[10] Ἐπεὶ δ' οἱ δέκα πρέσβεις οὓς ἡ σύγκλητος ἔπεμψε τῷ
Τίτῳ συνεβούλευον, τοὺς μὲν ἄλλους Ἕλληνας ἐλευθεροῦν,
Κόρινθον δὲ καὶ Χαλκίδα καὶ Δημητριάδα διατηρεῖν
ἐμφρούρους ἕνεκα τῆς πρὸς Ἀντίοχον ἀσφαλείας, (2) ἐνταῦθα
δὴ ταῖς κατηγορίαις λαμπροὶ λαμπρῶς τὰς πόλεις
ἀνερρήγνυσαν Αἰτωλοί, τὸν μὲν Τίτον κελεύοντες τὰς πέδας
τῆς Ἑλλάδος λύειν (οὕτω γὰρ ὁ Φίλιππος εἰώθει τὰς
προειρημένας πόλεις ὀνομάζειν), τοὺς δ' Ἕλληνας ἐρωτῶντες,
εἰ κλοιὸν ἔχοντες βαρύτερον μὲν λειότερον δὲ τοῦ πάλαι τὸν
νῦν χαίρουσι, καὶ θαυμάζουσι τὸν Τίτον ὡς εὐεργέτην, ὅτι τοῦ
ποδὸς λύσας τὴν Ἑλ(3)λάδα τοῦ τραχήλου δέδεκεν. ἐφ' οἷς
ἀχθόμενος ὁ Τίτος καὶ βαρέως φέρων καὶ δεόμενος τοῦ
συνεδρίου, τέλος ἐξέπεισε καὶ ταύτας τὰς πόλεις ἀνεῖναι τῆς
φρουρᾶς, ὅπως ὁλόκληρος ἡ χάρις ὑπάρξῃ παρ' αὐτοῦ τοῖς
Ἕλλησιν.
(4) Ἰσθμίων οὖν ἀγομένων, πλῆθος μὲν ἀνθρώπων ἐν τῷ
σταδίῳ καθῆστο τὸν γυμνικὸν ἀγῶνα θεωμένων, οἷα δὴ διὰ
χρόνων πεπαυμένης μὲν πολέμων τῆς Ἑλλάδος ἐπ' ἐλπίσιν
ἐλευθερίας, σαφεῖ δ' εἰρήνῃ πανηγυριζού(5)σης· τῇ σάλπιγγι
<δὲ> σιωπῆς εἰς ἅπαντας διαδοθείσης, προελθὼν εἰς μέσον ὁ
κῆρυξ ἀνεῖπεν, ὅτι Ῥωμαίων ἡ σύγκλητος καὶ Τίτος Κοΐντιος
στρατηγὸς ὕπατος, καταπολεμήσαντες βασιλέα Φίλιππον καὶ
Μακεδόνας, ἀφιᾶσιν ἐλευθέρους καὶ ἀφρουρήτους καὶ
ἀφορολογήτους, νόμοις χρωμένους τοῖς πατρίοις, Κορινθίους,
Φωκεῖς, Λοκρούς, Εὐβοέας, Ἀχαιοὺς Φθιώτας, Μάγνητας,
Θετταλούς, (6) Περραιβούς. τὸ μὲν οὖν πρῶτον οὐ πάνυ πάντες
οὐδὲ σαφῶς ἐπήκουσαν, ἀλλ' ἀνώμαλος καὶ θορυβώδης κίνησις
ἦν ἐν τῷ σταδίῳ, θαυμαζόντων καὶ διαπυνθανομένων (7) καὶ
πάλιν ἀνειπεῖν κελευόντων· ὡς δ' αὖθις ἡσυχίας γενομένης
ἀναγαγὼν ὁ κῆρυξ τὴν φωνὴν προθυμότερον εἰς ἅπαντας
ἐγεγώνει, καὶ διῆλθε τὸ κήρυγμα, κραυγὴ μὲν ἄπιστος τὸ
μέγεθος διὰ χαρὰν ἐχώρει μέχρι θαλάττης, ὀρθὸν δ' ἀνειστήκει
τὸ θέατρον, οὐδεὶς δὲ λόγος ἦν τῶν ἀγωνιζομένων, ἔσπευδον δὲ
πάντες ἀναπηδῆσαι καὶ δεξιώσασθαι καὶ προσειπεῖν τὸν
σωτῆρα τῆς Ἑλλάδος καὶ (8) πρόμαχον. τὸ δὲ πολλάκις
λεγόμενον εἰς ὑπερβολὴν τῆς φωνῆς καὶ μέγεθος ὤφθη τότε·
κόρακες γὰρ ὑπερπετό(9)μενοι κατὰ τύχην ἔπεσον εἰς τὸ
στάδιον. αἰτία δ' ἡ τοῦ ἀέρος ῥῆξις· ὅταν γὰρ ἡ φωνὴ πολλὴ καὶ
μεγάλη φέρηται, διασπώμενος ὑπ' αὐτῆς οὐκ ἀντερείδει τοῖς
πετομένοις, ἀλλ' ὀλίσθημα ποιεῖ καθάπερ κενεμβατοῦσιν, εἰ μὴ
νὴ Δία πληγῇ τινι μᾶλλον ὡς ὑπὸ βέλους διελαυνόμενα
πί(10)πτει καὶ ἀποθνῄσκει. δύναται δὲ καὶ περιδίνησις εἶναι τοῦ
ἀέρος, ἑλιγμὸν οἷον ἐν πελάγει καὶ παλιρρύμην τοῦ σάλου διὰ
μέγεθος λαμβάνοντος.
