HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Eumène

Chapitre 18

  Chapitre 18

[18] Ταῦτα τοῦ Εὐμενοῦς λέγοντος, τὸ μὲν ἄλλο πλῆθος ἄχθει κατείχετο καὶ κλαυθμὸς ἦν, οἱ δ' ἀργυράσπιδες ἄγειν ἐβόων καὶ μὴ φλυαροῦντι προσ(2)έχειν· οὐ γὰρ εἶναι δεινόν, εἰ Χερρονησίτης ὄλεθρος οἰμώξεται, μυρίοις γυμνάσας πολέμοις Μακεδόνας, ἀλλ' εἰ τῶν Ἀλεξάνδρου καὶ Φιλίππου στρατιωτῶν οἱ κράτιστοι τοσαῦτα καμόντες ἐν γήρᾳ στέρονται τῶν ἐπάθλων καὶ τροφὴν παρ' ἑτέρων λαμβάνουσιν, αἱ δὲ γυναῖκες αὐτῶν ἤδη τρίτην νύκτα τοῖς πολεμίοις συγκαθεύδουσιν· ἅμα δ' ἦγον αὐτὸν ἐπιταχύνοντες. (3) Ἀντίγονος δὲ δείσας τὸν ὄχλον -- ἀπελείφθη γὰρ οὐδεὶς ἐν τῷ στρατοπέδῳ -- δέκα τοὺς κρατιστεύοντας ἐλέφαντας ἐξέπεμψε καὶ λογχοφόρους συχνοὺς (4) Μήδους καὶ Παρθυαίους, διακρουσομένους τὸ πλῆθος. εἶτ' αὐτὸς μὲν ἰδεῖν οὐχ ὑπέμεινε τὸν Εὐμενῆ διὰ τὴν προγεγενημένην φιλίαν καὶ συνήθειαν, πυνθανομένων δὲ τῶν παρειληφότων τὸ σῶμα, πῶς φυλάξουσιν, "οὕτως" εἶπεν "ὡς ἐλέφαντα, ὡς λέοντα." (5) Μετὰ μικρὸν δὲ συμπαθὴς γενόμενος, τῶν τε δεσμῶν τοὺς βαρεῖς ἐκέλευσεν ἀφελεῖν καὶ παῖδα παραδέξασθαι τῶν συνήθων, ὅπως ἀλείψαιτο, καὶ τῶν φίλων ἐφῆκε τῷ βουλομένῳ συνδιημερεύειν καὶ κομίζειν τὰ ἐπι(6)τήδεια. βουλευόμενος δὲ περὶ αὐτοῦ πλείονας ἡμέρας, προσίετο καὶ λόγους καὶ ὑποσχέσεις, Νεάρχου τε τοῦ Κρητὸς καὶ Δημητρίου τοῦ υἱοῦ φιλοτιμουμένων τὸν Εὐμενῆ σῶσαι, τῶν δ' ἄλλων ὁμοῦ τι πάντων ἐνισταμένων (7) καὶ κελευόντων ἀναιρεῖν. λέγεται δὲ τὸν Εὐμενῆ τοῦ φυλάσσοντος αὐτὸν Ὀνομάρχου πυθέσθαι, τί δήποτ' Ἀντίγονος ἐχθρὸν ἄνδρα καὶ πολέμιον (8) λαβὼν ὑποχείριον οὔτ' ἀποκτίννυσι ταχέως οὔτ' εὐγενῶς ἀφίησι· τοῦ δ' Ὀνομάρχου πρὸς ὕβριν εἰπόντος, ὡς οὐ νῦν ἀλλ' ἐπὶ τῆς μάχης ἔδει πρὸς θάνατον ἔχειν εὐθαρσῶς, "ναὶ μὰ τὸν Δία" φάναι τὸν Εὐμενῆ "καὶ τότ' εἶχον· ἐροῦ δὲ τοὺς εἰς χεῖρας ἐλθόντας· ἀλλ' οὐδενὶ κρείττονι προστυχὼν (9) οἶδα." καὶ τὸν Ὀνόμαρχον "οὐκοῦν ἐπεὶ νῦν" φάναι "τὸν κρείττονα εὕρηκας, τί οὐκ ἀναμένεις τὸν ἐκείνου καιρόν;" [18] XXV. A ce discours d'Eumène, le reste de l'armée, pénétré de douleur, éclate en gémissements; mais les Argyraspides demandent à grands cris qu'on l'emmène, sans s'arrêter à ses vains discours : "Quel si grand malheur, disent-ils, que ce maudit Chersonésien soit puni d'avoir tourmenté les Macédoniens par tant de guerres? C'en serait un bien plus fâcheux pour les braves soldats de Philippe et d'Alexandre, de se voir, après tant de fatigues et de combats, privés, dans leur vieillesse, du prix de leurs travaux, et réduits à mendier leur vie. Voilà déjà la troisième nuit que nos femmes sont livrées à nos ennemis." En disant ces mots, ils l'emmènent avec précipitation. Antigonus, craignant que la multitude qui était sortie au-devant de lui (car il n'était resté personne dans le camp) ne causât quelque tumulte, envoya dix de ses plus forts éléphants, avec un détachement assez nombreux de lanciers mèdes et parthyens, pour écarter la foule; mais se souvenant de son ancienne amitié pour Eumène, et de la familiarité avec laquelle ils avaient vécu ensemble, il n'eut pas le courage de le voir. Les soldats à qui il l'avait confié étant venus lui demander comment il voulait qu'on le gardât : « Comme un éléphant, leur répondit-il, ou comme un lion. » Cependant peu de jours après, touché de compassion, il ordonna qu'on lui ôtât ses fers les plus pesants, et qu'on lui donnât un de ses domestiques pour le servir; il laissa à ses amis la liberté de passer avec lui la journée, et de lui porter tout ce qui lui serait nécessaire. Il délibéra plusieurs jours sur ce qu'il en ferait, écoutant à la fois et les promesses que faisaient pour lui Néarque de Crète et Démétrius son propre fils, qui voulaient lui sauver la vie, et ce que lui disaient tous les autres capitaines, qui le pressaient de le faire mourir. XXVI. Eumène demanda, dit-on, un jour à Onomarchus qui le gardait, pourquoi Antigonus, ayant son ennemi entre les mains, ne le faisait pas promptement mourir, ou ne lui rendait pas généreusement la liberté. « Ce n'est pas maintenant, lui répondit insolemment Onomarchus, qu'il faut se montrer brave contre la mort; c'était sur le champ de bataille qu'il fallait l'être. — Je l'ai été aussi alors, lui répliqua Eumène, j'en prends les dieux à témoin : demande-le à tous ceux qui en sont venus aux mains avec moi; je n'ai trouvé personne qui me surpassât en force. — Eh bien! reprit Onomarchus, aujourd'hui que tu as trouvé quelqu'un de plus fort que toi, attends son heure. »


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Dernière mise à jour : 26/09/2007