HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Eumène

Chapitre 15

  Chapitre 15

[15] Ἀντίγονος δὲ παρὰ τῶν ἁλισκομένων ἀκούων τὸν Εὐμενῆ νοσεῖν καὶ κομίζεσθαι κακῶς διακείμενον, οὐ μέγ' ἔργον ἡγεῖτο συντρῖψαι τοὺς (2) ἄλλους ἐκείνου νοσοῦντος. διὸ καὶ σπεύδων ἐπὶ τὴν μάχην προσῆγεν. ὡς δὲ τῶν πολεμίων εἰς τάξιν καθισταμένων παρελάσας κατεῖδε τὸ σχῆμα καὶ τὴν διακόσμησιν, ἐκπλαγεὶς ἐπέστη πλείω χρόνον· εἶτ' ὤφθη τὸ φορεῖον (3) ἀπὸ θατέρου κέρως ἐπὶ θάτερον διαφερόμενον. γελάσας οὖν Ἀντίγονος ὥσπερ εἰώθει μέγα καὶ πρὸς τοὺς φίλους εἰπὼν "τοῦτ' ἦν (τὸ φορεῖον) ὡς ἔοικε τὸ ἀντιπαραταττόμενον ἡμῖν", εὐθὺς ἀπῆγε τὴν δύναμιν ὀπίσω καὶ κατεστρατοπέδευσεν. (4) Οἱ δὲ μικρὸν ἀναπνεύσαντες αὖθις ἐδημαγωγοῦντο, καὶ τοῖς ἡγεμόσιν ἐντρυφῶντες σχεδὸν ὅλην εἰς τὰ χειμάδια κατενείμαντο τὴν Γαβηνῶν, ὥστε τοὺς ἐσχάτους τῶν πρώτων ἀποσκηνοῦν ὁμοῦ τι χιλίους σταδίους. (5) ταῦτα γνοὺς Ἀντίγονος ὥρμησεν ἐξαίφνης ἐπ' αὐτοὺς ὑποστρέψας χαλεπὴν ὁδὸν καὶ ἄνυδρον, σύντομον δὲ καὶ βραχεῖαν, ἐλπίζων, εἰ διεσπαρμένοις ἐπιπέσοι περὶ τὰ χειμάδια, μηδ' ἂν συνελθεῖν ἔτι τὸ πλῆθος ῥᾳδίως (6) εἰς τὸ αὐτὸ τοῖς στρατηγοῖς. ἐμβαλόντι δ' εἰς γῆν ἀοίκητον αὐτῷ πνεύματά τε δεινὰ καὶ κρύη μεγάλα διελυμαίνετο τὴν πορείαν, ἐνοχλουμένου τοῦ (7) στρατεύματος. ἦν οὖν ἀναγκαία βοήθεια πυρὰ πολλὰ καίειν· ὅθεν οὐκ ἔλαθε τοὺς πολεμίους, ἀλλὰ τῶν βαρβάρων οἱ τὰ βλέποντα πρὸς τὴν ἀοίκητον ὄρη νεμόμενοι θαυμάσαντες τὸ τῶν πυρῶν πλῆθος, ἔπεμψαν (8) ἱππαστρίαις καμήλοις ἀγγέλους πρὸς Πευκέσταν. δ' ὡς ἤκουσεν, αὐτός τε παντάπασιν ἔκφρων ὑπὸ δέους γενόμενος, καὶ τοὺς ἄλλους ὁρῶν ὁμοίως ἔχοντας, ὥρμητο φεύγειν, ἀναστήσας τοὺς καθ' ὁδὸν ὄντας αὐτοῖς μάλιστα (9) τῶν στρατιωτῶν. Εὐμενὴς δὲ τὴν ταραχὴν ἀφῄρει καὶ τὸν φόβον, ὑπισχνούμενος ἐπιστήσειν τῶν πολεμίων τὸ τάχος, ὥστε τρισὶν ὕστερον (10) ἡμέραις προσδοκῶνται παραγενέσθαι. πεισθέντων δ' αὐτῶν, ἅμα μὲν ἀγγέλους περιέπεμπε, τὰς δυνάμεις ἐκ τῶν χειμαδίων καὶ τοὺς ἄλλους ἀθροίζεσθαι κατὰ τάχος κελεύων, ἅμα δ' αὐτὸς ἐξιππασάμενος μετὰ τῶν ἄλλων ἡγεμόνων, καὶ τόπον ἐξ ἀπόπτου καταφανῆ τοῖς ὁδεύουσι τὴν ἔρημον περιβαλόμενος καὶ διαμετρήσας, ἐκέλευε πυρὰ πολλὰ καίειν ἐν δια(11)στήμασιν ὥσπερ οἱ στρατοπεδεύοντες. γενομένου δὲ τούτου καὶ τῶν πυρῶν τοῖς περὶ Ἀντίγονον ἐκ τῆς ὀρεινῆς καταφανέντων, ἄχθος ἔσχε καὶ δυσθυμία τὸν Ἀντίγονον, οἰόμενον ᾐσθημένους ἔκπαλαι τοὺς πολεμίους (12) ἀπαντᾶν. ἵν' οὖν μὴ κατάκοπος καὶ τετρυμένος ἐκ πορείας ἀναγκάζηται μάχεσθαι πρὸς ἀνθρώπους ἑτοίμους καὶ καλῶς κεχειμακότας, προέμενος τὴν σύντομον ἦγε διὰ κωμῶν καὶ πόλεων καθ' ἡσυχίαν, ἀναλαμβάνων τὸ (13) στράτευμα. μηδενὸς δ' ἐμποδὼν ὄντος, ὥσπερ εἴωθεν ἀντικαθημένων πολεμίων, τῶν δὲ περιχώρων λεγόντων στράτευμα <μὲν> μηδὲν ὦφθαι, πυρῶν δὲ κεκαυμένων μεστὸν εἶναι τὸν τόπον, ᾔσθετο κατεστρατηγημένος ὑπ' Εὐμενοῦς, καὶ βαρέως φέρων προσῆγεν ὡς φανερᾷ μάχῃ κριθησόμενος. [15] Antigonus, qui avait su par des prisonniers qu'Eumène était attaqué d'une maladie si grave qu'on le portait en litière, crut que, le chef étant malade, il aurait bon marché de toutes les troupes, et se hâtait de les attaquer; mais lorsqu'en avançant il eut reconnu l'ordonnance de leur bataille et leur belle disposition, frappé d'étonnement, il resta longtemps arrêté. II vit ensuite la litière qu'on portait d'une aile à l'autre; et riant aux éclats, selon sa coutume, il dit à ses amis : « Voilà cette litière qui