| [5] Φυγὴ μὲν οὖν ἦν εὐθὺς ὀξεῖα πάντων, ἔπεσον δὲ 
δισχιλίων οὐ πλείους· ἀφῃροῦντο γὰρ αἱ δυσχωρίαι τὴν (2) 
δίωξιν· χρήματα δὲ καὶ σκηνὰς καὶ θεράποντας οἱ Ῥωμαῖοι 
διαρπάσαντες, ἐκράτουν τῶν Στενῶν καὶ διώδευον τὴν 
Ἤπειρον οὕτω κοσμίως καὶ μετ' ἐγκρατείας τοσαύτης, ὥστε 
τῶν πλοίων καὶ τῆς θαλάσσης μακρὰν ὄντας αὐτούς, καὶ τὸν 
ἐπιμήνιον σῖτον μὴ μεμετρημένους οὐδ' εὐποροῦντας ἀγορᾶς, 
ἀπέχεσθαι τῆς χώρας, ἀμφιλαφεῖς (3) ὠφελείας ἐχούσης. ὁ γὰρ 
Τίτος πυνθανόμενος τὸν Φίλιππον, ὡς ὅμοια φεύγοντι τὴν 
Θετταλίαν διερχόμενος τοὺς μὲν ἀνθρώπους ἐκ τῶν πόλεων 
ἀνίστησιν εἰς τὰ ὄρη, τὰς δὲ πόλεις καταπίμπρησι, τῶν δὲ 
χρημάτων τὰ λειπόμενα διὰ πλῆθος ἢ βάρος ἁρπαγὴν 
προτίθεται, τρόπον τινὰ τῆς χώρας ἐξιστάμενος ἤδη Ῥωμαίοις, 
ἐφιλοτιμεῖτο καὶ παρεκάλει τοὺς στρατιώτας ὥσπερ οἰκείας καὶ 
(4) παρακεχωρημένης κηδομένους βαδίζειν. καὶ μέντοι καὶ 
παρεῖχεν αὐτοῖς τὰ γινόμενα τῆς εὐταξίας αἴσθησιν εὐθύς· 
προσεχώρουν μὲν γὰρ αἱ πόλεις ἁψαμένοις Θετταλίας, οἱ δ' 
ἐντὸς Πυλῶν Ἕλληνες ἐπόθουν καὶ διεπτόηντο ταῖς ὁρμαῖς 
πρὸς τὸν Τίτον, Ἀχαιοὶ δὲ τὴν Φιλίππου συμμαχίαν 
ἀπειπάμενοι πολεμεῖν ἐψηφίσαντο μετὰ Ῥωμαίων πρὸς 
αὐτόν· Ὀπούντιοι δέ, καίπερ Αἰτωλῶν τότε Ῥωμαίοις 
συναγωνιζομένων προθυμότατα καὶ τὴν πόλιν ἀξιούντων 
παραλαβεῖν καὶ φυλάττειν, οὐ προσέσχον, ἀλλὰ 
μεταπεμψάμενοι τὸν Τίτον ἐκείνῳ διεπίστευσαν (6) ἑαυτοὺς καὶ 
παρέδωκαν. Πύρρον μὲν οὖν λέγουσιν, ὅτε πρῶτον ἀπὸ σκοπῆς 
κατεῖδε τὸ στράτευμα τῶν Ῥωμαίων διακεκοσμημένον, εἰπεῖν 
οὐ βαρβαρικὴν αὐτῷ φανῆναι τὴν τῶν βαρβάρων παράταξιν· οἱ 
δὲ Τίτῳ πρῶτον ἐντυγχάνοντες ἠναγκάζοντο παραπλησίας 
ἀφιέναι φωνάς. (7) ἀκούοντες γὰρ τῶν Μακεδόνων, ὡς 
ἄνθρωπος ἄρχων βαρβάρου στρατιᾶς ἔπεισι, δι' ὅπλων πάντα 
καταστρεφόμενος καὶ δουλούμενος, εἶτ' ἀπαντῶντες ἀνδρὶ τήν 
θ' ἡλικίαν νέῳ καὶ τὴν ὄψιν φιλανθρώπῳ, φωνήν τε καὶ 
διάλεκτον Ἕλληνι, καὶ τιμῆς ἀληθοῦς ἐραστῇ, θαυμασίως 
ἐκηλοῦντο, καὶ τὰς πόλεις ἀπιόντες ἐνεπίμπλασαν εὐνοίας τῆς 
πρὸς αὐτόν, ὡς ἐχούσας ἡγεμόνα τῆς ἐλευθερίας. (8) ἐπεὶ δὲ καὶ 
Φιλίππῳ δοκοῦντι συμβατικῶς ἔχειν εἰς ταὐτὸν ἐλθὼν 
προὔτεινεν εἰρήνην καὶ φιλίαν ἐπὶ τῷ τοὺς Ἕλληνας 
αὐτονόμους ἐᾶν καὶ τὰς φρουρὰς ἀπαλλάττειν, ὁ δ' οὐκ 
ἐδέξατο, παντάπασιν ἤδη τότε καὶ τοῖς θεραπεύουσι τὰ τοῦ 
Φιλίππου παρέστη, Ῥωμαίους πολεμήσοντας ἥκειν οὐχ 
Ἕλλησιν, ἀλλ' ὑπὲρ Ἑλλήνων Μακεδόσι.
