[11] Τοὐντεῦθεν ὁ μὲν περιτειχίσας τὰ Νῶρα καὶ φρουρὰν
καταλιπών, ἀνέζευξεν· Εὐμενὴς δὲ πολιορκούμενος ἐγκρατῶς,
τοῦ χωρίου γέμοντος σίτου καὶ ὕδωρ ἄφθονον καὶ ἅλας, (καὶ)
ἄλλο <δὲ> μηδὲν ἔχοντος ἐδώδιμον μηδ' ἥδυσμα πρὸς τὸν σῖτον,
ἐκ τῶν παρόντων ὅμως κατεσκεύαζε (2) τοῖς συνοῦσιν ἱλαρὰν
τὴν δίαιταν, ἐν μέρει τε παραλαμβάνων πάντας ἐπὶ τὴν αὑτοῦ
τράπεζαν, καὶ τὸ συσσίτιον ὁμιλίᾳ χάριν ἐχούσῃ καὶ
φιλοφροσύνην ἐφηδύνων. ἦν δὲ καὶ τὸ εἶδος ἡδύς, οὐ
πολεμικῷ καὶ τετριμμένῳ δι' ὅπλων ἐοικώς, ἀλλὰ γλαφυρὸς καὶ
νεοπρεπὴς καὶ πᾶν τὸ σῶμα διηρθρωμένος ὡς ὑπὸ τέχνης
ἀκριβῶς τοῖς μέλεσι, θαυμαστὴν συμμετρίαν ἔχουσιν· εἰπεῖν δ'
οὐ δεινός, αἱμύλος δὲ καὶ πιθανός, ὡς ἐκ τῶν ἐπιστολῶν
συμβάλλειν ἐστίν. ἐπεὶ δὲ τοὺς σὺν αὐτῷ πολιορκουμένους ἡ
στενοχωρία μάλιστα πάντων ἔβλαπτεν, ἐν οἰκήμασι μικροῖς
καὶ τόπῳ δυοῖν σταδίοιν ἔχοντι τὴν περίμετρον
ἀναστρεφομένους, τροφὴν δ' ἀγυμνάστους μὲν αὐτοὺς
λαμβάνοντας, ἀργοῖς δὲ τοῖς ἵπποις προσφέροντας, (5) οὐ
μόνον τὸν ἄλυν αὐτῶν ὑπὸ τῆς ἀπραξίας μαραινομένων
ἀπαλλάξαι βουλόμενος, ἀλλὰ καὶ πρὸς φυγήν, εἰ παραπέσοι
καιρός, ἁμῶς γέ πως (6) ἠσκημένοις χρήσασθαι, τοῖς μὲν
ἀνθρώποις οἶκον, ὃς ἦν μέγιστος ἐν τῷ χωρίῳ, δεκατεσσάρων
πηχῶν τὸ μῆκος, ἀπέδειξε περίπατον, κατὰ μικρὸν (7)
ἐπιτείνειν τὴν κίνησιν κελεύων· τῶν δ' ἵππων ἕκαστον ῥυτῆρσι
μεγάλοις εἰς τὴν ὀροφὴν ἀναδεδεμένοις ὑποζώσας ἐκ τῶν περὶ
τὸν αὐχένα μερῶν ἐμετεώριζε καὶ παρῃώρει διὰ τροχιλίας,
ὥστε τοῖς μὲν ὀπισθίοις σκέλεσιν ἐπὶ τῆς γῆς ἐρείδεσθαι, τοῖς δ'
ἐμπροσθίοις ποσὶν ἀκρωνύχους (8) ἐπιψαύειν. οὕτως (δὴ)
ἀνηρτημένους οἱ ἱπποκόμοι παρεστῶτες ἅμα ταῖς τε κραυγαῖς
καὶ ταῖς μάστιξιν ἐπηρέθιζον· οἱ δ' ἐμπιπλάμενοι θυμοῦ καὶ
ὀργῆς, τοῖς μὲν ὀπισθίοις ἐνήλλοντο καὶ διεσκίρτων σκέλεσι,
τοῖς δὲ μετεώροις ἐφιέμενοι στηρίξασθαι καὶ κροτοῦντες τὸ
ἔδαφος, κατετείνοντο πᾶν τὸ σῶμα καὶ πολὺν ἠφίεσαν ἱδρῶτα
καὶ σταλαγμόν, οὔτε πρὸς (9) τάχος οὔτε πρὸς ῥώμην
γυμναζόμενοι κακῶς. τὰς δὲ κριθὰς ἐνέβαλλον αὐτοῖς
ἐπτισμένας, ἵνα κατεργάζωνται θᾶττον καὶ πέττωσι βέλτιον.
| [11] XVI. Dès qu'il s'en fut retourné,
Antigonus environna de murailles le fort de Nora, y laissa un corps de
troupes pour continuer le siége, et partit avec le reste de son armée. La place était
abondamment pourvue de blé, d'eau et de sel, mais elle manquait de toute autre
espèce de nourriture qui pût rendre le pain plus agréable à manger. Cependant
Eumène, avec le peu qu'il avait et malgré le siège, traitait de son mieux ses
compagnons d'armes, et, les invitant tour à tour à sa table, il assaisonnait ses repas
d'un conversation pleine de grâces et d'une aimable familiarité. Son air doux et
gracieux ne ressemblait pas à celui d'un guerrier qui avait toujours été sous les
armes. Il avait la taille belle, la fraîcheur d'un jeune homme, et une telle proportion
dans toutes les parties de son corps, que l'art le plus parfait n'aurait pu la surpasser.
Il avait peu d'éloquence, mais son style était doux et persuasif, comme on peut en
juger par ses lettres. Rien n'incommodait tant ses soldats que l'espace étroit où ils
étaient resserrés; enfermés dans de petites maisons, n'ayant qu'un terrain de deux
stades de circuit, ils pouvaient à peine s'y retourner, et faire quelque exercice après
les repas; leurs chevaux même, faute d'action, devenaient lourds et pesants.
Eumène, pour dissiper cette langueur causée par leur oisiveté, et pour les rendre
aussi plus légers à la fuite, si elle devenait nécessaire, leur assigna pour lieu
d'exercice la plus grande maison qui fût dans la place, et qui avait quatorze coudées
de long; il leur ordonna de s'y promener d'abord lentement, et ensuite de doubler
peu à peu le pas. Pour les chevaux, il les faisait suspendre les uns après les aùtres
avec de longues sangles attachées au plancher, et qu'on leur passait sous le cou;
après quoi on les élevait en l'air par le moyen de poulies, de manière qu'ils n'étaient
appuyés que sur les pieds de derrière, et que, des pieds de devant, ils touchaient à
peine la terre du bout de la pince. Dans cette position, les palefreniers les excitaient
par leurs cris et par les coups de fouet qu'ils leur donnaient. Ces animaux, pleins de
fureur, ruaient de leurs pieds de derrière et s'agitaient avec violence; en cherchent à
s'appuyer de leurs pieds de devant et à frapper la terre, ils donnaient à tout leur
corps une tension si forte, qu'ils étaient tout essoufflés et couverts de sueur. Cet
exercice était aussi propre à leur donner de la force qu'à les rendre souples et agiles;
on leur faisait manger ensuite leur orge pilée, afin qu'il fût plus facile et plus prompt
à digérer.
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