[12] Ἤδη δὲ τῆς πολιορκίας χρόνον λαμβανούσης,
Ἀντίγονος τεθνηκέναι πυνθανόμενος Ἀντίπατρον ἐν
Μακεδονίᾳ καὶ τεταράχθαι τὰ πράγματα, Κασάνδρου καὶ
Πολυπέρχοντος διαφερομένων, οὐδὲν ἔτι μικρὸν ἐλπίζων, ἀλλὰ
τῇ γνώμῃ τὴν ὅλην περιβαλλόμενος ἡγεμονίαν, ἐβούλετο (2)
τὸν Εὐμενῆ φίλον ἔχειν καὶ συνεργὸν ἐπὶ τὰς πράξεις. διὸ
πέμψας Ἱερώνυμον ἐσπένδετο τῷ Εὐμενεῖ προτείνας ὅρκον, ὃν
ὁ Εὐμενὴς διορθώσας ἐπέτρεψεν ἐπικρῖναι τοῖς πολιορκοῦσιν
αὐτὸν Μακεδόσι, πότερος εἴη δι(3)καιότερος. Ἀντίγονος μὲν
γὰρ ἀφοσιώσεως ἕνεκεν ἐν ἀρχῇ τῶν βασιλέων ἐπιμνησθείς,
τὸν λοιπὸν ὅρκον εἰς ἑαυτὸν ὥρκιζεν· Εὐμενὴς δὲ πρώτην μὲν
ἐνέγραψε τοῖς ὅρκοις Ὀλυμπιάδα μετὰ τῶν βασιλέων, ἔπειτ'
ὤμνυεν οὐκ Ἀντιγόνῳ μόνον εὐνοήσειν οὐδ' ἐκείνῳ τὸν αὐτὸν
ἐχθρὸν ἕξειν καὶ φίλον, (4) ἀλλὰ καὶ Ὀλυμπιάδι καὶ τοῖς
βασιλεῦσιν. ὧν δικαιοτέρων φανέντων, οἱ Μακεδόνες ταῦθ'
ὁρκίσαντες τὸν Εὐμενῆ τὴν πολιορκίαν ἔλυσαν καὶ πρὸς τὸν
Ἀντίγονον ἀπέστελλον, ὅπως καὶ αὐτὸς ἀποδῷ τῷ Εὐμενεῖ τὸν
ὅρκον. (5) ἐν τούτῳ δ' Εὐμενὴς ὅσους εἶχεν ἐν Νώροις τῶν
Καππαδοκῶν ὁμήρους ἀπεδίδου, λαμβάνων ἵππους καὶ
ὑποζύγια καὶ σκηνὰς παρὰ τῶν κομιζομένων, καὶ συνῆγε τῶν
στρατιωτῶν ὅσοι διασπαρέντες ἀπὸ τῆς φυγῆς (6) ἐπλανῶντο
κατὰ τὴν χώραν, ὥστε περὶ αὐτὸν ἱππεῖς ὀλίγῳ τῶν χιλίων
ἀποδέοντας γενέσθαι, μεθ' ὧν ἐξελάσας ἔφυγεν, ὀρθῶς
φοβηθεὶς τὸν (7) Ἀντίγονον. οὐ γὰρ μόνον ἐκεῖνον ἐκέλευσε
πολιορκεῖν αὖθις περιτειχίσαντας, ἀλλὰ καὶ τοῖς Μακεδόσι
πικρῶς ἀντέγραψε, δεξαμένοις τοῦ ὅρκου τὴν διόρθωσιν.
| [12] XVII. Pendant que le siége traînait en longueur, Antigonus apprit
qu'Antipater était mort en Macédoine, et que les intrigues de Cassandre et de
Polyperchon y excitaient de grands troubles : concevant alors les plus grandes
espérances, et embrassant déjà tout l'empire dans ses vastes pensées, il voulut avoir
Eumène pour ami et pour second dans l'exécution de ses projets. Il lui députa donc
Hiéronyme, pour lui proposer un traité de paix, avec une formule de serment, à
laquelle Eumène fit quelque changement, après avoir pris les Macédoniens même
qui l'assiégeaient pour juges de celui des deux serments qui était le plus juste.
Antigonus, au commencement du sien, ne disait qu'un mot en passant de la maison
royale, et dans le reste du serment il ne liait Eumène qu'à lui. Eumène, au contraire,
dans celui qu'il proposait, nommait Olympias la première, avec les rois ses enfants ;
il jurait ensuite, non qu'il s'attacherait à Antigonus seul, et qu'il aurait les mêmes
amis et les mêmes ennemis que lui; mais qu'il servirait Olympias et les princes, dont
les amis et les ennemis seraient aussi les siens. Ce serment ayant paru le plus
équitable, les Macédoniens le lui firent prêter, et aussitôt levant le siége, ils
envoyèrent vers Antigonus, afin qu'il se liât à Eumène par le même serment.
Eumène rendit aux Cappadociens tous leurs otages qu'il avait à Nora; et ceux qui les
reçurent lui donnèrent en échange des chevaux, des bêtes de somme et des tentes. Il
rallia tous ceux de ses soldats qui, ayant fui après la perte de la bataille, erraient dans
la campagne. Il en forma un corps d'environ mille chevaux, avec lesquels il se retira
précipitamment; car il craignait toujours Antigonus, et il avait raison; non seulement
ce prince envoya ordre de l'assiéger de nouveau et de l'enfermer de murailles, mais
encore il écrivit une lettre pleine d'aigreur aux Macédoniens qui avaient approuvé
la correction qu'Eumène avait faite à son serment.
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