 | [5] et les Macédoniens, effrayés, prennent ouvertement la fuite. Il  n'y en eut 
pas plus de deux mille de tués, parce  que la difficulté des lieux empêcha de les 
poursuivre. VI. Les Romains pillèrent leur camp, prirent  les tentes et les esclaves; et, 
s'étant rendus maîtres de tous les défilés, ils traversèrent l'Épire,  mais avec tant 
d'ordre et de retenue, que, malgré  l'éloignement où ils étaient de leur flotte et de la  
mer, quoiqu'ils n'eussent pas reçu la distribution  de leur mois de blé, et qu'il ne fût 
pas facile de  s'en procurer, ils ne prirent cependant rien dans  un pays où tout était 
en abondance. Mais Flamininus, qui savait que Phiilppe, en traversant la  Thessalie 
comme un fuyard, forçait les habitants  de quitter leurs demeures pour se retirer 
dans les  montagnes, qu'il brûlait les villes, livrait au pillage les richesses que leur 
poids ou leur quantité  ne permettait pas d'emporter, et semblait abandonner cette 
contrée aux Romains; Flamininus, dis-je, se fit un point d'honneur d'obtenir de ses  
soldats qu'ils la conserveraient, comme un pays  qui leur était déjà acquis, et que leur 
cédaient les  ennemis eux-mêmes. La suite des événements leur  fit bientôt sentir tout 
le prix de cette modération.  A peine entrés dans la Thessalie, ils virent toutes  les 
villes se donner à eux; les Grecs situés en deçà  des Thermopyles désiraient 
ardemment de voir  Flamininus, et de se rendre à lui; les Achéens,  renonçant à 
l'alliance de Philippe, arrêtèrent,  par un décret public, qu'ils s'uniraient avec les 
Romains pour lui faire la guerre; les Opuntiens rejetèrent l'offre que les Étoliens, qui 
avaient embrassé  avec chaleur le parti des Romains, leur faisaient  de mettre une 
garnison dans leur ville, et de se  charger de sa défense. Ils appelèrent Flamininus  
lui-même, et se remirent à sa discrétion avec une  entière confiance. VII. La 
première fois que Pyrrhus vit d'une hauteur l'armée des Romains rangée en bataille, 
il dit que cette ordonnance des Barbares ne lui  paraissait nullement barbare. Ceux qui 
voyaient  Flamininus pour la première fois, étaient forcés  de tenir le même langage. 
Ils avaient entendu dire  aux Macédoniens qu'il venait une armée de Barbares, avec 
un général qui subjuguait et détruisait tout par la force des armes; et ils voyaient  un 
homme à la fleur de l'âge, d'un air doux et  humain, qui parlait purement la langue 
grecque,  et qui aimait la véritable gloire. Ravis de tant de  belles qualités, ils se 
répandaient dans les villes,  qu'ils remplissaient des mêmes sentiments d'affection 
qu'il leur avait inspirés, et les assuraient  qu'elles trouveraient en lui l'auteur de leur 
liberté. Quand ensuite il se fut abouché avec Philippe,  qui avait paru désirer la paix, 
et que Flamininus la lui eut offerte avec l'amitié des Romains,  à condition qu'il 
laisserait les Grecs vivre en liberté sous leurs propres lois, et qu'il retirerait ses  
garnisons de leurs villes, le refus que Philippe fit  d'accéder à ces conditions 
convainquit ses meilleurs partisans mêmes que les Romains étaient  venus faire la 
guerre, non pas aux Grecs, mais  aux Macédoniens, pour la défense des Grecs; et  
toutes les villes allèrent se rendre volontairement  à Flamininus. 
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