plus de vingt-six mille hommes, dont les Étoliens avaient
fourni six mille fantassins et trois cents chevaux. L'armée de Philippe n'était pas
moins forte que la sienne. En s'avançant ainsi l'un contre l'autre, ils se rencontrèrent
près de Scotuse, où ils résolurent de hasarder la bataille. Les généraux des deux
armées ne parurent pas étonnés, comme il arrive souvent, de se voir si près l'un de
l'autre; leurs troupes elles-mêmes n'en sentirent que plus de courage et plus d'ardeur :
les Romains, en pensant à la gloire dont ils se couvriraient par leur victoire sur les
Macédoniens, à qui les exploits d'Alexandre avaient donné une si haute réputation
de valeur et de puissance; les Macédoniens, en espérant que s'ils battaient les
Romains, si supérieurs aux Perses, ils rendraient le nom de Philippe plus glorieux
que celui d'Alexandre. Flamininus anima ses troupes à bien faire, à déployer toute
leur valeur, en combattant contre les plus braves de leurs ennemis au milieu de la
Grèce, le plus beau théâtre qui pût s'offrir à leur courage. Philippe, soit hasard, soit
précipitation, parce que le temps le pressait, monta sur une éminence qui se trouvait
hors de son camp, sans s'apercevoir qu'il était sur un lieu de sépulture où l'on avait
enterré plusieurs morts. Il commençait de là à haranguer ses troupes, et à leur
dire tout ce qui est d'usage en pareille occasion; mais les voyant découragées par
l'augure sinistre du lieu d'où il leur parlait, et en étant lui-même tout troublé, il ne
voulut point combattre ce jour-là.
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