| [10] XIII. Cependant les dix députés que le sénat avait envoyés à Flamininus lui conseillaient
de déclarer libres tous les Grecs, et d'excepter seulement les villes de Corinthe, de
Chalcis et de Démétriade, où il mettrait de bonnes garnisons, pour s'assurer d'elles
contre Antiochus. Alors les Étoliens, toujours habiles dans l'art de calomnier,
employèrent tout ce qu'ils avaient de talent pour porter les villes à la sédition. Ils
pressaient Flamininus de délier les fers de la Grèce : c'était le nom que Philippe avait
coutume de donner aux trois villes que nous venons de nommer. Ils demandaient
aux Grecs si, pour avoir une chaîne, mieux polie à la vérité, mais bien plus pesante,
ils se trouvaient plus heureux; s'ils admiraient Flamininus, et le regardaient comme
leur bienfaiteur, parce qu'il leur avait mis au cou les fers qu'ils avaient aux pieds.
Flamininus, piqué de ces imputations, et les supportant avec impatience, pressa si
fort le conseil, qu'il obtint enfin qu'on retirât les garnisons de ces villes, afin que les
Grecs reçussent de lui la grâce tout entière. Peu de temps après on célébra les jeux
isthmiques, où il se rendit une foule immense de peuple, pour voir les combats
gymniques qu'on devait y donner; car la Grèce, qui, depuis quelque temps, délivrée
de ses guerres, espérait bientôt sa liberté, célébrait déjà par des fêtes une paix dont
elle était assurée. XIV. Tout à coup, au milieu de l'assemblée, le son de la trompette
ayant ordonné un silence général , le héraut s'avance au milieu de l'arène, et
proclame à haute voix : "Que le sénat de Rome, et Titus Quintius, général des
Romains, revêtu du pouvoir consulaire, après avoir vaincu le roi Philippe et les
Macédoniens, déclarent libres de toutes garnisons et de tout impôt les Corinthiens,
les Locriens, les Phocéens, les Eubéens, les Achéens, les Phthiotes, les Magnésiens,
les Thessaliens, les Perrhèbes, et leur laissent le pouvoir de vivre selon leurs lois".
D'abord tous les spectateurs n'entendirent pas, au moins distinctement, cette
proclamation. Le stade était plein de confusion et de trouble; les uns témoignaient
leur admiration, les autres s'informaient de ce qu'on avait dit, et tous demandaient
que le héraut répétât sa publication. Il se fit donc encore un silence universel; et le
héraut ayant renforcé sa voix, renouvela sa proclamation, qui fut entendue de toute
l'assemblée. Les Grecs, dans les transports de leur joie, poussèrent des cris si
perçants, qu'ils retentirent jusqu'à la mer. Tout le théâtre se leva, et ne pensa plus
aux jeux; les assistants allèrent en foule saluer, embrasser Flamininus; on l'appelait
le défenseur, le sauveur de la Grèce. On vit alors s'effectuer ce qu'on a souvent dit,
par exagération, de la grandeur et de la force des cris d'une foule nombreuse. Des
corbeaux qui, dans ce moment, volaient par hasard au-dessus de l'assemblée ,
tombèrent dans le stade. La rupture qui se fait dans le tissu de l'air est la cause de ces
chutes. Lorsqu'il est en même temps frappé par plusieurs voix très fortes, il se
divise, et les oiseaux qui volent, n'y trouvant pas un appui suffisant, tombent comme
s'ils étaient dans le vide. A moins qu'on ne dise que, frappés avec force par ces voix
réunies, comme par un trait, ils tombent et meurent à l'instant. Peut-être aussi est-ce
l'effet des tourbillons qui s'élèvent dans l'air, comme on voit quelquefois les vagues
de la mer, agitées violemment par la tempête, tourner avec rapidité.
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