range les troupes en bataille pour nous combattre. » Aussitôt il fait sonner la retraite, et rentre dans son camp. XXI. A peine les troupes d'Eumène respiraient de la frayeur qu'elles avaient eue, que retournant à leur première licence, et insultant leurs officiers, ils étendirent dans presque toute la province de Gabène leurs quartiers d'hiver, qui par là se trouvèrent si éloignés les uns des autres, que les premiers étaient à mille stades des derniers. Antigonus, qui en eut avis, revint promptement sur eux par un chemin difficile et sans eau, mais beaucoup plus court; il espérait qu'en tombant sur ces troupes pendant qu'elles étaient ainsi dispersées dans leurs cantonnements, il ôterait à leurs officiers la facilité de les rassembler. Mais à peine entré dans ce désert, il fut exposé à des vents si froids, à une gelée si forte, que ses troupes, ne pouvant en soutenir la rigueur, furent forcées de s'arrêter, et de chercher dans le grand nombre de feux qu'elles allumaient un remède devenu absolument nécessaire. Elles ne purent donc dérober leur marche aux ennemis. Quelques-uns des Barbares qui habitaient les montagnes voisines, d'où la vue s'étend sur tout ce désert, surpris de cette grande quantité de feux, firent partir des courriers sur des chameaux, pour avertir Peucestas. Il en fut si effrayé, que tout hors de lui, et voyant les autres officiers dans le même trouble, il n'eut d'autre pensée que de prendre la fuite, et il entraîna tous les soldats des autres quartiers qui se trouvaient sur son passage. Eumène calma ce trouble et dissipa leur frayeur, en leur promettant qu'il arrêterait la marche précipitée des ennemis, et qu'ils arriveraient trois jours plus tard qu'on ne les attendait. Il le leur persuada facilement, et aussitôt il dépêcha des courriers à tous les capitaines, pour leur porter l'ordre de lever leurs quartiers, et de venir promptement le joindre. Ensuite, montant à cheval avec les officiers qui se trouvaient auprès de lui, il choisit un lieu fort élevé, qui pouvait être vu de tous ceux qui marchaient dans ce désert; il y mesura un grand espace, dans lequel il fit allumer des feux de distance en distance, comme dans un véritable camp. Dès que toutes ces mesures furent exécutées, et qu'Antigonus vit sur le haut des montagnes tous ces feux allumés, le chagrin et le découragement s'emparèrent de lui ; il ne douta pas que les ennemis, informés de bonne heure de sa marche, ne vinssent au-devant de lui; et ne voulant pas être forcé de combattre avec des soldats accablés d'une marche si pénible, contre des troupes qui, s'étant reposées dans de bons quartiers d'hiver, étaient toutes prêtes à agir, il abandonna le chemin plus court qu'il avait pris, et conduisit son armée par une route semée de bourgs et de villes, où elle aurait le temps de se refaire en marchant à petites journées. XXII. Mais voyant que personne ne le harcelait dans sa marche, comme il arrive ordinairement lorsque deux armées sont si près l'une de l'autre; informé d'ailleurs par les gens du pays qu'ils n'avaient point vu de troupes dans les environs, mais seulement un grand nombre de feux, il reconnut que c'était un stratagème d'Eumène; et, outré de dépit d'avoir été trompé, il s'avança, bien résolu de lui livrer bataille.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007