| [9] συνδειπνῆσαι δὲ τῷ Κίμωνί φησιν ὁ Ἴων παντάπασι μειράκιον ἥκων εἰς 
Ἀθήνας ἐκ Χίου παρὰ Λαομέδοντι· καὶ τῶν σπονδῶν γενομένων παρακληθέντος 
ᾆσαι, καὶ ἄσαντος  οὐκ ἀηδῶς ἐπαινεῖν τοὺς παρόντας ὡς δεξιώτερον 
Θεμιστοκλέους· ἐκεῖνον γὰρ ᾄδειν μὲν οὐ φάναι μαθεῖν οὐδὲ κιθαρίζειν, πόλιν δὲ 
ποιῆσαι μεγάλην καὶ πλουσίαν ἐπίστασθαι· τοὐντεῦθεν, (2) οἷον εἰκὸς ἐν πότῳ, τοῦ 
λόγου ῥυέντος ἐπὶ τὰς πράξεις τοῦ Κίμωνος καὶ μνημονευομένων τῶν μεγίστων, 
αὐτὸν ἐκεῖνον ἓν διελθεῖν στρατήγημα τῶν ἰδίων ὡς σοφώτατον. ἐπεὶ γὰρ ἐκ 
Σηστοῦ καὶ Βυζαντίου πολλοὺς τῶν βαρβάρων αἰχμαλώτους λαβόντες οἱ σύμμαχοι 
τῷ Κίμωνι διανεῖμαι προσέταξαν, ὁ δὲ χωρὶς μὲν αὐτούς, χωρὶς δὲ τὸν περὶ τοῖς 
σώμασι κόσμον αὐτῶν ἔθηκεν, ᾐτιῶντο τὴν διανομὴν ὡς ἄνισον. (3) ὁ δὲ τῶν 
μερίδων ἐκέλευσεν αὐτοὺς ἑλέσθαι τὴν ἑτέραν, ἣν δ᾽ ἂν ἐκεῖνοι καταλίπωσιν, 
ἀγαπήσειν Ἀθηναίους. Ἡροφύτου δὲ τοῦ Σαμίου συμβουλεύσαντος αἱρεῖσθαι τὰ 
Περσῶν μᾶλλον ἢ Πέρσας, τὸν μὲν κόσμον αὐτοὶ ἔλαβον, Ἀθηναίοις δὲ τοὺς 
αἰχμαλώτους ἀπέλιπον. καὶ τότε μὲν ὁ Κίμων ἀπῄει γελοῖος εἶναι δοκῶν διανομεύς, 
τῶν μὲν συμμάχων ψέλια χρυσᾶ καὶ μανιάκας καὶ στρεπτοὺς καὶ κάνδυας καὶ 
πορφύραν φερομένων, τῶν δ᾽ Ἀθηναίων γυμνὰ σώματα κακῶς ἠσκημένα πρὸς 
ἐργασίαν παραλαβόντων. (4) μικρὸν δὲ ὕστερον οἱ τῶν ἑαλωκότων φίλοι καὶ οἰκεῖοι 
καταβαίνοντες ἐκ Φρυγίας καὶ Λυδίας ἐλυτροῦντο μεγάλων χρημάτων ἕκαστον, 
ὥστε τῷ Κίμωνι τεσσάρων μηνῶν τροφὰς εἰς τὰς ναῦς ὑπάρξαι καὶ προσέτι τῇ 
πόλει χρυσίον οὐκ ὀλίγον ἐκ τῶν λύτρων περιγενέσθαι.
 | [9] XII. Le poète Ion raconte qu'étant allé, dans sa  jeunesse, 
de Chio à Athènes, chez Laomédon, il  soupa un soir avec Cimon, qui, après les 
libations,  étant prié de chanter, s'en acquitta avec tant de  grâce, que tous les 
convives le louèrent à l'envi, et  le trouvèrent d'une société plus agréable que 
Thémistocle, qui disait que jamais il n'avait appris à  chanter ni à jouer de la lyre; 
mais qu'il savait  agrandir et enrichir une ville petite et pauvre.  Après que Cimon eut 
fini de chanter, la conversation tomba naturellement sur ses actions; et chacun ayant 
rappelé celles qui lui paraissaient les  plus belles, Cimon raconta une ruse dont il 
s'était servi, et qu'il regardait comme ce qu'il avait  jamais fait de plus sage. Les alliés 
ayant fait,  dans les villes de Sestos et de Byzance, un très grand nombre de 
prisonniers sur les Barbares,  ils prièrent Cimon de faire le partage de tout le  butin : 
Cimon mit d'un côté les Barbares tout nus,  et de l'autre les ornements qu'ils 
portaient sur  leurs personnes. Les alliés se plaignirent d'un partage qu'ils trouvaient 
trop inégal. Cimon leur offrit de choisir la part qu'ils voudraient, et leur  dit que les 
Athéniens se contenteraient de celle  qu'ils auraient laissée. Alors, d'après le conseil  
qu'Hérophyte de Samos leur donna de choisir les  dépouilles des Perses plutôt que 
les Perses eux-mêmes, ils prirent les ornements des captifs, et  laissèrent leurs 
personnes aux Athéniens. Cimon  s'en alla, et l'on dit de lui qu'il faisait ridiculement 
les partages; car les alliés emportaient des  chaînes, des colliers et des bracelets d'or, 
avec une  grande quantité de vêtements et de manteaux de  pourpre; au lieu que les 
Athéniens n'avaient que  des corps nus, très peu propres au travail : mais  bientôt les 
parents et les amis des prisonniers arrivèrent de Lydie et de Phrygie, avec de grandes  
sommes d'argent pour les racheter. Cette rançon  fournit à Cimon de quoi entretenir 
sa flotte pendant quatre mois; et il resta encore beaucoup  d'argent, qu'il fit verser 
dans le trésor public. 
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